Alors que les exportateurs marocains renforcent leur présence sur les marchés d’Asie du Sud-Est, une récente mission commerciale organisée à Singapour et en Malaisie, du 21 au 25 avril 2025, par la FAO, la BERD et Morocco Foodex, a permis à la délégation marocaine d’évaluer de près le marché singapourien, notamment pour les myrtilles, un produit en plein essor dans cette région.
Les myrtilles connaissent une croissance fulgurante à Singapour. En 2024, elles ont dépassé les fraises pour devenir la première baie importée en valeur, enregistrant une progression annuelle moyenne de 18 %. Cette envolée contraste fortement avec la stagnation globale des importations de fruits et légumes du pays, qui n’ont progressé que de 2 % en dollars américains. Cette dynamique est alimentée par une demande accrue pour des encas sains et pratiques, la stabilité de l’offre mondiale et une qualité constante du produit.
Cependant, la configuration du marché évolue rapidement. Les fournisseurs traditionnels, tels que les États-Unis, le Chili et l’Espagne, cèdent du terrain face à de nouveaux venus plus compétitifs. L’Afrique du Sud est désormais le principal fournisseur de myrtilles de Singapour. Mais selon EastFtuit ce sont surtout la Chine et le Zimbabwe qui bouleversent l’équilibre. Entre 2020 et 2024, la Chine a multiplié ses exportations de myrtilles vers Singapour par 23, et le Zimbabwe par 15. Le Maroc, quant à lui, a doublé ses volumes sur la même période, atteignant une part de marché de 9 %, contre 8 % en 2020.
Malgré cette montée en puissance de la concurrence, les professionnels estiment que le Maroc conserve de sérieux atouts. Son calendrier de production offre une fenêtre complémentaire à celle des autres fournisseurs majeurs, assurant une disponibilité continue pour les distributeurs. De plus, la qualité reconnue de la myrtille marocaine est un argument de poids sur un marché exigeant comme celui de Singapour.
Toutefois, des défis subsistent précise la même source. Le transport maritime, bien que prometteur, pose des contraintes logistiques importantes. Avec un temps de transit de 25 à 27 jours, les exportateurs doivent garantir une fraîcheur irréprochable à l’arrivée. Les consommateurs singapouriens attendent des fruits fermes, juteux, croquants et sucrés. Toute déviation sur ces critères risque de compromettre les ventes.
À cela s’ajoute une intensification de la guerre des prix. La Chine, en particulier, mène une stratégie agressive, tirant les tarifs vers le bas. D’autres pays comme la Turquie et l’Inde entrent également en lice, élargissant encore la compétition. Dans ce contexte, le Maroc devra miser sur la différenciation par la qualité et la régularité des livraisons pour conserver, voire renforcer, sa position.
Si les opportunités restent bien présentes, notamment grâce à une demande en forte croissance et à la reconnaissance du label marocain, la conquête du marché singapourien passera par une maîtrise fine des contraintes logistiques, une réponse agile aux attentes du marché et une vigilance constante face aux nouveaux acteurs.