Engrais en voie de disparition: Etat des lieux.
Pour qu’une plante sorte de terre et développe ses feuilles et ses graines, elle a besoin de nourriture. Pas moins de 13 éléments nutritifs, dont trois essentiels : l’azote, le phosphore et le potassium. Pourtant, l’un d’eux pourrait bien disparaître dans les prochaines décennies.
Le phosphore est essentiel au transport de l’énergie dans les cellules, la division cellulaire et l’enracinement. Sans lui, la production agricole serait impensable sur terre. Le site ici.radio-canada.ca présente l’état des lieux.
Engrais en voie de disparition
Le phosphore sous la forme d’engrais chimique est devenu indispensable. Le phosphore à l’état naturel dans le sol est peu disponible. Il est fixé aux métaux comme le fer et l’aluminium. La plante ne peut pas s’en nourrir. Les fumiers en fournissent, mais les fermes d’élevage ne sont pas toujours proches des cultures, indique le site d’information ajoutant qu’au cours des deux derniers siècles de pratiques agricoles dans le monde, les principales sources de phosphore ajouté ont beaucoup changé.
Les épandages ont d’abord été sous forme organique, comme le lisier des animaux, le guano, les excréments humains. À partir des années 1940, l’agriculture, devenue spécialisée et intensive, en est venue à dépendre du phosphore minéral, précise la même source indiquant que l’engrais phosphore sous forme minérale est une ressource limitée, non renouvelable. Et sa disparition est aujourd’hui annoncée.
Les réserves mondiales de phosphore approchent donc de l’épuisement, bien que les scénarios diffèrent quant aux prédictions exactes.
Environ 85 % du phosphore minéral des engrais agricoles est de la roche phosphatée sédimentaire. Le minerai est prélevé dans des mines à ciel ouvert. La roche phosphatée sédimentaire est constituée d’os de poissons et d’oiseaux de rivages, de coquillages et de restes d’animaux.
Avant de devenir un engrais assimilable par la plante, la roche sédimentaire doit subir un traitement chimique. L’acide sulfurique crée le phosphate connu sous la formule P2O5.
Le traitement chimique génère un volume considérable de matière résiduelle : cinq kilos de gypse pour un kilo de d’engrais commercial.
Les mines de phosphore dans le monde
Il n’existe aucune mine de roche phosphatée sédimentaire au Canada. Aux États-Unis, le cœur de l’industrie du phosphore se trouve en Floride. Les quatre mines de la principale entreprise minière Mosaic sont vieillissantes. Les gisements rocheux sous forme sédimentaire sont rares et mal répartis. Environ 85 % des gisements sont aux mains de quelques pays. Il s’agit du Maroc qui est le premier exportateur mondial et possède plus du tiers des réserves mondiales. La Chine renferme le quart des réserves. Les autres mines importantes se trouvent aux États-Unis et en Afrique du Sud, indique le site d’information.
L’utilisation agricole abusive
L’agriculture mondiale utilise 20 millions de tonnes de cet engrais chimique par année. Les mines de phosphore s’épuisent rapidement parce qu’entre autres, l’utilisation de cet engrais est abusive. Jusqu’à 80 % des épandages de phosphore s’échappent vers les cours d’eau de surface, par ruissellement. Irrécupérable.
Le phosphore perdu dans les cours d’eau contribue à l’eutrophisation, la prolifération d’algues et à la formation de cyanobactéries, indique la même source ajoutant que pour freiner les pertes d’engrais phosphatés, les agriculteurs ont commencé à adopter de nouvelles pratiques comme laisser le sol à nu le moins possible et réduire au minimum le travail de sol.
Contrairement à l’azote, le phosphore n’est pas mobile dans le sol. Si le sol est dégradé, en poussière ou compacté, il se fixe aux métaux avant même que les racines de la plante n’aient eu le temps de l’atteindre. C’est pourquoi entre 70 % et 90 % de l’engrais phosphaté n’atteint jamais les racines des plantes.
Quelles solutions?
Selon le site d’information, les recherches démontrent que les engrais de ferme devraient être considérés comme première source de phosphore.
En 2050, pour nourrir 10 milliards d’habitants sur terre, la production alimentaire devra augmenter de 70 %. L’agriculture pourra de moins en moins compter sur l’apport du phosphore d’origine sédimentaire.
À moins que l’industrie ne développe une autre forme de phosphore : l’apatite, qui provient des gisements de roches ignées, issus de la consolidation de la croûte terrestre. Le Bouclier canadien en contient d’immenses réserves.