Ces dernières semaines, l’arrivée des courgettes marocaines en France a influencé les prix du marché européen. Alors que le Maroc prend part à la distribution en pleine saison de production d’Almeria, les producteurs espagnols affrontent des défis supplémentaires après une tempête de pluie et de grêle ayant frappé la région d’El Ejido. Cet événement météorologique extrême a causé des dégâts importants sur environ 4 500 hectares de cultures, dont 60 hectares de serres détruites indique Freshplaza.

Les producteurs espagnols s’inquiètent des premières arrivées marocaines de courgettes. Malgré les aléas climatiques, les producteurs d’Almeria parviennent à maintenir un niveau de production soutenu. Chez Agrupa2, une coopérative agricole locale, environ 200 000 kilos de produits sont vendus quotidiennement, dont 60 % sont des concombres hollandais, très populaires dans les ventes aux enchères. « La demande est forte, et les prix se stabilisent autour de 0,80 à 0,90 €/kilo, offrant un bon rendement aux agriculteurs tout en restant abordables pour les consommateurs », explique David Figueredo, représentant d’Agrupa2 à Freshplaza.

L’aubergine, elle aussi, a vécu une saison instable. En août et septembre, les fortes chaleurs avaient entraîné une chute des fleurs, paralysant la production pendant plusieurs semaines. Mais avec la baisse des températures, les cultures ont repris, entraînant une surabondance de produits et une chute des prix à 30-40 centimes par kilo. L’extension de la norme pour les aubergines, activée par l’organisation Hortyfruta mi-octobre, a permis de rééquilibrer les prix, qui oscillent désormais entre 1 et 1,08 €/kilo. Toutefois, des promotions mal synchronisées ont rendu difficile l’écoulement de certains volumes, réduisant l’efficacité des offres commerciales prévues par les chaînes de supermarchés.

Le marché de la courgette a également traversé des fluctuations. Initialement, la crainte du virus de New Delhi avait conduit les agriculteurs à retarder les semis, créant une pénurie et une hausse des prix. Aujourd’hui, en plus de la reprise en Espagne, le Maroc a commencé à exporter des courgettes vers la France, ajoutant de la concurrence et exerçant une pression à la baisse sur les prix.

Le poivron, particulièrement affecté par la grêle, voit malgré tout sa saison se stabiliser. Alors que les pays d’Europe de l’Est, comme la Pologne et la République Tchèque, ont terminé leur production, l’Espagne domine désormais l’approvisionnement du marché européen pour le poivron California. La demande est forte, et les prix du Lamuyo, une variété de poivron exigeante en termes de culture, ont subi une chute conséquente : son prix, initialement autour de 2 à 3 euros le kilo, est désormais de 1,60 €/kilo, après un recentrage des chaînes de supermarchés vers le poivron California, plus accessible en termes de prix.

Les producteurs d’Almeria font face à un double défi : compenser les pertes causées par les intempéries et maintenir leur compétitivité sur un marché saturé par l’arrivée des produits marocains. La qualité et la régularité de l’offre demeurent les points forts des producteurs espagnols, mais l’augmentation de la concurrence interroge sur la capacité de la région à maintenir sa position dominante dans les mois à venir. Pour l’heure, le secteur agricole d’Almeria se montre résilient et mobilisé pour répondre aux attentes du marché européen, bien conscient que cette saison reste cruciale pour son avenir.