Si les noisettes font le bonheur des agriculteurs turcs, leur récolte se fait au prix de l’exploitation de milliers de réfugiés syriens.
Avec 70% de la production mondiale de noisettes, la Turquie s’est imposée comme un pays incontournable pour les géants de l’agroalimentaire. Mais selon le New York Times, la récolte du fameux fruit à coque se fait au prix de l’exploitation de milliers de réfugiés syriens.
La Turquie est le plus grand exportateur mondial de noisettes. Au total, plus de 600 000 petites exploitations, disséminées le long de la côte nord du pays assurent plus de 70% de la production mondiale de ce fruit. Chaque année, c’est près de 200 000 tonnes de noisettes qui partent à l’exportation, notamment vers les pays européens.
Une grande partie de cette production est achetée par les industriels de l’agroalimentaire pour la fabrication de leurs produits. Ainsi, le géant Ferrero acquiert 1/3 des noisettes qu’il utilise, notamment pour son Nutella, en Turquie. Nestlé et Godiva s’approvisionnent également dans le pays.
Selon une enquête du New York Times, les conditions de travail sont déplorables : un salaire de 9 euros par jour, des journées de douze heures de travail sept jours sur sept et dans des conditions de sécurité douteuses. Les noisetiers étant situés sur des terrains accidentés et des pentes escarpées, manœuvrer des machines y est généralement tout simplement impossible. Des témoins affirment, dans le journal américain, risquer chaque jour une chute mortelle, indique leparisien.fr.
«Nous contrôlons scrupuleusement les fermes de noisettes turques depuis six ans et n’en avons pas trouvé une, pas une seule, qui applique des conditions de travail décentes », affirme dans le New York Times Richa Mittal, directeur de la Fair Labor Association, une association qui œuvre pour le respect des lois nationales et internationales du travail.
Or, la Turquie est le pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés syriens. Plus de 3,3 millions de personnes y ont fui la guerre civile depuis 2011, d’après les données du Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies. Comme ils ne peuvent pas bénéficier d’un permis de travail du fait de leur statut de « protection temporaire », les réfugiés acceptent ces travaux pénibles et sans aucune protection sociale.
De surcroît, les travailleurs réfugiés doivent également faire face à des intermédiaires non réglementés (appelés « dayibasi ») qui perçoivent au moins 10 % du salaire d’un travailleur.