Alors que la campagne d’exportation 2024-2025 de la tomate marocaine touche à sa fin, le secteur s’illustre une nouvelle fois par sa résilience. Malgré les pressions logistiques et climatiques, les producteurs et exportateurs parviennent à maintenir leur présence sur les marchés européens, toujours demandeurs.
La campagne marocaine de la tomate, traditionnellement concentrée entre novembre et avril, s’étire cette année jusqu’à la mi-mai, portée par une demande européenne toujours soutenue, notamment en France, en Espagne, en Allemagne et au Royaume-Uni. Mais cette prolongation s’effectue dans un climat marqué par la tension, tant au niveau des volumes restants que des moyens logistiques mobilisables.
En effet les stocks s’amenuisent et les coûts de transport, notamment le fret routier vers l’Europe, deviennent de plus en plus lourds à absorber. Mais la demande reste forte, en particulier pour la tomate ronde et la tomate cerise.
Des volumes sous pression
Les récoltes de fin de campagne, concentrées dans la région du Souss, souffrent d’une double contrainte : des températures irrégulières ayant affecté la maturité des fruits et des restrictions hydriques toujours en vigueur. La tomate sous serre, principal levier de production, n’a pas été épargnée par les limitations d’irrigation imposées depuis le début de l’année.
Il y a eu une adaptation des calendriers de plantation, mais les rendements restent inférieurs à ceux d’une saison normale. Cela crée une pression sur les derniers volumes disponibles à l’export, notamment dans la région de Chtouka-Aït Baha.
L’Europe reste au rendez-vous
Malgré les tensions côté production, les débouchés européens demeurent solides. La concurrence espagnole, affaiblie par des épisodes climatiques extrêmes et la flambée des coûts de main-d’œuvre, offre un espace commercial élargi aux opérateurs marocains.
Les clients européens nous sollicitent toujours. La qualité est là, et la réactivité des exportateurs marocains fait la différence. Cela renforce la confiance, mais impose aussi de maintenir des standards élevés jusqu’au dernier jour de la saison.
Une filière en réflexion : les échos de la Morocco Tomato Conference
C’est dans ce contexte que se tiendra prochainement la Morocco Tomato Conference, rendez-vous de référence pour les acteurs de la filière. L’édition 2025 permettra de dresser un état des lieux sans fard de la production marocaine, mais aussi de dessiner des perspectives post-campagne.
Parmi les thématiques phares abordées : la gestion de l’eau, l’ouverture à de nouveaux marchés, notamment au Moyen-Orient et en Afrique subsaharienne.
Quelles perspectives pour 2025-2026 ?
Le succès de cette campagne tardive ne doit pas masquer les fragilités structurelles du secteur. L’accès à l’eau, la dépendance au marché européen, les hausses de coûts et la pression sur les marges obligent les professionnels à repenser leurs modèles.
La campagne 2025-2026 devra probablement composer avec de nouveaux défis, notamment un climat de plus en plus instable, une réglementation européenne évolutive (en matière de résidus phytosanitaires notamment), et une concurrence mondiale croissante.
Mais le Maroc dispose aussi d’atouts décisifs : savoir-faire technique, proximité géographique avec l’Europe, infrastructures logistiques modernes et un tissu d’exportateurs aguerris.