La fermeture des frontières a engendré une pénurie de saisonniers en Espagne, menaçant fortement le secteur agricole
Le gouvernement espagnol a publié mardi un décret permettant aux jeunes migrants âgés entre 18 et 21 ans de travailler dans le secteur agricole pour venir en aide à ce secteur qui souffre d’une pénurie de main-d’œuvre. Néanmoins, cette mesure suscite colère et déception chez certains.
La veille de la publication dudit décret, les ONG espagnoles se laissaient bercer par l’espoir de voir cette décision inclure également les migrants irréguliers. Or, intimidé par la droite radicale, le gouvernement espagnol a restreint la liste des bénéficiaires de cette mesure. Outre les migrants dont le titre de séjour arrive à expiration le 30 juin, les «anciens mineurs» qui étaient sous la tutelle des gouvernements régionaux pourraient aussi prétendre à cette disposition. Il s’agit en grande partie de jeunes Marocains, lesquels sont arrivés mineurs en Espagne et se sont vus livrés à leur sort une fois la majorité atteinte.
Quel sera l’avenir de ces jeunes, une fois la récolte terminée ?
Interpellé par les Inspirations ÉCO, Ahmed Khalifa, vice-président de l’Association marocaine pour l’intégration des migrants, peine à cacher sa déception. «Nous nous attendions à beaucoup plus. La mesure sert seulement les intérêts du gouvernement en cette période exceptionnelle», dénonce-t-il. Pour cet acteur associatif, la situation réclame des décisions plus courageuses et non des mesurettes, réclame le vice-président de l’Association.
De plus, ce décret pèche par son ambiguïté. Que se passera-t-il une fois l’état d’urgence levé ? Quelle sera le statut de ces jeunes ? Ce sont, en somme les points qui inquiètent plusieurs associations après l’adoption de ce règlement. Par ailleurs, les acteurs associatifs regrettent que les migrants irréguliers s’affairant dans les exploitations agricoles ne bénéficient pas de cette mesure.
«C’était une occasion en or pour régulariser leur situation, d’autant plus qu’ils sont sur place et exposés à la marginalisation et l’exploitation», ajoute le responsable associatif. «Il n’existe aucune garantie pour ces jeunes. Le gouvernement a abandonné aux mains des entrepreneurs la gestion des mesures sanitaires. Ces jeunes seront exposés à des risques mais sans aucune garantie», déplore Ahmed Khalifa.