Le palmier dattier, arbre emblématique des oasis marocaines, révèle des trésors insoupçonnés. Longtemps cantonnés à un rôle marginal, les noyaux de dattes et autres sous-produits sont désormais au cœur de recherches ambitieuses. L’Institut National de Recherche Agronomique (INRA) a récemment mis en lumière des usages innovants et des vertus économiques et écologiques prometteuses grâce à une série d’études scientifiques.
A lire :
Catalogue des critères de qualité de la poudre de l’huile des noyaux de dattes (Phoenix dactylifera L.) de 30 variétés marocaines
Les différents usages des restes des palmiers dattiers dans l’alimentation des animaux
Importance, techniques de production, valorisation et marketing
Chaque année, le Maroc produit environ 100 000 tonnes de dattes, générant une quantité impressionnante de noyaux, estimée à 20 000 tonnes. Faouzi Bekkaoui, directeur de l’INRA, souligne que ces noyaux, souvent sous-exploités, recèlent un potentiel immense. De la production d’huiles cosmétiques à l’alimentation animale en passant par les applications alimentaires et pharmaceutiques, les opportunités ne manquent pas.
Un premier ouvrage publié par l’INRA, intitulé Catalogue des critères de qualité de la poudre et de l’huile des noyaux de dattes, dresse un panorama détaillé des propriétés des noyaux de 30 variétés marocaines. Il met en évidence leur richesse en composés bioactifs tels que les phénols, flavonoïdes, caroténoïdes et acides aminés essentiels, ainsi que leur utilité dans des industries variées : Agroalimentaire : ingrédient pour des produits sans caféine, stabilisant naturel dans les produits laitiers. Cosmétique : huile riche en nutriments, idéale pour les soins de la peau. Agriculture : alimentation pour le bétail, offrant une alternative locale aux produits importés.
Face aux défis de l’alimentation animale dans les zones oasiennes, un deuxième ouvrage explore l’usage des restes de palmiers dattiers comme ressource alternative. Ce document met en avant les bénéfices écologiques et économiques d’une telle approche, notamment pour réduire la dépendance aux importations. Malgré des obstacles logistiques, les solutions proposées visent à intégrer efficacement ces restes dans les régimes alimentaires du bétail.
Parallèlement, l’INRA consacre un livre entier à la variété Mejhoul, une des plus prisées à l’échelle nationale et internationale. Cet ouvrage détaille les techniques de production, de valorisation et de marketing pour maximiser les rendements de cette variété emblématique. Le Mejhoul, symbole de la résilience des palmiers dattiers face aux conditions climatiques extrêmes, incarne le potentiel socio-économique des régions désertiques marocaines.
Ces travaux s’inscrivent dans la stratégie nationale Génération Green 2020-2030, visant à consolider les filières agricoles et à encourager l’entrepreneuriat des jeunes agriculteurs. En valorisant pleinement les sous-produits du palmier dattier, l’INRA ouvre la voie à une économie circulaire et durable, tout en renforçant la compétitivité d’un secteur clé.
Avec plus de 453 variétés répertoriées, le Maroc dispose d’un patrimoine génétique unique en matière de palmiers dattiers. L’effort de l’INRA pour améliorer les techniques de culture et introduire des technologies innovantes contribue non seulement à la résilience des oasis, mais aussi à la préservation d’un écosystème vital pour les populations locales.
Les dattes, bien plus qu’un fruit, s’imposent ainsi comme un pilier de durabilité et un moteur d’innovation pour l’agriculture marocaine. Une vision ambitieuse qui place les oasis au cœur des enjeux de demain.