Déjà saluée pour son modèle agricole innovant à travers le Plan Maroc Vert, l’agriculture marocaine s’apprête à franchir une nouvelle étape cruciale : celle de la transformation technologique. Face aux aléas climatiques, à l’exode rural et aux défis liés à la formation des jeunes agriculteurs, la technologie semble apporter des solutions prometteuses pour assurer la résilience du secteur agricole marocain.

Un boom mondial de l’AgriTech et de la FoodTech

L’année 2020 a marqué un tournant pour les secteurs de l’AgriTech et de la FoodTech à l’échelle mondiale, avec un montant record d’investissements atteignant 11,6 milliards de dollars. Cette dynamique devrait se maintenir en 2021, notamment en Afrique, où les enjeux de sécurité alimentaire deviennent de plus en plus pressants. Dans ce contexte, l’AgriTech se profile comme une alternative crédible pour répondre à ces crises, et le Maroc ne fait pas exception à cette tendance.

Au Maroc, le développement de l’AgriTech passe notamment par le renforcement de l’écosystème entrepreneurial. C’est dans cette optique qu’Impact Lab, un accélérateur d’innovation africain basé au Maroc, a lancé début mai 2021 son programme « Launchpad Agritech ». Ce programme vise à accélérer la mise sur le marché de startups marocaines spécialisées dans l’AgriTech, tout en inspirant la prochaine génération d’entrepreneurs marocains. L’objectif est clair : faire du Maroc un hub d’innovation majeur dans le secteur agro-industriel en Afrique.

« Nous sommes convaincus que le Maroc a le potentiel de se positionner en tant que hub d’innovation majeur dans le secteur agro-industriel en Afrique. Pourtant, l’écosystème des startups AgriTech au Maroc reste encore faible, et les opportunités d’innovation dans le secteur sont peu connues », déclare à Résilient Digital Africa Salma KABBAJ, co-fondatrice et Directrice Générale d’Impact Lab.

Impact Lab, qui opère en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest depuis 2015, se donne pour mission d’accompagner les startups africaines dans leur développement, tout en sensibilisant les entreprises et institutions publiques à l’importance de l’innovation pour leur compétitivité. Le programme « Launchpad Agritech » s’inscrit dans cette vision.

Un programme centré sur l’innovation dans la chaîne de valeur agro-industrielle

Le programme « Launchpad Agritech » se concentre sur trois objectifs principaux. Tout d’abord, il vise à sensibiliser les entrepreneurs aux opportunités de création de valeur dans la chaîne de valeur agro-industrielle. Salma KABBAJ souligne que de nombreux entrepreneurs ont encore une vision traditionnelle du secteur, et ne perçoivent pas toujours l’impact potentiel des nouvelles technologies.

Le deuxième objectif du programme est d’accompagner une dizaine de startups marocaines dans le lancement de leur projet. Ce processus passe par un programme intensif de six semaines, au terme duquel les startups développent un prototype de produit qu’elles lancent ensuite sur le marché.

Enfin, le troisième objectif est de connecter ces startups avec des entreprises et des partenaires institutionnels susceptibles d’être intéressés par leurs solutions. L’idée sous-jacente est également d’encourager la coopération sud-sud, un pilier central d’Impact Lab. L’accélérateur met un point d’honneur à traiter l’innovation à l’échelle régionale, en favorisant les synergies entre les différents marchés africains.

La technologie est en train de révolutionner l’agro-industrie, tant au Maroc qu’à l’international. Salma KABBAJ met en avant l’importance de la collecte et de l’analyse des données pour aider les agriculteurs à prendre les meilleures décisions. Grâce à l’utilisation de capteurs, d’images satellites ou encore de drones, les agriculteurs peuvent désormais obtenir des informations en temps réel sur le climat, les maladies des cultures et bien plus encore. Ces données leur permettent d’optimiser leurs activités, qu’il s’agisse de choisir le moment idéal pour planter, irriguer ou traiter les cultures.

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La robotisation est également en plein essor, avec des robots qui remplacent certaines tâches manuelles, comme la taille ou la récolte, de manière plus efficace. La blockchain, quant à elle, s’impose comme un outil clé pour sécuriser les échanges entre les différents acteurs de la chaîne de valeur agricole. En garantissant une transparence accrue, la blockchain permet notamment aux petits agriculteurs de recevoir une rémunération équitable pour leur travail.

Pour Salma KABBAJ, ces technologies deviendront la norme dans le secteur agro-industriel, et leur adoption est essentielle pour assurer la compétitivité du secteur au Maroc et en Afrique.

L’AgriTech, un levier contre l’insécurité alimentaire en Afrique

Le développement de l’AgriTech en Afrique est d’autant plus crucial que 80 % des exploitations agricoles du continent sont de petites tailles. L’AgriTech se présente ainsi comme un levier clé pour améliorer la productivité et réduire l’insécurité alimentaire. Les investisseurs ne s’y trompent pas : selon le dernier rapport de Partech, l’AgriTech figure parmi les cinq secteurs les plus attractifs en Afrique, avec 179 millions de dollars d’investissements, juste derrière la FinTech.

Cette dynamique promet de semer les germes d’une agriculture 4.0 en Afrique, où l’innovation sera au cœur du développement agricole et de la sécurité alimentaire.