La campagne 2024/2025 de l’avocat au Maroc, bien qu’exceptionnelle en termes de volume, tourne au casse-tête pour de nombreux producteurs.

Depuis décembre dernier, les exportations ont fortement ralenti, poussant plusieurs agriculteurs à laisser les fruits sur les arbres dans l’espoir d’une remontée des prix. En janvier 2025, la moitié de la production nationale n’avait toujours pas été récoltée.

Aujourd’hui, les récoltes ont repris, mais pour beaucoup, il est déjà trop tard. Abdelkrim Allaoui, président de l’Association des producteurs de Gharb Avocado, témoigne d’une situation délicate dans l’une des principales zones de production du pays : « Un nombre important de producteurs, en particulier dans les plus grands vergers de la région, n’ont pas encore récolté une grande partie de leurs volumes. La campagne a atteint un stade avancé, mais les prix ne se sont pas encore améliorés. »

Le pari de retarder la récolte afin de bénéficier de meilleurs prix semble donc perdu. Selon Allaoui, la situation est en partie due à l’explosion des superficies consacrées à l’avocat, qui a généré une offre abondante et pesé sur les prix du marché. Résultat : les producteurs se retrouvent contraints de récolter en urgence avant la fin avril, malgré l’absence de perspectives tarifaires encourageantes.

Dans la région du Gharb, l’une des plus dynamiques du pays, il resterait encore près de 10 % des fruits à récolter. Un retard qui pourrait avoir des conséquences à long terme sur les choix des producteurs. « Les difficultés commerciales rencontrées cette saison auront un impact sur les décisions de la saison prochaine, y compris les dates de récolte et même le nombre de producteurs qui resteront dans l’industrie », prévient Allaoui.

Paradoxalement, les volumes n’ont jamais été aussi élevés. La production marocaine d’avocats est passée de 60 000 tonnes lors de la campagne 2023/2024 à plus de 100 000, voire 110 000 tonnes en 2024/2025. Un bond spectaculaire qui montre le potentiel de la filière, mais révèle aussi les défis d’un marché international qui peine à absorber une telle croissance aussi rapidement.

Le secteur de l’avocat marocain, qui a su s’imposer ces dernières années, entre ainsi dans une nouvelle phase d’ajustement, entre réalités commerciales, gestion des récoltes et nécessité de mieux planifier l’avenir.

Source :  Freshplaza