Le Maroc confirme son ascension fulgurante sur le marché mondial des fruits surgelés, en particulier au Japon. En 2024, le royaume a franchi un cap historique en établissant un nouveau record d’exportation de fraises surgelées vers l’archipel nippon. Avec 5 972 tonnes expédiées, pour une valeur de 9,9 millions de dollars, les exportations marocaines ont progressé de 14 % par rapport à 2023, et de 34 % en comparaison avec les volumes de 2022, selon les données rapportées par EastFruit le 17 avril 2025.
Une stratégie de long terme qui porte ses fruits
Si les premières cargaisons de fraises surgelées marocaines ont commencé à arriver au Japon dès 1995, c’est à partir de 2015 que le marché nippon est devenu un véritable axe stratégique pour les exportateurs marocains. Depuis lors, les volumes n’ont cessé de croître de façon régulière. En dix ans, le taux de croissance annuel composé (TCAC) s’élève à 13,1 %, témoignant d’un ancrage progressif mais solide sur ce marché exigeant.
L’année 2024 marque un jalon important, non seulement en termes de volumes, mais aussi de parts de marché. Alors que les fraises marocaines représentaient à peine 7 % du marché japonais des fraises surgelées en 2019, elles en occupent désormais 16,7 %, dépassant les États-Unis et le Chili pour se hisser au troisième rang des plus grands fournisseurs, derrière l’Égypte et la Chine.
Le marché japonais est réputé pour ses normes sanitaires strictes et son exigence en matière de qualité. Réussir à s’y implanter durablement représente donc un succès stratégique pour les producteurs marocains. Les fraises surgelées sont expédiées tout au long de l’année, mais les mois de mai à juillet constituent le pic de la saison. Le volume mensuel record a d’ailleurs été atteint en juillet 2024.
Cette constance dans l’approvisionnement et la montée en gamme des produits expliquent en grande partie la fidélité du marché japonais, qui, contrairement à d’autres débouchés mondiaux, continue d’enregistrer une croissance régulière des importations marocaines.
Diversification des produits et conquête de nouveaux marchés
Au-delà des fraises, le Maroc exporte également vers le Japon d’autres fruits surgelés, notamment des framboises, bien que dans des volumes moindres. Cette diversification de l’offre permet d’élargir la gamme disponible sur le marché japonais et d’asseoir la présence marocaine au sein du segment des surgelés premium.
En parallèle, le royaume renforce aussi ses positions en Europe – notamment en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas – ainsi qu’en Amérique du Nord, avec des envois croissants vers les États-Unis et le Canada. Cette stratégie de présence multi-marchés permet de compenser les fluctuations de la demande et d’assurer une stabilité aux producteurs marocains, même dans un contexte mondial incertain.
Un tournant asiatique en ligne de mire avec une position de leader mondial
À la fin du mois d’avril 2025, une mission commerciale d’envergure organisée par la FAO et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) réunira à Singapour et en Malaisie les principaux exportateurs marocains de fruits et légumes frais. L’objectif affiché : ouvrir davantage les portes de l’Asie du Sud-Est à la production agricole marocaine, notamment dans le segment des surgelés et des produits transformés.
Cette offensive commerciale confirme la volonté du Maroc de diversifier ses marchés et d’investir durablement dans les zones à fort potentiel. Singapour, la Malaisie, mais aussi le Vietnam ou encore l’Indonésie sont désormais identifiés comme des cibles prioritaires, en raison d’une demande croissante pour les produits sains, sûrs et disponibles toute l’année.
Le succès marocain au Japon illustre plus largement le rôle croissant du pays dans le commerce mondial des fraises surgelées. Malgré la concurrence féroce de géants agricoles comme la Chine ou les États-Unis, le Maroc se maintient dans le top 5 mondial des exportateurs de fraises surgelées, grâce à une offre qualitative, une logistique compétitive et une capacité d’adaptation rapide aux exigences réglementaires.
La reconnaissance de la fraise marocaine sur le marché japonais constitue aussi une vitrine pour d’autres produits agricoles marocains. Elle ouvre la voie à des collaborations techniques, à des échanges de savoir-faire et à une montée en gamme qui profite à l’ensemble de la filière fruits et légumes.