La GSMA, l’association mondiale des opérateurs mobiles, a publié un rapport intitulé « AI for Africa: Use cases giving impact » qui met en lumière les opportunités immenses offertes par l’intelligence artificielle (IA) pour stimuler la croissance socio-économique de l’Afrique, en particulier dans les secteurs de l’agriculture, de l’énergie et de l’action climatique.
Selon ce rapport, bien que l’Afrique ne représente actuellement que 2,5 % du marché mondial de l’IA, les applications émergentes pourraient générer une croissance économique de 2,9 billions de dollars d’ici 2030. Les recherches, basées sur des entretiens avec divers leaders de la société civile, des ONG, des universitaires et des secteurs privés, ont identifié plus de 90 cas d’utilisation de l’IA en Afrique, principalement au Kenya, au Nigéria et en Afrique du Sud.
L’agriculture, employant 52 % de la population active africaine et contribuant à 17 % du PIB, est le domaine le plus prometteur pour les applications de l’IA. En Afrique subsaharienne, jusqu’à 80 % de la nourriture est produite par de petits exploitants utilisant des méthodes traditionnelles. Les solutions basées sur l’IA, notamment les services de conseil numérique utilisant le machine learning (ML), aident ces agriculteurs à adopter des pratiques agricoles intelligentes et à améliorer leur productivité via des appareils mobiles.
L’accès à l’énergie demeure un défi critique en Afrique, où la moitié de la population n’a pas accès à l’électricité. Les solutions d’IA, telles que la maintenance prédictive et la gestion intelligente de l’énergie, améliorent à la fois les infrastructures sur réseau et hors réseau. Ces solutions sont essentielles pour accroître l’utilisation des technologies numériques et améliorer l’efficacité énergétique, créant ainsi un cercle vertueux bénéfique pour l’économie numérique.
Le changement climatique représente une menace significative pour l’Afrique, malgré sa faible contribution aux émissions mondiales de CO2. Les technologies de télédétection et l’imagerie satellitaire, améliorées par l’IA, permettent de surveiller la biodiversité, de protéger la faune et d’émettre des alertes précoces en cas de catastrophes naturelles, ce qui est crucial pour atténuer les impacts du climat.
Le rapport souligne plusieurs défis majeurs pour exploiter pleinement le potentiel de l’IA en Afrique. Parmi ceux-ci, la disponibilité limitée de centres de données, le coût prohibitif des investissements technologiques, et la nécessité de disposer de données complètes et représentatives des réalités locales sont des obstacles importants. Par exemple, les données en langue locale sont souvent insuffisantes, freinant ainsi le développement de solutions d’IA adaptées.
Pour contourner ces limitations, l’informatique mobile de pointe apparaît comme une solution prometteuse. Avec une pénétration des smartphones atteignant 51 % et projetée à 88 % d’ici 2030, les appareils mobiles peuvent jouer un rôle crucial dans la distribution des capacités de l’IA à travers le continent.
Max Cuvellier Giacomelli, responsable du développement de la téléphonie mobile à la GSMA, insiste sur l’importance de former les concepteurs et utilisateurs de l’IA, en particulier parmi les populations mal desservies. Il appelle à des partenariats solides entre les grandes technologies, les ONG, les gouvernements et les opérateurs de téléphonie mobile pour garantir un développement éthique et inclusif de l’IA en Afrique.