Alors que la production céréalière nationale a chuté de 43 % en 2023, le Maroc se tourne vers ses partenaires internationaux pour sécuriser ses réserves de blé tendre. L’été, une période cruciale pour les fournisseurs marocains, marque le début d’une série d’initiatives visant à garantir un approvisionnement continu en blé, malgré une conjoncture internationale incertaine.

La situation est d’autant plus complexe que les récoltes dans plusieurs pays fournisseurs se sont achevées, augmentant ainsi les tensions sur le marché. Selon l’Office des Changes, les importations marocaines de blé en 2023 ont atteint près de 20 milliards de dirhams, soit une baisse de 6,5 milliards de dirhams par rapport à 2022. Cette diminution a été accompagnée d’une réduction des volumes importés, qui ont chuté de 5 millions de tonnes.

La France reste le principal fournisseur de blé pour le Maroc, avec une part de marché de 35,8 %, représentant un montant de 6,921 milliards de dirhams. Elle est suivie par le Canada, qui détient 22,2 % des parts de marché. Toutefois, de nouveaux acteurs comme l’Allemagne, la Roumanie et la Pologne émergent également comme sources d’approvisionnement fiables.

En parallèle, le prix mondial du blé a connu une baisse significative, passant de 4 311 dirhams par tonne en 2022 à 3 226 dirhams en 2023. Cette baisse offre au Maroc une opportunité de renforcer ses réserves stratégiques. Abdelkader Alaoui, président de la Fédération nationale de la minoterie (FNM), a révélé à Hespress que près de 9 millions de quintaux de blé avaient été livrés aux ports marocains en juillet dernier, avec un flux d’approvisionnement continu via le port de Casablanca. Il a précisé que le rythme des importations devrait s’accélérer dans les mois à venir, en dépit de la baisse de la production française, compensée par une production robuste en Russie et aux États-Unis.

Dans le cadre des mesures mises en place par l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) en février dernier, un soutien au stockage du blé tendre, fixé à 2,5 dirhams par quintal, avait été instauré pour assurer la disponibilité de 10 millions de quintaux de blé entre février et avril. Cependant, ce soutien spécifique n’a pas été renouvelé, et le système de subvention actuel se base désormais sur une aide variable mensuelle pour maintenir le prix du blé à un niveau raisonnable.

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Malgré la suppression des subventions directes au stockage, l’État continue de soutenir la différence entre le coût d’acquisition et le prix de livraison, une aide fluctuante entre 8 et 10 dirhams par quintal, selon les variations des prix internationaux. Ce mécanisme d’ajustement mensuel pourrait cependant être suspendu si la tendance à la baisse des prix se maintient.

Alaoui a tenu à rassurer sur la situation des réserves de blé du Maroc, affirmant qu’elles sont actuellement « excellentes » et devraient être renforcées par l’arrivée imminente de nouvelles cargaisons. Plusieurs fournisseurs ont déjà pris les devants en passant des commandes pour garantir un approvisionnement stable jusqu’à la fin de l’année, anticipant une éventuelle hausse des prix mondiaux au début de l’année prochaine.

Cette stratégie proactive s’inscrit dans un contexte où les professionnels du secteur voient dans la stabilité actuelle des prix du blé une « occasion en or » pour renforcer les réserves du Royaume, tout en appelant à la mise en place d’un plan stratégique pour maximiser cet avantage avant que les conditions du marché ne se retournent à nouveau.