La croissance végétative est un facteur déterminant des rendements chez l’olivier.
Chez l’olivier, la croissance végétative a lieu en deux vagues ; printanière (mars et début juin) et automnale (septembre-novembre). Étant donné que l’olivier produit strictement sur le bois d’un an, c’est la croissance des pousses d’une année qui conditionne la production de l’année suivante.
En plus du potentiel génétique de la variété (vigueur et port), la croissance végétative dépend de plusieurs autres facteurs; la lumière, l’alimentation en eau et en éléments minéraux et la charge en olives de l’année. Dans le système de culture en pluvial où le risque de stress hydrique est souvent conjugué à une conduite précaire, la faiblesse de la production et son alternance biannuelle ou trisannuelle sont principalement liées à une croissance végétative insuffisante.
Les deux années (2009 et 2010) qui ont connu des précipitations exceptionnelles se sont traduites par deux bonnes productions successives ce qui démontre l’importance de ce facteur (alimentation hydrique) dans la détermination de la production et mettant en saillie la nécessité d’améliorer les pratiques de collecte de l’eau dans le système de culture en pluvial.
Afin d’évaluer l’impact de la croissance végétative sur la production de l’olivier, sept vergers, plantés à base de la variété Picholine marocaine, ont été choisis au niveau de différents périmètres oléicoles. Plusieurs techniques culturales ont été tenues en compte ; la taille, le travail du sol (impluvium ou irrigation), la fertilisation et la protection sanitaire. La conduite de l’agriculteur a été prise comme témoin.
Les interventions appliquées sur les vergers ont nettement amélioré la croissance végétative des pousses.
A la suite de plusieurs expériences effectuées par l’INRA, il a été déduit que l’amélioration de la production est principalement due à une bonne croissance végétative de l’année précédente, elle-même induite par une faible production. Nous sommes donc en présence de l’année de forte production du cycle d’alternance mais les niveaux de production obtenus sont nettement supérieurs à ce qui était obtenu auparavant.
Les interventions appliquées sur les vergers (taille, confection des cuvettes/impluviums et fertilisation) ont nettement amélioré la croissance végétative des pousses au cours de l’année 2011. Les indices de croissances obtenus en cette première année d’expérimentation, ont été en moyenne de l’ordre de 160%.
Étant donné que l’olivier produit sur le bois d’un an, une telle croissance s’est traduite par une nette amélioration des rendements en 2012 et ce, malgré une sècheresse particulière. En plus de celle-ci, des conditions de températures élevées et de chergui à la pleine floraison ont affecté le déroulement de la pollinisation-fécondation. Cet effet était plus marqué sur les vergers conduits en pluvial que ceux conduits en irrigué. Les rendements en irrigué ont atteint des records par rapport à la moyenne nationale, soit entre 8 et 12 t/ha. Au niveau des systèmes conduits en bour, les rendements obtenus restent largement meilleurs par rapport à la moyenne nationale (1t/ha).
Le stress hydrique est plus fréquent dans les vergers conduits en pluvial.
Ceci démontre clairement que les faibles rendements obtenus au niveau national sont le résultat d’une absence presque totale des techniques culturales. Cette absence se traduit entre autre par une hauteur de l’arbre élevée ce qui oblige, lors de la récolte, de faire recours à un gaulage sévère lequel anéantit une bonne partie des brindilles qui porteront la production de l’année suivante. Le manque d’entretien et le gaulage emprisonnent les arbres dans un cycle d’alternance parfois bisannuel. Ajoutons à cela, le stress hydrique est plus fréquent dans les vergers conduits en pluvial.
L’application d’une taille régulière et l’aménagement d’impluvium permettent d’améliorer la croissance végétative dès la première année et par conséquent la productivité du verger à partir de l’année suivante. L’application d’une fertilisation raisonnée, pendant les deux premières années, a permis de démontrer la possibilité d’obtenir de meilleurs rendements.
Par contre, les interventions appliquées n’ont pas encore d’effet sur la réduction de l’alternance. Cela est probablement dû à la sévérité de la taille du fait que dans la plus part des cas, elle a permis de corriger la forme de l’arbre par des coupes sévères. Les résultats obtenus ont démontré également que les apports d’irrigation complémentaires chez l’olivier améliorent nettement la productivité notamment pendant les années où la pluviométrie est faible comme cela a été le cas lors du printemps et l’été 2012.