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Agriculture au Maghreb : Défis et perspectives

L’intégration régionale au Maghreb : Quels enjeux et opportunités pour un développement économique conjoint ?

Dans un contexte où l’intégration économique, suscite un intérêt grandissant, considérer les implications d’un développement économique régional pour les pays de la région, à savoir l’Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie, est un exercice des plus fastidieux. Cette entreprise reste complexe, dépendant d’une multitude de facteurs mais peu motiver les différents acteurs.

Volonté, et état des lieux de l’agriculture du Maghreb.

Le Maroc a toujours été précurseur dans ce domaine, ayant une approche économique mondialisée et d’ouverture. Sa Majesté le Roi Mohammed VI a rappelé dans son discours de la fête du Trône, à l’occasion du 24ème anniversaire de l’accession du Souverain, l’attachement aux liens d’affection et d’amitié envers l’Algérie, aux échanges et aux interactions entre deux pays voisins et deux peuples frères.

La Libye ou la Mauritanie, enregistrent un retard de développement économique, et sont moins sensibles à la chose. La Libye du fait de son instabilité en raison de la persistance de l’impasse constitutionnelle notamment, pourrait être un pays plus riche étant donné ses richesses naturelles. Enfin l’Algérie privilégie à ce jour une approche fermée et peu diversifiée de son économie. L’agriculture algérienne n’étant à ce jour que trop peu valorisée, alors que le pays dispose d’un énorme potentiel dans ce domaine mais s’appuie essentiellement toujours sur ses ressources naturelles hydrocarbures. Ces dernières années on observe cependant plusieurs mesures prises par le gouvernement algérien, dans le sens d’une intensification agricole afin de renforcer la sécurité alimentaire du pays.

Toutefois face à de nouvelles actualités et notamment l’intégration aux BRICS, dont on parle de plus en plus notamment pour le Maroc et l’Algérie, mais qui a été infirmé par le Maroc, ou à la ZLECAf, l’intégration semble désormais possible, sous une forme différente certes, puisque non maghrébine, mais profitant toujours à la région économique du Maghreb.

Quel impact cela aurait ? Un éventail d’éléments doivent être pris en compte, tels que les niveaux actuels de développement, les politiques économiques en vigueur, les ressources naturelles disponibles, les investissements étrangers ainsi que l’état des infrastructures, parmi d’autres. Il est important de souligner que les prévisions économiques sont intrinsèquement sujettes à l’incertitude. Malgré cette complexité, il est possible d’ébaucher une estimation globale en utilisant des données simplifiées et hypothétiques.

L’intégration économique au Maghreb globalement.

Envisager l’impact d’un développement économique régional pour les pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie, Libye et Mauritanie) est un exercice complexe et dépend de nombreux facteurs.

Plusieurs éléments doivent être pris en compte, tels que les niveaux actuels de développement, les politiques économiques mises en place, les ressources naturelles, la stabilité politique de chaque pays, les investissements étrangers, les infrastructures, etc. De plus, les projections économiques sont soumises à de nombreuses incertitudes. Cet exercice reste donc complexe mais une estimation générale en utilisant des données simplifiées et hypothétiques reste possible.

Selon les données du Fonds monétaire international (FMI) en 2022, voici les PIB nominaux (en milliards de dollars américains) des pays du Maghreb, avec 2 leaders forts qui peuvent servir de locomotives :

  • Algérie : environ 193 milliards de dollars
  • Libye : environ 43 milliards de dollars
  • Mauritanie : environ 5 milliards de dollars
  • Maroc : environ 134 milliards de dollars
  • Tunisie : environ 46 milliards de dollars

Si le Maghreb développait une économie régionale de manière significative, les pays pourraient bénéficier d’une synergie économique, d’une meilleure utilisation des ressources et d’une intégration commerciale plus étroite. Cela pourrait stimuler la croissance économique globale de la région.

Toutefois, estimer le montant exact du PIB que chaque pays pourrait gagner est complexe et dépendra fortement de la manière dont les politiques et les réformes sont mises en œuvre. Pour une estimation très approximative, si nous supposons qu’une économie régionale plus développée permettrait d’atteindre une croissance moyenne du PIB de 3% par an (ce qui est un chiffre assez optimiste compte tenu des défis).

« Entre le Maroc et l’Algérie, le potentiel économique est immense ». avait déclaré Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord, à JeuneAfrique.

L’agriculture du Maghreb, le défi du PIB agricole.

Le Maroc est une locomotive pour l’agriculture du Maghreb mais également pour le reste de l’Afrique, de nombreux pays frères profitent régulièrement de l’expertise du Royaume et les réussites du Maroc montrent que le développement d’une agriculture du Maghreb peut permettre d’enregistrer de nombreux succès. Ces dernières années le Maroc s’est classé 3ème exportateur mondial de mandarines, 5ème exportateur mondial de fraises, dans le top 5 des exportateurs de Tomates, dans le top 5 des producteurs d’olives, 13ème exportateur mondial d’oranges,  13ème producteur de melon ou encore 1er exportateur mondial de câpres …

En envisageant un développement économique régional dans le secteur agricole pour les pays du Maghreb, il est important de noter que l’agriculture est déjà une composante majeure de l’économie de la région comme nous venons de le voir avec le Maroc. Cependant, il existe des opportunités à travers une plus grande coopération, l’adoption de technologies modernes, l’amélioration des infrastructures et des pratiques agricoles durables, ainsi que l’exploration de nouvelles chaînes de valeur ou tout simplement la valorisation de terres à ce jour non exploitées.

Voici une estimation approximative des gains potentiels pour chaque pays du Maghreb dans le secteur agricole, en supposant une collaboration accrue, des investissements dans les infrastructures et l’adoption de pratiques agricoles modernes et durables. Encore une fois, ces chiffres sont simplifiés et hypothétiques, et les résultats réels pourraient varier en fonction de divers facteurs :

  • Algérie : Une amélioration des techniques agricoles, la modernisation des infrastructures d’irrigation et la diversification des cultures pourraient augmenter la production agricole. Cela pourrait entraîner une croissance potentielle du PIB agricole de l’Algérie d’environ 3 à 4 % par an. Le pays pourrait voir une augmentation du PIB agricole d’environ 30 à 40 % sur une période de 10 ans.
  • Libye : En raison de l’instabilité politique et des conflits, le secteur agricole libyen a été affecté. Cependant, en cas de stabilité accrue, de réhabilitation des infrastructures agricoles et de soutien aux agriculteurs, une croissance annuelle du PIB agricole de 2 à 3 % pourrait conduire à une augmentation d’environ 20 % sur une décennie.
  • Mauritanie : La Mauritanie possède un fort potentiel dans l’élevage et la pêche. En investissant dans des méthodes d’élevage durables, la modernisation de la pêche et la valeur ajoutée dans la transformation des produits de la mer, le pays pourrait augmenter son PIB agricole d’environ 20 à 30 % sur 10 ans.
  • Maroc : Le Royaume a déjà fait des progrès dans le développement de l’agriculture, notamment dans les secteurs de l’agro-industrie et de l’exportation. C’est un modèle pour de nombreux pays du continent africain, tant son agriculture est forte. Cependant, en poursuivant les investissements dans l’irrigation, la recherche agricole et la technologie, le pays pourrait continuer d’augmenter sa production agricole. Une croissance annuelle du PIB agricole de 3 à 4 % pourrait conduire à une augmentation d’environ 30 à 40 % du PIB agricole marocain sur une décennie.
  • Tunisie : La Tunisie dispose d’une base agricole solide, mais des investissements dans la modernisation des exploitations agricoles familiales, la promotion de la transformation agroalimentaire et l’expansion des marchés d’exportation pourraient stimuler la croissance. Une croissance du PIB agricole de 2 à 3 % par an pourrait se traduire par une augmentation d’environ 20 à 30 % du PIB agricole tunisien sur 10 ans.

Il est important de noter que ces estimations sont basées sur des hypothèses simplifiées et ne tiennent pas compte des défis spécifiques à chaque pays ni des variations économiques. Les résultats réels pourraient être différents en fonction de nombreux facteurs, y compris les politiques mises en œuvre, la stabilité régionale, les fluctuations des marchés mondiaux et d’autres considérations complexes dont nous n’avons pas assez de recul comme le changement climatique.

La croissance du PIB agricole en Espagne a varié entre 2% et 3% par an.

Toutefois ces estimations peuvent être aussi calquées sur la Politique Agricole Commune (PAC) de l’Union Européenne, qui a eu un impact significatif sur la croissance économique des pays membres. Cependant, il convient de noter que la croissance du PIB n’est pas directement attribuable uniquement à la PAC, car elle est influencée par de nombreux autres facteurs économiques, politiques et sociaux. La PAC a toutefois joué un rôle important dans le développement rural, la modernisation agricole et la sécurité alimentaire. Par exemple voici 5 PIB agricoles européens qui peuvent être pris en exemple :

  • Allemagne : La PAC a contribué à moderniser l’agriculture allemande et à accroître la productivité agricole. Cela a probablement eu un effet positif sur le PIB agricole. La croissance du PIB agricole en Allemagne a varié, en moyenne, entre 1% et 2% par an.
  • Espagne : La PAC a contribué à transformer le secteur agricole espagnol, ce qui aurait pu conduire à une croissance du PIB agricole. La croissance du PIB agricole en Espagne a varié entre 2% et 3% par an.
  • France : La PAC a soutenu l’agriculture française en améliorant la compétitivité et la durabilité. Cela aurait potentiellement favorisé une croissance du PIB agricole. La croissance du PIB agricole en France a oscillé autour de 1% à 2% par an.
  • Italie : La PAC a joué un rôle clé dans la modernisation et la diversification du secteur agricole italien, ce qui aurait pu avoir un impact positif sur le PIB agricole. La croissance du PIB agricole en Italie a été d’environ 0,5% à 1,5% par an.
  • Pologne : La PAC a apporté un soutien crucial au secteur agricole polonais après son adhésion à l’UE, ce qui aurait pu stimuler la croissance du PIB agricole. La croissance du PIB agricole en Pologne a été d’environ 3% à 4% par an.

Quels bénéfices pour l’Agriculture du Maghreb ?

Aujourd’hui de nombreuses multinationales du secteur agricole ont déjà pris position au Maghreb, le Maroc étant très souvent un hub régional pour ces dernières, tant les agricultures du Maghreb et la proximité géographique le permettent. Ces multinationales espagnoles, françaises ou italiennes trouvent ainsi des marchés plus ou moins matures au Maghreb pour se développer, mais aussi une porte et une ouverture sur le reste du continent africain.

Les professionnels du domaine, qui naviguent entre les différents pays sont unanimes et affirment que les opportunités agricoles des différents pays du Maghreb sont encore loin d’être pleinement exploitées. En favorisant une intégration économique mutuellement bénéfique, le Maghreb pourrait non seulement structurer son industrie agricole, mais aussi promouvoir les échanges d’expertise et d’innovation.

De plus, l’utilisation croissante des technologies offre une voie prometteuse pour optimiser la production dans des environnements désertiques, en surfant sur les succès déjà capitalisés, tant l’écosystème est fort.

Un réservoir naturel et des compétences

Le Maghreb offre une variété de climats et de sols propices à une grande diversité de cultures. Des terres fertiles près des côtes aux vastes étendues désertiques, chaque nation du Maghreb possède un potentiel agricole unique. De plus, la région du Maghreb dispose de vastes réserves d’eau souterraine principalement en Algérie et en Tunisie, et d’une main-d’œuvre notamment marocaine hyper qualifiée qui s’exporte partout en Europe, créant ainsi un environnement favorable pour des projets agricoles d’envergure. Une complémentarité certaine.

De nombreux projets sont déjà menés ici et là, comme l’irrigation goutte à goutte, la désalinisation de l’eau de mer ou la culture sous serre. Ces solutions technologiques pourraient être adaptées et étendues à d’autres pays de la région, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour l’agriculture au Maghreb dans des zones autrefois considérées comme inhospitalières.

C’est une évidence, mais une Agriculture du Maghreb pourrait véritablement booster les économies nationales des différents pays de la région. De plus, on ne mesure que difficilement l’impact que pourrait avoir la résonnance régionale d’un Maghreb Agricole sur le reste du continent Africain. Un continent qui rappelons le reste un importateur brut pour de nombreuses denrées alimentaires telles que les céréales, les fruits et légumes ou l’aviculture par exemple et qui lui même gagnerait à avoir des locomotives.

L’Afrique sera le continent le plus peuplé et le plus jeune du monde en 2030.

Sources :
Challenge
Wikipedia
FAO
Agriculture en Algérie
Agriculture en Tunisie
MAH 20/08/2023
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