Agrumes: Le Maroc essaie tant bien que mal à surmonter les problèmes de la filière
La filière des agrumes du Maroc est confrontée à de nombreux problèmes. En effet, entre changements climatiques et imprévus, les professionnels du secteur s’inquiètent mais quand même restent optimistes.
La fragilité de la filière des agrumes est apparue au grand jour durant la campagne agricole 2018-2019. «C’était une campagne très difficile. Nous avions perdu un mois d’activité sur le marché international à cause de plusieurs facteurs dont le retard de maturité des plantations combiné à celui des précipitations, la grève des transports qui avait duré deux mois et surtout une surproduction à l’échelle mondiale», explique Ahmed Derrab, secrétaire général de l’Association des producteurs d’agrumes (ASPAM).
Ainsi, profitant de l’absence du Maroc, les Turcs et les Égyptiens ont su grignoter des parts de marché au grand dam du «Made in Morocco». Sur le marché local, un marché mal organisé par les communes où les intermédiaires font toujours la loi. Les prix s’étaient effondrés à tel point que certains agriculteurs ont préféré abandonner la récolte sur arbre ou à vendre à perte. Dès lors, selon les estimations de Maroc Citrus : des pertes cumulées ont frôlé les 2 milliards de dirhams.
Une convention pour restructurer la filière
Là encore, l’Etat est allé à la rescousse de la filière des agrumes du fait de son importance sur le plan socio-économique. Après plusieurs réunions entre le département de l’agriculture et Maroc Citrus, les deux parties ont mis sur pied un plan de soutien dont la convention a été signée en décembre 2019. Selon la Vie Eco, cette convention a comme objectifs de redresser la situation à partir de la campagne 2020-2021 et de limiter les dégâts pour la campagne en cours (2019-2020).
Une campagne caractérisée par une baisse importante de la production aussi bien à l’échelle mondiale que nationale. «Les prévisions du ministère font état d’une baisse de la production de l’ordre de 35% à 1,7 million de tonnes, contre 2,6 millions de tonnes, mais avec de fortes disparités entre les différents bassins de production», poursuit Ahmed Derrab, qui explique ce recul par des conditions climatiques défavorables durant l’année 2019 et l’alternance végétative.
De son côté, l’export devra baisser de 15% à 600.000 tonnes d’agrumes contre 700.000 durant la campagne précédente, toujours selon Maroc Citrus. Les agriculteurs marocains vont se tourner vers le marché local du fait des prix intéressants provoqués par la rareté du produit et le règlement quasi immédiat des ventes par les clients. Néanmoins, le chiffre d’affaires de la filière serait en baisse malgré l’augmentation de valeur qu’on a prévue.