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Agriculteur - ph : DR

Quels défis pour l’agriculture marocaine en 2024 ?

L’agriculture marocaine devra faire face à de nombreux défis en 2024, comme la raréfaction de l’eau en premier lieu.

L’agriculture marocaine, riche de son histoire et de sa contribution significative à l’économie nationale, traverse actuellement une période cruciale. Les défis multiples, avec en premier lieu le manque d’eau, nécessitent une attention urgente. Dans cet article, AgriMaroc décide d’approfondir chaque aspect de ces défis, explorer les solutions novatrices envisagées par le Maroc, et discuter de la manière dont le secteur agricole du pays s’adapte pour assurer sa durabilité dans un contexte mondial en constante évolution.

Le manque d’eau systémique : Un défi criant.

La déclaration du ministre de l’Eau, Nizar Baraka, sur la sixième année consécutive de sécheresse, souligne l’importance d’une action face à la crise environnementale sans précédent. La réduction drastique des précipitations, chutant de 67% par rapport à la moyenne saisonnière habituelle, a un impact dévastateur sur le secteur agricole. La situation préoccupante des barrages, remplis à seulement 23,5%, nécessite des mesures immédiates.

La réponse du gouvernement à cette crise se manifeste par une stratégie ambitieuse du dessalement de l’eau de mer. Les sept nouvelles stations de dessalement, prévues d’ici 2027, représentent un pas important dans la diversification des sources d’eau pour l’irrigation. La construction imminente d’une station à Casablanca marque une étape cruciale dans cette quête de solutions durables.

Mais au delà de cette perspective moyen terme, des mesures draconiennes, y compris des coupures temporaires d’approvisionnement en eau, s’avèrent être nécessaires. Cela souligne l’importance de l’urgence face à cette crise qui met à l’épreuve la capacité du Maroc à garantir la sécurité alimentaire de la population. D’autres mesures comme la limitation ou l’interdiction de cultures gourmandes en eau devraient perdurer dans les régions les plus touchées par la sécheresse, avec notamment des cultures comme la pastèque et l’avocat première ligne. La question d’arbitrer les cultures est aujourd’hui centrale. Cette orientation stratégique pourrait être un compromis intéressant à trouver, alors que certaines voix se font de plus en plus entendre pour favoriser une agriculture moins industrielle et davantage orientée vers la sécurité alimentaire nationale, toutefois à l’heure actuelle il apparait difficile de renoncer à un secteur qui contribue fortement au PIB national. Il faudra donc arbitrer.

Le Faux Carpocapse, un risque réel alors que le ToBRFV reste préoccupant. 

Le Faux Carpocapse, une menace grandissante.

En décembre 2023, la détection du faux carpocapse dans une cargaison de grenades marocaines soulève des préoccupations quant à la sécurité des cultures. Originaire d’Asie, ce ravageur représente une menace sérieuse pour les arbres fruitiers, les légumes et les céréales. Comprendre son cycle biologique, ses plantes hôtes, et les dégâts qu’il peut causer est crucial pour élaborer des stratégies de lutte efficaces.

Le Maroc a rapidement pris des mesures préventives, notamment l’interdiction de l’importation de grenades et d’autres fruits en provenance de pays où le faux carpocapse est présent. Cependant, malgré ces précautions, la détection du ravageur dans des cargaisons destinées à l’Espagne souligne la complexité de la gestion de cette menace.

Les impacts économiques potentiels du faux carpocapse sur l’agriculture marocaine sont significatifs. Les pertes de rendement, les coûts liés aux mesures de lutte et les difficultés d’écoulement des produits sur les marchés nationaux et internationaux sont autant de facteurs qui mettent en péril la stabilité économique du secteur.

Les agriculteurs sont appelés à adopter des mesures préventives complémentaires, telles que la plantation de variétés résistantes, l’utilisation de techniques culturales appropriées et la promotion d’auxiliaires naturels tels que les guêpes parasitoïdes. Ces actions peuvent contribuer à réduire le risque d’infestation par le faux carpocapse et à protéger les cultures marocaines.

Le Virus ToBRFV toujours au cœur des préoccupations.

Le virus du fruit rugueux brun de la tomate (ToBRFV) représente un autre défi majeur pour les producteurs de tomates au Maroc. Les pertes financières estimées à 15-20% de la production soulignent l’ampleur de l’impact économique de cette maladie.

Les producteurs adoptent diverses stratégies pour faire face à cette situation difficile. La diversification des cultures, l’adoption de variétés résistantes, le renforcement des mesures de biosécurité et la recherche de marchés alternatifs sont autant de stratégies mises en œuvre pour atténuer les pertes économiques.

La collaboration et le partage des connaissances entre les producteurs, les instituts de recherche et les associations agricoles sont des aspects cruciaux de la gestion de cette crise. Le renforcement de la résilience des producteurs face au ToBRFV nécessite une approche holistique et collaborative. C’est dans ce sens que la FIFEL a lancé un Comité de Sauvegarde pour soutenir la filière tomate.

L’irrigation intelligente, une clé d’avenir pour l’agriculture marocaine en 2024 ?

Accélérer sur l’irrigation intelligente.

Face à la sécheresse persistante, le Maroc se tourne vers des solutions innovantes pour maximiser l’utilisation de l’eau dans l’agriculture. L’irrigation intelligente, également appelée irrigation de précision, se positionne comme une technologie de pointe qui pourrait révolutionner la gestion de l’eau dans le secteur agricole marocain.

Cette approche repose sur l’utilisation de capteurs et de technologies IoT pour collecter des données en temps réel sur les conditions météorologiques, les niveaux d’humidité du sol et les besoins en eau des plantes. Ces données sont ensuite utilisées pour ajuster automatiquement les systèmes d’irrigation, offrant ainsi une utilisation plus efficace de l’eau et évitant les problèmes de sur-arrosage ou de sous-arrosage.

L’irrigation intelligente ne se contente pas d’optimiser l’utilisation de l’eau ; elle contribue également à améliorer la santé des cultures et à maximiser les rendements. En détectant rapidement les problèmes tels que les ravageurs ou les maladies, elle permet de prendre des mesures préventives pour éviter des pertes de cultures.

L’adoption de l’irrigation intelligente au Maroc pourrait ouvrir de nouvelles possibilités agricoles. Dans un contexte de rareté de l’eau, cette technologie devient un outil crucial pour garantir la durabilité à long terme du secteur agricole et de nombreux pays soutiennent ces technologies afin d’anticiper ces pénuries prochaines d’eau. C’est le cas par exemple de la France, qui lance un plan de soutien à l’irrigation, avec des subventions allant jusqu’à 30% pour équiper ses agriculteurs.

Le dessalement de l’eau de mer sur du moyen terme.

En complément à l’irrigation intelligente, le dessalement de l’eau de mer émerge comme une solution pour surmonter le manque d’eau. Le gouvernement marocain prévoit la construction de sept stations de dessalement d’ici 2027, avec la première station en cours de construction à Casablanca.

Cette approche offre une alternative viable pour l’irrigation des terres agricoles, ouvrant des opportunités dans des régions auparavant considérées comme peu propices à l’agriculture. Le dessalement permet de diversifier les sources d’eau, réduisant ainsi la dépendance aux précipitations saisonnières et aux réservoirs.

Cependant, le dessalement de l’eau de mer n’est pas sans défis. Les coûts énergétiques élevés et les préoccupations environnementales liées à la salinité résiduelle et à la gestion des sous-produits doivent être pris en compte. Le Maroc devra équilibrer les avantages potentiels du dessalement avec ces défis pour garantir une mise en œuvre durable de cette solution.

S’inspirer du modèle espagnol pour la commercialisation ?

La récente décision des opérateurs espagnols du secteur des agrumes de contourner les réexportateurs néerlandais en acquérant directement des oranges en Égypte offre une perspective intéressante alors que le Made In Morocco continue de gagner du terrain. Face à des défis similaires, le Maroc pourrait envisager des stratégies de diversification des canaux de commercialisation à travers ses exportateurs, pour assurer la rentabilité des produits agricoles nationaux et importés, en se basant notamment sur un approvisionnent de pays proches en Afrique subsaharienne.

La décision de l’Espagne de contourner les réexportateurs néerlandais souligne la volonté des opérateurs de s’adapter aux fluctuations du marché. De même, le Maroc pourrait explorer des partenariats directs avec des pays importateurs, éliminant ainsi les intermédiaires et assurant un contrôle plus direct sur la commercialisation.

La flexibilité des opérateurs espagnols dans leur choix d’approvisionnement ouvre la voie à de nouvelles dynamiques dans le secteur agricole. Le Maroc pourrait envisager des initiatives similaires en explorant des marchés auparavant négligés ou en établissant des partenariats stratégiques pour élargir sa base de consommateurs. Une approche proactive pour diversifier les canaux de commercialisation peut aider à atténuer les impacts des défis tels que la sécheresse, le faux carpocapse et le ToBRFV.

Vers une agriculture marocaine durable.

L’agriculture marocaine fait face à des défis substantiels en 2024, mais elle adopte également des solutions innovantes pour assurer sa durabilité. Le manque d’eau, la menace du faux carpocapse et les impacts du virus ToBRFV ne sont pas seulement des problèmes locaux, mais des défis mondiaux auxquels de nombreux pays sont confrontés. Et bien évidemment ils ne sont pas les seuls.

L’approche proactive du Maroc est à souligner, les solutions sont nombreuses et sont systématiquement étudiées et mises en places, avec des prises de décisions fortes qui permettent au secteur de perdurer dans le temps. Bien que la concurrence mondiale devient de plus en plus féroce, l’agriculture marocaine est en constante mutation et s’engage dans un engagement envers une agriculture moderne et durable. Cependant, il est impératif de relever ces défis de manière équilibrée, en tenant compte des aspects économiques, environnementaux et sociaux.

La collaboration continue entre les différents acteurs, gouvernants, société civile, scientifiques et les agriculteurs est essentielle pour faire face à ces défis. En investissant dans la recherche et le développement, en renforçant la résilience des communautés agricoles et en adoptant des pratiques agricoles durables, le Maroc peut non seulement surmonter les défis actuels mais aussi établir un modèle d’agriculture nouveau.

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Un commentaire

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