La superficie du deuxième plus grand barrage du Maroc a été réduite de 60% au cours des trois dernières années.
Comme la plupart des pays d’Afrique du Nord, le Maroc souffre de sécheresses récurrentes. En 2016, le pays a été frappé par la pire sécheresse des trois dernières décennies, suivie par des précipitations tardives et insuffisantes en 2017. Les pluies récentes ont amélioré la situation, mais le Maroc pourrait encore faire face à des pénuries d’eau au cours de l’été.
Le barrage d’Al Massira est le deuxième plus grand réservoir au Maroc et sa superficie a diminué de plus de 60% au cours des trois dernières années. Al Massira était à ce niveau pour la dernière fois entre 2005 et 2008, lorsque plus de 700 000 Marocains ont été touchés par la sécheresse et que la production céréalière a chuté de 50%. Les images satellites en accéléré ci-dessous donnent un aperçu visuel saisissant de l’épuisement du barrage.
Al Massira fournit de l’eau au secteur agricole dans la région de Doukkala, ainsi qu’à de nombreuses villes, dont Casablanca. Alors que les niveaux du réservoir continuent à diminuer, la demande en eau continue d’augmenter. Outre la demande croissante en eau dans les villes et l’expansion de l’agriculture irriguée, la ville de Marrakech envisage de puiser dans les eaux d’Al Massira grâce à un vaste projet de transfert d’eau financé par la Banque africaine de développement. Le projet devrait être pleinement opérationnel cette année.
Bien qu’il soit impossible de dire exactement quels seront les effets de cette sécheresse et de la diminution du réservoir, ce problème, associé aux autres pressions croissantes du Maroc sur le plan de l’eau, est préoccupant. Le changement climatique devrait diminuer l’approvisionnement en eau pendant que la demande augmente, entraînant une augmentation du stress hydrique. La concurrence sur des ressources de plus en plus rares est probable: la demande en eau urbaine du Maroc devrait augmenter de 60 à 100% dans la plupart des grandes villes d’ici 2050.
Selon la Banque mondiale, le pourcentage de la population employée dans l’agriculture est énorme, soit environ 33% de la main-d’œuvre marocaine. Ces agriculteurs, avec les villes et les industries, auront besoin de ressources en eau suffisantes pour réussir. La loi marocaine sur l’ eau 36-15 accorde la plus haute priorité aux utilisateurs nationaux et industriels d’eau qui, en temps de crise de l’eau, pourraient gravement compromettre l’accès du secteur agricole à l’eau, perturbant les revenus et les moyens de subsistance ruraux.
Par ailleurs, le Maroc se classe au milieu de l’indice des États fragiles , ce qui signifie qu’il est plus vulnérable que certains pays à conflits déstabilisateurs, mais moins sensible que d’autres. Le Maroc aura besoin d’institutions de gestion de l’eau solides et de filets de sécurité sociale adéquats pour les agriculteurs afin de les aider à traverser des périodes de sécheresse intense et prolongée.
Avec le WRI