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Amine BENNANI: "Embellie des surfaces plantées en petits fruits rouges"

Amine Bennani : « Le secteur des fruits rouges est en train de souffrir »

La baisse de la consommation en Eu­rope a fortement impacté les fruits rouges.

Le secteur des fruits rouges n’a pas été épargné par la crise du Covid-19. Entre baisse à l’export, réduction de la consommation et augmentation des coûts d’hygiène et de transport, la filière est sous pression.

«Le secteur est en train de souffrir», indique Amine Bennani, président de la Fédération interprofessionnelle des fruits rouges, Interproberries. En effet, l’augmentation des frais imposés par le coronavirus impacte les producteurs. «Avant les camions renta­bilisaient leurs déplacements à l’aller et au retour, ce qui n’est plus le cas actuellement».

En effet, bon nombre de transporteurs ne savent pas s’ils auront une cargaison au retour, d’où la flambée des prix. Lors des premiers jours du confi­nement en Europe la demande avait explosé auprès des ménages qui se sont approvisionnés en masse dans les grandes surfaces. Puis elle est aussitôt retombée suite également à la fermeture des restaurants, can­tines et pâtisseries industrielles. «Et dans le circuit de la grande distribu­tion, les producteurs européens ont occupé la scène», souligne le pré­sident de la fédération suite à l’appel «à consommer local» qui a prati­quement écarté les producteurs non communautaires.

A noter que le coronavirus n’a pas affecté les fruits de la même façon. La baisse de la consommation en Eu­rope a fortement impacté la fraise et la framboise. Seule la myrtille conti­nue de résister à cause de l’absence de concurrents. «Pour la fraise, les dégâts ont été limités, le gros de la saison était passé lors du déclenche­ment de la crise. Quant à la fram­boise, l’année était déjà perdue», explique Bennani. La baisse de la demande pour la framboise lors de la saison d’hiver en Europe avait impacté les volumes et les prix. Ce qui a provoqué un mini-tsunami dans la culture de cette variété très fragile fin 2019.

Quid de la consommation locale

Les agriculteurs sont actuellement réconfortés dans leur idée de devoir adapter leurs cultures de framboise en optant pour des variétés plus ré­sistantes et craignant moins les aléas du transport.

Quant au marché local, il n’a que très faiblement suivi. Au Maroc, les marchés ne jurent que par la fraise et les habitudes de consommation sont dures à changer. «Les consom­mateurs préfèrent largement, même en milieu urbain, la vente ambulante. Or, celle-ci a été fortement impac­tée vu le confinement, et les ventes ont connu une baisse importante», explique encore Bennani. Quant aux autres variétés, myrtille et framboise, elles ont de grandes difficultés à per­cer vu que le consommateur maro­cain ne les apprécie pas à leur juste valeur. Des essais pour les écouler même sous forme de confiture n’ont pas vraiment abouti.

Toutefois, des points positifs sub­sistent. C’est le cas de l’abondance de la main d’œuvre, vu que plus des deux tiers des saisonnières qui nor­malement partent en Espagne sont restées au Maroc. Chez nos voisins ibériques, principaux concurrents, dans les champs désertés par les tra­vailleurs, les fruits pourrissent sur leurs branches…

Malgré tout, le flou persiste concernant la future campagne agri­cole qui démarrera en novembre. Cultiver ou attendre? Les agri­culteurs sont actuellement dans l’expectative.

Avec L’Economiste
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