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Forte demande des pastèques marocaines en Allemagne
Pastèque - ph :DR

La culture de la pastèque au Maroc : Enjeux et perspectives dans un contexte de pression climatique

La pastèque est devenue au fil des années un acteur majeur de l’agriculture au Maroc. La filière, qui joue un rôle clé dans le dynamisme des exportations agricoles du pays, doit faire face à des défis de taille, notamment en matière de gestion des ressources naturelles et d’adaptation aux fluctuations climatiques. AgriMaroc.ma propose une analyse approfondie de l’évolution de la culture de la pastèque au Maroc entre 2020 et 2025.

Évolution des superficies et rendements au Maroc

Au cours de la période 2020–2025, la superficie récoltée consacrée à la culture de la pastèque au Maroc a connu des variations importantes. En 2020, le pays comptait 16 812 hectares, un chiffre qui a atteint 19 206 hectares en 2021, marqué par une augmentation de 14,3 %, conséquence des investissements favorables et des techniques culturales modernes. Cependant, à partir de 2022, les contraintes liées à la gestion de l’eau et aux pressions environnementales ont entraîné un recul des surfaces cultivées à 14 258 hectares, avant de se stabiliser à 14 582 hectares en 2023. Les projections pour 2024 et 2025 indiquent une diminution continue à 13 500 hectares et 13 200 hectares, attribuée principalement aux restrictions hydriques dans des régions comme Souss-Massa et Draâ-Tafilalet.

La Turquie, deuxième producteur mondial affiche des rendements moyens avoisinant les 50 000 kg/ha

Les rendements suivent une trajectoire similaire. Avec 40 288,6 kg/ha en 2020, la culture a atteint un pic en 2021 avec 42 908,6 kg/ha, en partie grâce à l’irrigation au goutte-à-goutte et à des pratiques agricoles optimisées. Mais les impacts climatiques, notamment les vagues de chaleur de 2023, ont réduit les rendements à 31 731,3 kg/ha. Selon différentes sources les prévisions pour 2024 et 2025 annoncent une diminution progressive à 30 000 kg/ha et 29 500 kg/ha, ce qui souligne les difficultés croissantes rencontrées par les producteurs.

Année Superficie récoltée (ha) Rendement (kg/ha) Production totale (tonnes)
2020 16 812 40 288,6 677 345,25
2021 19 206 42 908,6 824 103
2022 14 258 42 288,6 602 950,5
2023 14 582 31 731,3 462 719,8
2024 13 500 (estimée) 30 000,0 (estimé) 405 000,0
2025 13 200 (estimée) 29 500,0 (estimé) 389 400,0

Source : Données FAO (extraites et agrégées avec les codes FAO, disponibles via les bases de données officielles).

Comparaison avec les grands producteurs mondiaux

La position du Maroc dans la filière pastèque à l’échelle internationale se heurte aux performances de plusieurs grands producteurs mondiaux. Par exemple, la Turquie, deuxième producteur mondial derrière la Chine, affiche des rendements moyens avoisinant les 50 000 kg/ha, tandis que l’Espagne, bien que plus petit producteur, excelle en termes de qualité et de compétitivité grâce à des techniques d’irrigation avancées.

En comparaison, les rendements marocains de 31 731,3 kg/ha en 2023 restent en deçà des standards. Cependant, la proximité géographique du Maroc avec l’Europe confère un avantage logistique important pour l’exportation, permettant au pays de rester compétitif sur des marchés clés comme la France et l’Allemagne.

Pressions environnementales et défis locaux

La pastèque est une culture très consommatrice d’eau, nécessitant entre 5 000 et 7 000 m³/ha. Dans un contexte de stress hydrique accentué par les sécheresses successives, des restrictions sévères ont été imposées, notamment dans les provinces de Zagora et Souss-Massa. Cette pression sur les ressources naturelles est exacerbée par la concurrence entre les cultures agricoles, certaines régions favorisant désormais des alternatives moins gourmandes en eau, comme les oliviers ou les agrumes.

En 2023, la baisse de production s’est traduite par une réduction des volumes exportés. Le Maroc, qui exportait 152 000 tonnes en 2021, n’a expédié que 113 500 tonnes en 2023. Les recettes d’exportation ont également diminué de manière significative, passant de 135 millions de dollars en 2021 à 96 millions de dollars en 2023. Ces chiffres reflètent les défis économiques croissants rencontrés par les producteurs dans un environnement de plus en plus réglementé.

Voici un tableau comparatif informatif des consommations d’eau pour différentes cultures :

Culture Consommation d’eau (m³/ha) Commentaires
Pastèque 5 000 à 7 000 Considérée comme une culture exigeante en eau, surtout concentrée dans des régions sous stress hydrique.
Tomate 4 000 à 6 000 Une consommation légèrement inférieure grâce à une généralisation de l’irrigation localisée (goutte-à-goutte).
Agrumes 6 000 à 8 000 Comparable à la pastèque, mais souvent privilégiés en raison de leur valeur ajoutée élevée à l’export.
Avocat 8 000 à 10 000 Très gourmand en eau, malgré son adoption croissante comme culture d’exportation.
Olive 3 000 à 4 000 Une des cultures les plus économes en eau, bien adaptée aux zones arides.
Palmier dattier 10 000 à 12 000 Très haute consommation d’eau, mais essentiel pour les oasis et adapté aux zones désertiques.

Ce tableau illustre clairement que la pastèque se situe dans la moyenne des cultures marocaines en termes de consommation d’eau. Cependant, les cultures comme l’avocat ou le palmier dattier exercent une pression encore plus importante sur les ressources hydriques, tandis que des alternatives comme l’olivier offrent une meilleure durabilité dans un contexte de stress hydrique accru. 

Solutions et perspectives pour garantir la durabilité

Face à ces défis, plusieurs pistes de solutions émergent pour renforcer la résilience de la filière pastèque au Maroc. L’innovation technologique est essentielle pour répondre à la crise hydrique. Le développement de systèmes d’irrigation de précision, intégrant des capteurs connectés et des outils d’intelligence artificielle, pourrait permettre d’optimiser l’utilisation de l’eau tout en réduisant les coûts.

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La recherche variétale est également une priorité. En développant des pastèques moins gourmandes en eau et mieux adaptées aux conditions climatiques locales, le Maroc pourrait réduire sa dépendance à l’irrigation tout en préservant la compétitivité de ses produits. Des collaborations entre les producteurs et les instituts de recherche agricole nationaux, comme l’INRA Maroc, seraient essentielles pour accélérer ces innovations.

Enfin, une diversification des débouchés internationaux, en ciblant des marchés émergents en Asie ou en Amérique du Nord, pourrait offrir des opportunités prometteuses pour compenser la baisse des exportations vers l’Europe. Les campagnes de marketing axées sur la qualité et la traçabilité des pastèques marocaines pourraient renforcer leur attractivité sur ces nouveaux marchés.

Un équilibre à trouver entre compétitivité et durabilité

La culture de la pastèque au Maroc, bien qu’elle reste un pilier essentiel de l’agriculture nationale, traverse une période critique marquée par des défis environnementaux et économiques. Les solutions pour pérenniser cette filière passent par une gestion plus durable des ressources naturelles, des innovations technologiques et une diversification des marchés. Avec des investissements adéquats et des stratégies réfléchies, cette culture emblématique peut non seulement surmonter ses obstacles actuels, mais aussi jouer un rôle clé dans le développement agricole et économique du Maroc.

 

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