La fin de l’année 2024 a marqué une crise notable sur le marché des mandarines, avec des conséquences significatives pour l’Europe, la Turquie, et même l’Asie centrale. Alors que les consommateurs européens sont confrontés à des prix exceptionnellement élevés, les producteurs et commerçants de mandarines naviguent entre des récoltes en baisse, une demande fluctuante et des contraintes logistiques. Retour sur les causes et implications de cette situation.
La Turquie, leader mondial des exportations de mandarines en volume, a connu une baisse drastique de sa récolte en 2024, principalement due à des anomalies météorologiques. Cette diminution a perturbé les marchés européens et moyen-orientaux, où le pays joue un rôle clé dans la fixation des prix. Selon Fedir Rybalko, expert du marché des fruits et légumes, la récolte réduite a obligé les producteurs turcs à augmenter leurs prix d’achat auprès des agriculteurs, tandis que la demande en Russie et en Ukraine a fortement chuté en raison de la dévaluation du rouble et de l’inflation.
En Europe, les consommateurs constatent des hausses sans précédent. En Lettonie, par exemple, Marite Gailite, experte de l’association Latvijas dārznieks, signale des prix au détail atteignant 1,99 €/kg, même pour des fruits de qualité douteuse. En Italie, les prix des variétés les moins chères avoisinent désormais les 2 €/kg, un niveau inhabituel pour ce fruit de saison traditionnellement abordable. Cette flambée des prix s’explique par une offre limitée et des problèmes logistiques, aggravés par des certificats phytosanitaires contrefaits détectés sur des cargaisons en provenance du Pakistan.
La crise ne se limite pas à l’Europe. En Asie centrale, les prix des mandarines ont doublé par rapport à leur niveau habituel. Des pays comme l’Ouzbékistan et le Tadjikistan, qui dépendent largement des importations, subissent les contrecoups de cette crise mondiale.
La crise ne profite pas nécessairement aux producteurs. Les centres de conditionnement turcs ont enregistré des pertes au début de la saison, vendant leurs produits en dessous des coûts de production pour faire face à la chute de la demande. En Russie, les importateurs souffrent également, la dévaluation du rouble ayant fortement augmenté le coût des mandarines en devises locales, réduisant encore la demande.
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Malgré tout, les exportateurs turcs gardent espoir. Un expert explique que la baisse des importations turques en Ukraine – de 43 000 tonnes en décembre 2023 à 33 000 tonnes en décembre 2024 – a été partiellement compensée par une hausse des exportations grecques. Les producteurs turcs, quant à eux, anticipent des hausses de prix sur d’autres marchés, notamment européens, et préfèrent patienter avant de signer de nouveaux contrats.
La crise des mandarines de 2024 illustre les fragilités d’un marché globalisé face aux aléas climatiques, économiques et logistiques. Pour les consommateurs, cette saison sera marquée par des prix élevés et des choix limités. Quant aux producteurs et négociants, ils devront s’adapter à un contexte en mutation rapide. Une chose est certaine : les mandarines bon marché ne sont pas au rendez-vous cette année.