La céréaliculture, pilier incontournable de l’agriculture marocaine, fait face à un défi de taille : l’impact croissant des aléas climatiques. Avec 1,4 million d’exploitations couvrant 3,65 millions d’hectares – soit 70% de la surface agricole utile – cette activité est essentielle pour l’économie nationale. Elle génère annuellement 30 millions de journées de travail, emploie 18% de la population active et produit une valeur ajoutée moyenne de 10 milliards de dirhams.
Cependant, la dépendance de cette filière à la pluviométrie constitue un frein majeur. Les rendements varient drastiquement entre 30 et 110 millions de quintaux selon les années. Malgré les progrès initiés par des programmes comme le Plan Maroc Vert (PMV) et Génération Green, qui ont amélioré les rendements de 43% en une décennie, la sécheresse persistante menace les récoltes.
Pour répondre à cette problématique, l’Institut national de recherche agronomique (INRA), en partenariat avec le Centre international de recherche agricole pour les zones arides, a développé des variétés de semences résistantes à la sécheresse. Ces nouvelles semences, adaptées au climat semi-aride du Maroc, promettent une meilleure résilience et des rendements stables.
« Ce programme, fruit de dix années de recherche, associe dans chaque variété des qualités essentielles telles que la résistance aux maladies, la sécheresse, et des rendements élevés », explique Faouzi Bekkaoui, Directeur général de l’INRA. Les premiers résultats, déjà déployés pour le blé dur, le blé tendre et l’orge, sont prometteurs. D’autres céréales, comme l’avoine et le triticale, sont également à l’étude.
La maîtrise des impacts climatiques est cruciale pour réduire la dépendance alimentaire du Maroc, qui importe annuellement près de 6 millions de tonnes de blé pour une facture dépassant les 13 milliards de dirhams. Cette stratégie vise aussi à stabiliser les revenus des agriculteurs, dont 80% dépendent directement de la céréaliculture.
Outre la valorisation des semences résistantes, des investissements dans l’irrigation et la mécanisation sont nécessaires pour garantir la pérennité de cette filière, également vitale pour les filières d’élevage.