Après quatre années de repli, le Maroc retrouve une dynamique positive dans ses exportations de citrons.

La campagne 2024/2025 s’annonce comme celle du redressement, portée par des conditions climatiques plus favorables et une baisse de la production mondiale, notamment en Turquie, l’un des principaux concurrents sur ce segment.

Une reprise tangible après des années difficiles

Selon les données d’EastFruit, le Maroc a exporté 6 100 tonnes de citrons durant la première moitié de la campagne 2024/2025 (d’octobre à mars), générant 2,7 millions de dollars de recettes, soit près de 27 millions de dirhams. Il s’agit du volume le plus élevé pour cette période depuis la campagne 2020/2021, avec un chiffre d’affaires quasi équivalent à celui de l’ensemble de la campagne précédente.

Ce regain intervient après un creux historique enregistré en 2023/2024, où les exportations marocaines de citron étaient tombées à 5 000 tonnes, conséquence directe de deux années de sécheresse, de tensions logistiques mondiales et de la perte de marchés traditionnels comme la Russie.

Le citron, un produit stratégique dans l’offre agrumicole

Même si les volumes restent modestes en comparaison des mandarines et des oranges — les citrons représentent environ 7 fois moins que les oranges et 23 fois moins que les mandarines exportées —, ils conservent un rôle stratégique. Moins soumis à la saisonnalité, le citron permet aux exportateurs marocains de maintenir une présence continue sur les marchés étrangers et de diversifier leur offre agrumicole.

Opportunités et regain de compétitivité

Plusieurs facteurs expliquent cette embellie :
• Des conditions météorologiques redevenues favorables en 2024, stimulant les rendements.
• Un effondrement de 33 % de la production turque, grand exportateur mondial, a réduit la pression concurrentielle.
• Une reprise progressive de l’accès aux marchés clés, notamment la Russie, le Canada et le Royaume-Uni.
• Une diversification des destinations : les exportations vers la Mauritanie — qui absorbe à elle seule plus de 40 % des citrons marocains exportés — sont restées solides. Le Maroc a également repris ses envois vers les États-Unis (après deux ans d’interruption), la Suède (après quatre ans), et amorcé des livraisons vers de nouveaux marchés comme la Lettonie et le Kazakhstan.

Un signal fort pour la filière agrumes

Cette reprise du citron s’inscrit dans une dynamique plus large : celle d’un redressement global de la filière agrumicole marocaine. Les exportations de mandarines montrent elles aussi des signes de reprise, ce qui pourrait augurer d’une reconquête progressive des parts de marché perdues ces dernières années.

Avec une campagne encore en cours, le Maroc pourrait bien dépasser ses performances de 2020/2021, considérées jusque-là comme une référence. Cette résurgence intervient dans un contexte international encore instable, où la capacité d’adaptation et la diversification des débouchés apparaissent plus que jamais comme des leviers indispensables à la compétitivité des agrumes marocains.