La campagne de clémentine se distingue cette année par une relative tranquillité sur les marchés internationaux, malgré des défis notables du côté de la production. Selon Salma Keroua, directrice exécutive de Cap Growers, la situation est favorable aux exportateurs grâce à une concurrence limitée et une demande stable.

« Le Maroc est encore quasiment seul sur le marché à ce stade de la campagne », explique Salma Keroua à Freshplaza. Si l’offre et la demande fluctuent légèrement chaque semaine, l’absence de pression concurrentielle majeure confère aux exportateurs une certaine sérénité explique t’elle en substance. « Sur le plan commercial, nous avons un bon marché. »

Cependant, le tableau n’est pas totalement rose. Les volumes de production ont chuté de manière significative cette année, atteignant seulement 50 à 60 % des niveaux habituels dans des régions clés comme Agadir, Marrakech, Beni Mellal, Gharb et Berkane. Une baisse qui, bien que préoccupante, n’a pas encore impacté les prix de manière notable.

En effet, les prix se maintiennent globalement au même niveau que la saison précédente. « En Russie, malgré la dévaluation du rouble et l’arrivée d’une offre accrue en provenance de Turquie, les prix restent stables », note Keroua. La situation est similaire au Canada, où les prix sont également restés constants.

L’Europe s’impose cette saison comme un marché clé pour les exportateurs marocains. Les inondations qui ont touché la région de Valence en Espagne ont perturbé l’approvisionnement espagnol, offrant ainsi une opportunité aux producteurs marocains. « Après les inondations, les prix ont bondi de 50 à 60 % avant de se stabiliser de nouveau », précise Keroua toujours à la même source.

Un autre facteur majeur a également contribué à l’augmentation des exportations marocaines vers l’Europe : une subvention gouvernementale destinée à promouvoir la diversification des marchés agricoles. Cette aide, d’un montant de 1 MAD par kilogramme d’agrumes exportés vers l’Europe et l’Afrique (hors variété Nadorcott), est plafonnée à 65 000 tonnes pour 2024 et 90 000 tonnes pour 2025. « La subvention nous aide à obtenir de bons prix et incite les exportateurs à se concentrer davantage sur le marché européen », souligne Keroua. À noter que cette subvention ne s’applique plus aux exportations vers l’Amérique du Nord, ce qui pourrait modifier les priorités des producteurs.