La fusariose du melon
La fusariose est provoquée par le champignon Fusarium Oxysporum f. sp. melonis. C’est une maladie vasculaire très fréquente dans la culture du melon qui sévit partout dans le monde. Parfois appelée gommose, elle est capable de ravager une melonnière entière.
La fusariose est l’une des trois principales maladies du melon avec la bactériose et l’oïdium. C’est l’une des maladies les plus dangereuses pour les melonnières car elle peut provoquer la mort des plants de melons.
Symptômes
Plusieurs symptômes peuvent se manifester lors d’une attaque de fusariose. Les symptômes foliaires sont les plus fréquents. Ils arrivent souvent en début ou en cours de culture mais la maladie peut sévir à tous les stades. Notez qu’il existe 4 champignons différents qui provoquent des symptômes plus ou moins graves.
Feuilles
L’infection commence généralement par engendrer des dégâts sur les feuilles tels que le jaunissement des nervures puis les feuilles se flétrissent et se dessèchent. Les différents symptômes foliaires sont les suivants :
- Couleur terne ou grisâtre,
- Parfois, un étiolement (jaunissement) provisoire de l’apex et des jeunes feuilles pendant les périodes chaudes,
- Jaunissement des nervures et parfois du limbe,
- Flétrissement rapide des feuilles,
- Épaississement des feuilles.
A terme, des rameaux et des plantes entières se dessèchent et meurent.
Tige
La tige brunit puis des gouttes de gommeuse brunes en sortent. Ensuite, une altération se forme le long de la tige : elle se nécrose sur un seul côté. En fin d’évolution, un duvet dense de couleur blanc ou rosé peut se former.
Lorsque l’on coupe la tige, on voit que les vaisseaux de la plante de melon sont sombres, entre le brun rougeâtre et le brun foncé. La moelle brunit elle aussi et devient spongieuse. L’altération de la circulation entraîne un dysfonctionnement du système racinaire et la mort du plant de melon.
Fruit
Dans certains cas, de la moisissure apparaît au niveau du pédoncule du fruit. Certaines altérations peuvent se manifester après la récolte. Notez toutefois que les dégâts sur les fruits sont plus rares que ceux sur les feuilles. Le manque de densité foliaire dû à la destruction du feuillage par la fusariose peut entraîner des brûlures solaires sur les melons.
Dissémination
Fusarium oxysporum f. sp. melonis est un champignon qui se conserve dans le sol ou dans les lésions des fruits et tiges. Il se disperse grâce au vent, aux éclaboussures, aux ruissellements d’eau ou au matériel, outil et personnel.
Ce champignon est systémique, c’est-à-dire qu’il peut se déplacer dans tous les organes par le biais de la sève. Dès que les conditions lui sont favorables, il se développe : soit dans les lésions soit par les racines s’il était conservé dans le sol. Les chancres provoqués par la fusariose sont souvent la porte d’entrée des infections secondaires.
Conditions favorables au développement
La fusariose se développe à des températures de 18 à 25°C avec un taux d’humidité bas. Plusieurs facteurs influent sur la sensibilité des plantes à la fusariose. D’abord, la nutrition minérale : les risques sont plus élevés lorsque la nutrition azotée est trop importante, à l’inverse, des apports suffisants ou élevés en potassium et calcium réduisent la sensibilité des plants de melon. Ensuite, le stress hydrique, la faible exposition au soleil ainsi que les sols légers, sablonneux et acide (pH de 5 à 5,5) favorisent les attaques de la fusariose. Le dernier facteur qui joue un rôle favorable pour l’installation du champignon est la présence importante de fruits ou de fruits trop gros.
Lutte et traitement
Il est important de mettre en place toutes les méthodes préventives contre la fusariose car il s’agit d’une maladie impossible à contrôler efficacement par le biais de la lutte chimique.
Prévention (prophylaxie)
Pour éviter les infections de la fusariose, plusieurs méthodes peuvent être mises en place :
- Sélectionner une semence de qualité et d’une variété résistante à la maladie,
- Nettoyer les outils de travail du sol, les structures des serres, les systèmes d’irrigation, etc, à l’aide de solution de formol 3% ou d’eau de javel,
- Mettre en place la rotation des cultures : Pour une efficacité maximale, il faut proscrire la culture du melon pendant 8 années consécutives,
- Désinfecter le sol. La plus efficace contre oxysporumf. sp. Melonis, qui peut vivre jusqu’à 1 m/1,5 m de profondeur, serait la solarisation accompagnée d’une biofumigation ou d’un apport en produit à base de Trichoderma harzianum ou de Streptomyces griseoviridis,
- Maîtriser les apports : Tous les apports azotés sont à proscrire, en revanche, le chaulage et les apports en calcium et potassium sont bénéfiques,
- Greffer : Sous-abris ou en plein champs, le greffage sur porte-greffes résistants comme une courge hybride entre Cucurbita moscataet Cucurbita maxima. Ces porte-greffes sont très résistante à la fusariose et non-sensible à Verticillium dahliae et Phomopsis sclerotioides mais sensible aux nématodes à galles,
Infection en cours de culture
En général, les plantes atteintes sont réparties en foyer dans les parcelles. Dès l’apparition des premiers symptômes, il faut éliminer les plants afin d’empêcher la dissémination. Le matériel doit impérativement être nettoyé ainsi que les roues des engins.
Beaucoup d’agriculteurs enterrent les résidus de culture. Pourtant, le sol est l’habitat de conservation du champignon, il faut donc éviter cette pratique, préférez l’élimination des plantes (avec ses racines).