Depuis plusieurs semaines, les prix de l’oignon sec atteignent des niveaux record sur les marchés marocains, avoisinant parfois les 12 dirhams par kilo.
Une hausse qui pèse sur les ménages, mais qui laisse les agriculteurs d’El Hajeb, grande région productrice, dans un désarroi total. Accusant la spéculation et les intermédiaires, ils demandent des solutions concrètes pour sauver une filière déjà sous pression selon un article de Le360.
À El Hajeb, notamment dans les zones agricoles de Sabaâ Aïyoun et Aït Boubidmane, les producteurs d’oignons rouges, réputés pour leur qualité, vendent leurs récoltes à des prix dérisoires. Soufiane Gnaoui, agriculteur à Aït Boubidmane, explique que le kilo d’oignon est cédé entre 50 centimes et 2 dirhams, alors qu’il est revendu jusqu’à cinq fois plus cher sur les marchés.
Cette flambée des prix, selon lui, s’explique par une pénurie saisonnière. « La production se concentre entre juillet et septembre, et ce que nous voyons aujourd’hui provient des stocks entreposés », précise-t-il, ajoutant que les coûts de transport et les pertes liées au stockage augmentent également le prix.
Une culture exigeante mais négligée
La culture de l’oignon rouge dans cette région agricole repose sur des techniques traditionnelles exigeantes, comme la « tahrifa », qui nécessitent des efforts constants de la plantation à la récolte. Dans des conditions optimales, la productivité peut atteindre jusqu’à 40 tonnes par hectare, mais les récents déficits pluviométriques et l’absence de soutien logistique ont considérablement affecté la production.
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Mohammed Ahrimech, propriétaire d’une exploitation à Bouderbala, souligne également les coûts élevés de stockage et de transport qui aggravent la situation. « Nous investissons énormément, mais la spéculation et les marges des intermédiaires mettent nos efforts à mal », déplore-t-il toujours à la même source.
Des solutions nécessaires pour une filière en péril
Face à cette crise, les agriculteurs réclament des mesures structurelles. Parmi les demandes figurent :
- L’ouverture à l’exportation pour permettre d’écouler les stocks à des prix compétitifs.
- Des politiques agricoles durables, notamment des projets structurants comme l’Agropolis de Meknès, qui reste inactif.
- Un encadrement rigoureux pour protéger les petits producteurs des fluctuations spéculatives.
Ils mettent également en avant l’importance d’investir dans des infrastructures modernes de stockage et de transport pour réduire les pertes et maintenir un niveau de prix raisonnable pour les consommateurs.