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Maroc : les producteurs de tomates sont de plus en plus performants en Europe

Youssef Alaoui dénonce l’acharnement ciblant les tomates cerises

Les agriculteurs français et espagnols réclament une harmonisation de la politique agricole européenne, dénonçant une concurrence déloyale du Maroc. Ces accusations ont provoqué une réponse du secrétaire général de la Confédération marocaine de l’agriculture (COMADER), Youssef Alaoui, qui a fermement réfuté ces allégations sur Franceinfo. D’abord et avant tout, les produits marocains respectent les normes sanitaires européennes.

« Sinon vous ne trouverez pas la tomate sur les étals français (…). Il y a des organes de contrôle, il y a la répression des fraudes et j’en reviens aussi à l’étiquetage d’origine, c’est effectivement bien mentionné origine Maroc.», a-t-il très justement déclaré, dans une interview au média français Franceinfo. Ajoutant : «Nous, en tant qu’agriculteurs, n’acceptons pas que des produits normés européens avec l’étiquetage Maroc soient bloqués.»

Concernant les différences de prix entre les tomates marocaines et françaises, Alaoui explique que l’ensoleillement constant et les infrastructures modernes, telles que la station de dessalement de la région d’Agadir, permettent au Maroc de produire des tomates à moindre coût tout au long de l’année. « Nous avons un ensoleillement permanent qui fait vraiment toute une différence », souligne-t-il. En comparaison, la production hivernale de tomates en France nécessiterait des serres chauffées, très énergivores et polluantes mais surtout couteuses.

Youssef Alaoui rappelle également que le Maroc possède un salaire minimum et une couverture sociale en rapport avec son niveau de vie. Il réfute l’idée de généraliser les conditions de travail marocaines à toute l’Europe. En effet pourquoi les mêmes polémiques n’existent pas quand il est question de salaires de pays européens comme la Pologne ou la Roumanie ? Alaoui rappelle enfin que la France bénéficie d’une balance commerciale excédentaire avec le Maroc grâce aux exportations, notamment de blé. Et c’est là ou la pression mise sur les produits marocains n’est pas cohérente, puisque les agriculteurs français exportent davantage que les agriculteurs marocains.

Historiquement dominé par les producteurs espagnols, le marché de la tomate dans l’UE a vu une montée en puissance des exportations marocaines. En 2015, les ventes espagnoles dépassaient de 109 % celles du Maroc, mais cette différence s’est réduite à 17 % en 2023. Au premier trimestre de l’année, le Maroc a même devancé l’Espagne en exportant 19 % de tomates en plus.

Ces changements ont suscité des inquiétudes chez les producteurs européens, qui voient dans les tomates marocaines une menace en raison de leurs coûts de production plus bas. Malgré les avantages compétitifs liés au climat et aux infrastructures, les agriculteurs européens accusent leurs homologues marocains de concurrence déloyale, exacerbant ainsi les tensions commerciales et menant à des actions de protestation, comme en témoigne l’évènement du 16 mai dernier. Une situation ubuesque lorsqu’on y pense surtout au vu de l’ensemble des informations mises en avant par Alaoui, très pertinentes au vu de la réaction de l’intervieweuse elle-même qui finit par conclure que oui la France exporte plus qu’elle n’importe vers le Maroc, la balance étant donc positive pour le pays européen.

La COMADER avait déjà répondu aux agriculteurs manifestants français à travers un communiqué de presse, affirmant qu’elle se réservait « le droit de défendre les intérêts légitimes des exportateurs marocains ». Pour Youssef Alaoui, l’attention excessive portée à la tomate cerise n’est qu’une diversion face aux véritables problèmes de l’agriculture française : « J’ai l’impression que la tomate cerise, c’est pour cacher un peu tous les problèmes de l’agriculture française », conclut-il.

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