Pour trouver une solution à la crise de l’élevage, le Conseil européen se réunira ce lundi.
Le rendez-vous très attendu avec anxiété. Les ministres européens de l’agriculture se retrouvent lundi à Bruxelles pour tenter de décider des mesures face à la crise des grandes filières d’élevage.
Le constat d’une surproduction aux causes multiples qui fait s’effondrer les prix, est désormais largement partagé au sein de l’Union, mais ne fait pas encore l’unanimité, ce qui promet d’ardents débats autour du commissaire européen à l’agriculture, Phil Hogan, indique l’AFP.
La France, première puissance agricole européenne, dont les éleveurs manifestent leur détresse depuis l’été, s’est démenée pour rallier une majorité de pays avant ce rendez-vous crucial. Le ministre Stéphane Le Foll a démarché ses pairs pour leur présenter le mémorandum rédigé pour le 14 février. Vendredi 11 mars, il estimait avoir convaincu une majorité de ses homologues d’Europe du sud et centrale, et s’est félicité d’une position commune avec l’Allemagne, en réponse aux crises du lait, poursuit la même source ajoutant que l’idée est de prendre des mesures pour stabiliser puis réduire la production de lait, dont les niveaux exceptionnels, en Europe depuis la fin des quotas en avril 2015, et à l’échelle mondiale alors que la demande chinoise ralentit, contribuent à l’effondrement des prix.
La France souhaite un relèvement des niveaux de stockage pour la poudre de lait, de 109 000 à 160 000 tonnes pour les 28 Etats membres, et une dérogation temporaire, autorisant les Etats à limiter volontairement la production. Elle s’appuie sur ce point sur l’article 222 du règlement sur l’organisation commune de marché, qui n’a encore jamais été utilisé.
Autre objectif, la levée de l’embargo sanitaire russe, qui relève de négociations politiques au plus haut niveau, a rappelé le ministre. La France devrait rencontrer l’opposition de l’Irlande, de la Suède et du Danemark (qui ont beaucoup augmenté leur production laitière) et du Royaume-Uni, tous hostiles aux mesures d’intervention, indique la même source. « Ces pays ne partagent pas le constat d’une surproduction : ils estiment que subsisteront ceux qui peuvent assumer des prix extrêmement bas », a expliqué Stéphane Le Foll. « La question est de savoir quel sera le montant de la casse ». Car la plupart d’entre eux ont nettement relevé leur niveau de stockage du lait pour aider les producteurs. Si la France est passée de 3 000 tonnes en 2015 à 6 000 t sur les trois premiers mois de 2016, l’Allemagne est à 5 300 t contre 1 300 t l’an passé, et l’Irlande atteint déjà 3 000 tonnes en trois mois, contre 1 000 t sur l’année dernière tout entière, poursuit la source d’information.
Pour sa part, la présidence néerlandaise propose le relèvement temporaire du plafond des aides nationales et un soutien ponctuel aux Etats en difficulté. Elle insiste sur le développement de nouveaux marchés et envisage un crédit à l’export au niveau européen et des mesures susceptibles d’améliorer la compétitivité européenne, comme l’amélioration de l’étiquetage sur l’origine des produits.