À l’est du Maroc, dans la région fertile de Berkane, la saison tant attendue des clémentines est sur le point de démarrer. Connues pour leur goût unique et leur qualité prisée, les clémentines de Berkane sont généralement exportées vers l’Union européenne et la Russie, où elles jouissent d’une renommée bien établie. Mais cette année, un enjeu de taille vient assombrir les perspectives : la sécheresse persistante qui affaiblit la production et pèse lourdement sur les agriculteurs locaux même si les dernières pluies redonnent espoir.

La clémentine Bruno : une précoce en avance, mais les volumes inquiètent

Alors que la variété précoce Bruno est déjà en route vers l’export, le reste de la saison de cueillette débutera dans moins de deux semaines. « C’est toujours le même problème. De l’eau, de l’eau, de l’eau », déclare Mohammed Saidi, directeur général des Vergers Domaine Tarifit interviewé par Freshplaza. Les derniers mois ont été particulièrement rudes pour Berkane, épargnée par les récentes précipitations qui ont touché d’autres régions du pays. Conséquence : les agriculteurs sont contraints de faire des choix drastiques, privilégiant uniquement les parcelles aux perspectives de rendement les plus sûres.

La campagne précédente a mis en lumière les effets délétères de cette pénurie hydrique. Les producteurs de Berkane ont dû faire face à des volumes réduits, des fruits de calibre plus petit et des problèmes de qualité qui ont accéléré la fin de saison. Cette année encore, les perspectives ne sont pas des plus optimistes : les producteurs s’attendent à des récoltes de taille similaire, voire à une moitié de saison « normale » en termes de volume, mais avec un fruit de qualité suffisante pour satisfaire les marchés d’exportation.

La sécheresse influe également sur le calibre des fruits, qui sera cette année dominé par des tailles plus petites. « Nous aurons une concentration des calibres 3, 4 et 5 et beaucoup moins des calibres 1 et 2 », explique Mohammed Saidi. Pourtant, cela ne semble pas poser de difficultés majeures sur le plan commercial. Les plus petits calibres correspondent en effet aux préférences des consommateurs européens et russes, qui recherchent des fruits pratiques à consommer.

« Nos clémentines sont attendues sur ces marchés, et même avec des calibres plus réduits, elles continuent de répondre aux attentes des consommateurs », ajoute Saidi toujours à Freshplaza. Grâce à cette demande stable, les producteurs de Berkane peuvent compter sur leurs partenaires habituels et maintenir leurs relations commerciales, malgré une saison marquée par la sécheresse et un rendement en baisse.

Un avenir sous condition

La situation critique de Berkane souligne l’urgence d’une gestion plus durable et innovante des ressources hydriques au Maroc. Alors que le stress hydrique continue de menacer la production des agrumes, les producteurs n’ont pas d’autre choix que d’adopter des stratégies plus sélectives et économes en eau. La demande internationale pour la clémentine marocaine reste solide, mais sans amélioration des conditions climatiques et des infrastructures d’irrigation, l’avenir de la production à grande échelle dans la région de Berkane pourrait être compromis.

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En attendant, les producteurs comme Mohammed Saidi s’adaptent pour maintenir la réputation et la qualité de leurs fruits à l’exportation, faisant preuve d’une résilience admirable face aux défis environnementaux. Alors que la saison des clémentines s’amorce, Berkane est une fois de plus au cœur de l’attention, avec ses fruits qui, malgré la sécheresse, porteront la saveur de la terre marocaine aux quatre coins du globe.