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Tomates un champignon pourrait réduire utilisation engrais
Tomates - Ph : DR

Salinisation des sols : Des chercheurs veulent adapter les variétés

Tomates et pommes de terre : Un avenir salé mais prometteur.

Face à la crise climatique et à la salinisation croissante des sols, les chercheurs redoublent d’efforts pour adapter nos cultures alimentaires. Parmi elles, la tomate et la pomme de terre, des piliers de notre alimentation, se retrouvent en première ligne des défis agricoles liés à l’excès de sel dans les sols. Cependant, cette situation pourrait aussi offrir des opportunités inattendues, comme l’amélioration du goût des cultures. C’est l’un des enseignements prometteurs des recherches en cours sur la tolérance au sel, notamment celle menée par la professeure adjointe Rumyana Karlova, du laboratoire de physiologie végétale de la WUR.

La salinisation des sols, un problème en pleine expansion

La sécheresse croissante, la montée du niveau de la mer dans les zones côtières et l’utilisation excessive d’engrais contribuent à la salinisation des sols à travers le monde. Ce phénomène constitue une menace sérieuse pour les cultures traditionnelles, en particulier dans des pays producteurs de tomates comme l’Italie et l’Espagne, où la baisse des rendements est une réalité inquiétante. « Nos variétés actuelles ne sont pas adaptées à une salinité élevée des sols », explique Karlova chercheur à la Wageningen University & Research. Elle et son équipe travaillent donc à identifier les mécanismes qui permettraient à ces plantes de mieux tolérer ces conditions difficiles, avec l’espoir de garantir la viabilité des variétés de tomates et de pommes de terre dans des sols de plus en plus salins.

L’excès de sel dans le sol agit comme un poison pour les plantes, à l’instar de son effet sur le corps humain. « Les plantes absorbent moins d’eau et de nutriments du sol, poussent plus lentement et produisent moins de fruits, ou des fruits plus petits », précise Karlova. Cependant, certaines plantes ont développé des mécanismes naturels pour faire face à ce stress. Par exemple, elles peuvent stocker l’excès de sel dans une vacuole, une sorte de réservoir interne, qui empêche le sel de causer des dégâts au reste de la cellule. Ce processus est contrôlé par des protéines spécialisées qui régulent le transport du sel entre la cellule et la vacuole. C’est justement sur la compréhension de ces mécanismes que Karlova et son équipe concentrent leurs efforts.

Comprendre les gènes pour mieux adapter les cultures

L’objectif ultime de cette recherche est de décoder les gènes impliqués dans la gestion du stress salin. « Nous étudions 140 variétés de tomates », explique Karlova, « et nous cherchons à identifier les différences dans leur manière de faire face à la salinité ». En isolant les gènes clés, et en particulier les « régulateurs maîtres », ceux qui commandent l’activation de plusieurs autres gènes, les chercheurs espèrent pouvoir cibler les variétés les plus robustes pour les adapter aux sols salins de manière plus précise.

Outre l’amélioration des rendements, la salinité pourrait également influencer positivement la saveur des tomates. « Nous travaillons avec un groupe de recherche en Italie qui a remarqué que certaines des tomates les plus savoureuses proviennent de Sicile, où elles poussent dans des eaux saumâtres », explique Karlova. Ce constat laisse entrevoir la possibilité que des variétés adaptées à un environnement salin puissent non seulement survivre, mais aussi offrir des saveurs uniques et particulièrement appréciées.

Lire aussi : Diversifier les cultures, un impératif pour répondre aux marchés

La recherche ne se limite pas aux tomates. Les pommes de terre, également sensibles au sel, sont un autre domaine d’étude. Toutefois, ces tubercules présentent des défis spécifiques, notamment parce qu’ils se développent sous terre, en contact direct avec l’eau salée du sol. Néanmoins, Karlova reste optimiste : « Avec une sélection intelligente et la sélection moléculaire, nous pouvons exploiter encore mieux le potentiel des plantes ». Le vaste potentiel d’adaptation des plantes, acquis au fil de millions d’années d’évolution, n’a pas encore révélé tous ses secrets.

L’avenir de l’agriculture dans un monde de plus en plus salin

La recherche sur la tolérance au sel chez les tomates et les pommes de terre est encore en cours, mais les premiers résultats sont prometteurs. Si les chercheurs parviennent à identifier les bons gènes et à créer des variétés capables de prospérer dans des sols salins, cela pourrait transformer l’agriculture dans de nombreuses régions du monde affectées par la salinisation. En même temps, ces avancées pourraient également offrir des saveurs inédites à nos fruits et légumes, nous rappelant que l’adversité peut parfois donner naissance à des opportunités inattendues.

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En s’adaptant aux défis du climat et en utilisant les découvertes scientifiques les plus récentes, la production agricole pourrait non seulement survivre, mais aussi évoluer vers de nouvelles saveurs et pratiques durables.

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