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Le matériel agricole, l’occasion prédomine

Etat des lieux du marché du matériel agricole au Maroc. 

Les préoccupations exprimées par l’Association Marocaine des Importateurs de Matériel Agricole (AMIMA) dans son communiqué de février 2023 au sujet des difficultés croissantes auxquelles sont confrontés les agriculteurs marocains pour s’équiper en matériel agricole se confirment.

Le matériel agricole au Maroc ne suit pas le rythme.

Alors que les prévisions mondiales sont prometteuses avec notamment un marché tractoriste évalué à 98,95 milliards de dollars d’ici 2027, les agriculteurs du monde entier tendent à s’équiper de plus en plus et avec du matériel pointu et sophistiqué. En 2021, la valeur du marché des tracteurs dans le monde s’élevait à environ 70,55 milliards de dollars américains, selon les données les plus récentes.

En ce qui concerne le Maroc, l’Association Marocaine des Importateurs de Matériel Agricole (AMIMA) a révélé les chiffres du premier trimestre 2023, qui dévoilent une vente de seulement 142 tracteurs agricoles neufs au Maroc, ce qui représente une chute de près de 45% par rapport à la même période de l’année précédente. Cette baisse s’inscrit dans la continuité d’une tendance à la baisse déjà observée en 2022, avec une réduction de 43% par rapport à 2021, et une chute de 52% par rapport à la moyenne des dix dernières années.

Si les obstacles à l’acquisition de matériel agricole persistent, l’AMIMA prévoit que cette année se terminera sur une note encore plus basse, avec un volume prévisionnel ne dépassant pas 600 unités vendues. Il s’agirait du volume annuel le plus bas des 30 dernières années.

Ph : AMIMA </center>

En 2021, une année marquée par une sécheresse sévère, les ventes se sont maintenues à environ 1 000 unités, dont 60% concernaient principalement des tracteurs de faible puissance (80 chevaux). Ces tracteurs sont les plus demandés et sont commercialisés à des prix oscillant entre 260 000 et 280 000 dirhams. Cette préférence s’explique par le fait que les tracteurs de plus grande puissance ne suscitent pas un intérêt particulier, en grande partie en raison de la configuration morcelée des terres agricoles au Maroc, qui ne requiert pas l’utilisation de machines de grande taille, que ce soit pour les tracteurs, les moissonneuses-batteuses, les ramasseuses-presses, les barres de coupe ou autres équipements similaires.

Il est important de noter que la majorité des exploitations agricoles au Maroc couvrent des superficies de moins de 5 hectares, ce qui explique la préférence pour des machines agricoles plus petites. Cette réalité diffère sensiblement de celle de l’Europe, où les tracteurs de 120 chevaux minimum sont la norme, alors qu’au Maroc, ils ne représentent même pas 10% du marché. À ces défis liés à la baisse des ventes s’ajoute une autre contrainte, ou plutôt une condition à prendre en compte.

Un investissement en matériel agricole freiné par le contexte.

Le déficit pluviométrique a certainement contribué en partie à la baisse des achats de matériel agricole par les agriculteurs, mais la principale raison réside dans les nouvelles mesures liées à l’octroi des accords de principe de subvention agricole en relation avec l’adhésion à la CNSS (Caisse Nationale de Sécurité Sociale) ainsi que l’application de la TVA sur les produits et matériels agricoles, ces mesures étant entrées en vigueur respectivement le 6 octobre 2022 et le 28 janvier 2023. De plus, les agriculteurs rencontrent des retards dans l’obtention des accords de principe de subventions agricoles et font face à des difficultés pour accéder au financement, précise l’AMIMA. L’Association soutient pleinement l’adhésion à la CNSS, mais les formalités pour obtenir l’attestation d’affiliation à la CNSS, la preuve de paiement régulier à la CNSS, ainsi que l’accord de principe de subvention agricole, prennent entre quatre et six mois, ce qui complique davantage le processus d’achat de matériel agricole selon le communiqué d’alors.

L’introduction, le 28 janvier 2023, d’un dispositif d’exonération de TVA uniquement au moment de l’achat sur présentation d’une attestation d’exonération a freiné les acquisitions de matériel agricole jusqu’à son annulation le 20 avril 2023. De plus, l’instauration de la TVA à l’importation sur le matériel agricole au même moment et son maintien actuel représentent un fardeau pour les importateurs, qui doivent financer cette taxe à l’importation et attendre ensuite son remboursement sur une longue période, ce qui affecte leur trésorerie déjà sollicitée par les montants relatifs aux subventions payées par délégation de créance.

L’accès au financement pour les agriculteurs devient de plus en plus difficile, ce qui complique également leurs projets d’acquisition de matériel agricole.

Toutes ces contraintes poussent les agriculteurs à se tourner vers l’achat de vieux tracteurs agricoles et de moissonneuses-batteuses qui ne répondent ni aux normes de pollution ni aux normes de sécurité, et qui circulent sur les routes sans être immatriculés ni assurés.

Le marché du matériel agricole d’occasion continue de battre des records.

Si le neuf peine à convaincre, les statistiques de l’Office des Changes montrent une augmentation significative en 2022 des importations de tracteurs agricoles d’occasion. Et cette tendance devrait perdurer si aucune mesure n’est prise pour booster l’achat de matériel agricole neuf s’inquiète l’AMIMA.

Pour l’association, les importations de tracteurs d’occasion continueront à augmenter rapidement, suivant ainsi la trajectoire des importations de moissonneuses-batteuses d’occasion, qui représentent depuis plusieurs années près de 100% des acquisitions de ce type de matériel, comme le montrent les statistiques du même Office.

Alors même que l’achat de matériel agricole d’occasion entraîne des pertes de récolte et des rendements médiocres, ce qui contribue à l’augmentation des prix des produits agricoles et à l’inflation soutient toujours l’AMIMA.

Concrètement le marché du matériel agricole d’occasion domine actuellement le secteur. Selon les données fournies par l’AMIMA, qui représente plus de 90% des entreprises du domaine (Comicom, Dimateq, Fertikas, Stokvis Motors, Socopim, Somma, Stokvis Agri et AllStock), le chiffre d’affaires annuel moyen de ce secteur tourne autour de 1,5 milliard de dirhams.

Mais pourquoi les agriculteurs préfèrent le matériel agricole d’occasion ?

Evidemment la principale raison reste budgétaire. En effet, les principales marques européennes, notamment d’Allemagne, d’Espagne, d’Italie et d’Angleterre, avec une présence plus limitée de marques américaines, indiennes et turques proposent du matériel agricole dont le budget reste relativement conséquent pour les bourses.  En effet malgré une certaine concurrence, les prix des machines restent élevés pour les agriculteurs, les poussant ainsi à se tourner vers le marché de l’occasion. Par exemple, une moissonneuse-batteuse d’occasion peut se vendre aux alentours de 300 000 dirhams, alors qu’une neuve coûte 1,5 million de dirhams.

Le principal défi réside dans le fait que ces machines d’occasion ont souvent plus de quarante ans, ce qui entraîne des pertes lors de leur utilisation pendant la récolte, ayant un impact négatif sur les rendements agricoles. Ce matériel reste toutefois très fréquemment commercialisé et notamment à travers des plateformes marocaines telles que Avito.

Les perspectives du marché marocain du matériel agricole.

L’état actuel du marché du matériel agricole au Maroc révèle une situation préoccupante pour les agriculteurs du pays. Les chiffres fournis par l’Association Marocaine des Importateurs de Matériel Agricole (AMIMA) soulignent une nette baisse des ventes de matériel agricole neuf en raison de contraintes qui freinent l’achat d’agriculteurs. Ces contraintes poussent les agriculteurs à se tourner vers l’achat de matériel agricole d’occasion, malgré les inconvénients en termes de rendement et de sécurité.

La préférence pour le matériel d’occasion s’explique principalement par des contraintes budgétaires, car les équipements neufs restent inabordables pour de nombreuses exploitations. Cependant, cette tendance compromet la productivité agricole et contribue à l’augmentation des prix des produits agricoles, ce qui a des répercussions sur l’inflation.

Pour que le secteur agricole marocain puisse prospérer et répondre aux besoins croissants, des mesures pourraient être prises pour faciliter l’accès au financement, réduire les formalités administratives liées à la subvention agricole, et encourager l’utilisation de matériel agricole moderne et efficace, mieux adapté aux petites exploitations. Le challenge, est d’atteindre l’équilibre entre les besoins des agriculteurs et la réglementation pour garantir une agriculture durable et compétitive au Maroc.

AMIMA
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