La culture des oranges traverse une crise sans précédent à l’échelle mondiale, sous la menace de la maladie du HLB (Huanglongbing), plus connue sous le nom de « maladie des pousses jaunes ». Ce fléau, propagé par des insectes suceurs-piqueurs appelés psylles, ravage les plantations d’agrumes depuis plusieurs décennies. Aujourd’hui, les experts alertent sur son arrivée imminente en Europe, après avoir détruit des millions d’arbres en Amérique et gagné du terrain en Méditerranée.

Le HLB a déjà causé des ravages considérables. En Floride, jadis un pilier de l’industrie du jus d’orange, la production s’est effondrée face à la progression incontrôlée de la maladie. Au Brésil, plus grand producteur mondial d’oranges, 56 millions d’arbres ont dû être arrachés en vingt ans. En Europe, les premiers cas de psylles vecteurs de la maladie ont été signalés au Portugal et en Espagne dès 2022, avec une progression inquiétante jusqu’à Chypre à l’été 2023.

L’impact économique est colossal : depuis 2022, le prix du jus d’orange a triplé, entraînant des répercussions sur les consommateurs et les producteurs.

Malgré des décennies de recherches, aucun traitement totalement efficace n’a encore été trouvé contre cette maladie bactérienne. « Le HLB est comme le paludisme des agrumes : il est transmis par un vecteur, et les conséquences sont dramatiques », explique Patrick Ollitrault, généticien au Cirad. La bactérie Candidatus liberibacter, responsable du HLB, obstrue les vaisseaux conducteurs de la sève, condamnant progressivement les arbres infectés.

La lutte repose essentiellement sur des méthodes biologiques et des mesures préventives, mais les efforts sont loin de suffire face à la propagation rapide de la maladie.

Face à cette urgence, des initiatives de grande ampleur voient le jour. Raphaël Morillon, directeur de recherche au Cirad, coordonne un programme européen impliquant 30 partenaires publics et privés de 14 pays, dont le Portugal, l’Italie, Chypre, mais aussi des pays d’Afrique et du Moyen-Orient comme le Maroc, la Tunisie et Israël. « Il faut mobiliser massivement pour contrer cette menace mondiale », insiste-t-il.

Cependant, les moyens engagés peinent à rattraper la progression du fléau. Alors que les insectes vecteurs continuent leur avancée, le spectre d’une disparition du jus d’orange devient de plus en plus tangible.

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La bataille contre le HLB n’est pas seulement scientifique, mais aussi économique et politique. Une mobilisation internationale est essentielle pour sauver un secteur qui nourrit des millions de familles et fait partie intégrante du patrimoine alimentaire mondial.

Si des solutions ne sont pas trouvées rapidement, le jus d’orange pourrait devenir un produit de luxe, voire disparaître des rayons. Une perspective alarmante pour les amateurs de ce fruit emblématique du petit-déjeuner et, plus largement, pour l’équilibre des écosystèmes agricoles mondiaux.

Avec ScienceEtAvenir