Avec une production dépassant les 462 millions de kilos en 2023, la pastèque marocaine peine à rivaliser, non pas en volume, mais en valeur.
Selon les données de la FAO, relayées par Hortoinfo, le Maroc a généré environ 938 millions de dirhams (86,53 millions d’euros) de revenus agricoles liés à cette culture, loin derrière la Turquie, l’Espagne et même la Grèce.
Un revenu agricole très faible par kilo
Le prix moyen payé au producteur marocain pour un kilo de pastèque a été de 2,06 dirhams (0,19 euro). En comparaison, les producteurs espagnols ont touché 4,77 dirhams par kilo (0,44 euro), les Grecs 3,47 dirhams (0,32 euro) et les Turcs 2,93 dirhams (0,27 euro).
Ce différentiel de prix, multiplié par les volumes produits, crée un écart de revenus très net :
- Turquie : 3,15 milliards de kilos produits → 9,06 milliards de dirhams (837,35 M€)
- Espagne : 1,17 milliard de kilos → 5,53 milliards de dirhams (510,82 M€)
- Grèce : 396 millions de kilos → 1,39 milliard de dirhams (128,45 M€)
- Maroc : 462 millions de kilos → 938 millions de dirhams (86,53 M€)
Ainsi, la valeur totale de la production marocaine de pastèque est près de 10 fois inférieure à celle de la Turquie, 6 fois inférieure à celle de l’Espagne, et 33 % inférieure à celle de la Grèce — pourtant avec un volume moindre.
Une production sous-valorisée malgré le potentiel
Ces chiffres soulignent un paradoxe : le Maroc produit davantage de pastèques que la Grèce, mais en tire beaucoup moins de revenus. Cela s’explique par une faible valorisation au kilo, qui interroge sur la structuration de la filière et la rentabilité pour les agriculteurs.
Pourtant, dans des régions comme Zagora ou Tata, la pastèque représente une activité agricole centrale, voire exclusive. La faiblesse des prix à la production fragilise les exploitants, surtout dans un contexte de crise hydrique et de changements climatiques, comme l’ont récemment illustré les épisodes de grêle destructrice dans le Sud-Est du pays.