Interdiction du diméthoate en France: Les producteurs de cerises inquiets crient leur ras-le-bol.
Les producteurs de cerises français s’inquiètent de l’absence de traitement alternatif au diméthoate, alors que les fruits presque mûrs seront particulièrement vulnérables dans quelques semaines.
Les cerises françaises peuvent-elles résister aux attaques dévastatrices de Drosophila suzukii sans diméthoate, un insecticide récemment interdit? Les agriculteurs s’inquiètent de l’absence de traitement alternatif, alors que les fruits presque mûrs seront particulièrement vulnérables dans quelques semaines.
L’Etat est face à un double impératif: celui de la protection de la santé publique, et celui de la survie des producteurs de cerises, a indiqué la Confédération paysanne française dans un communiqué. Le diméthoate, un insecticide organophosphoré, déjà interdit pour la plupart des productions mais encore autorisé pour les cerises, a été retiré du marché le 1er février par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). L’Anses pointe des risques inacceptables pour le consommateur, les cultivateurs ainsi que pour les oiseaux et les mammifères.
Mais les producteurs de cerises français se disent du coup démunis face à la drosophile suzukii, un moucheron invasif arrivé en France vers 2010, qui a pour particularité de s’attaquer aux fruits en train d’arriver à maturité.
Le ravageur Drosophila sozukii se reproduit à une vitesse fulgurante, il s’attaque surtout aux fruits rouges, aux tomates, et peut détruire la totalité de la production d’un verger.
D’autres molécules chimiques peuvent être utilisées, comme les spinosines ou le cyantraniliprole, mais elles sont 8 à 10 fois plus chères que le diméthoate et peu efficaces étant donné la rapidité de reproduction du moucheron », explique un responsable de la Confédération paysanne cité par l’AFP. Les filets anti-insectes qui pourraient servir de parade coûtent bien trop cher: 20 à 30.000 euros/hectare.
« Si on ne fait rien, on aura plus de cerises en France dans trois ans« , estime carrément Luc Barbier, président de la section fruits de la FNSEA, syndicat majoritaire. Non seulement parce que les arboriculteurs risquent d’abandonner les cerises. Mais aussi parce que les importations, qui représentent déjà la moitié de la consommation française de cerises, pourraient grimper en flèche depuis les pays où le diméthoate est encore autorisé, comme en Espagne ou en Turquie.
Rappelons que le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll a choisi cette semaine une stratégie différente, assurant qu’il s’agit de préserver les intérêts économiques des producteurs tout en protégeant le consommateur. Le ministre a demandé à la Commission européenne d’interdire en urgence le diméthoate dans toute l’UE, ainsi que la mise sur le marché de cerises provenant de pays ou d’Etats membres dans lesquels l’insecticide est autorisé.
Sans réponse de Bruxelles d’ici mardi prochain, la France déclenchera une clause de sauvegarde nationale pour interdire la commercialisation dans l’Hexagone de cerises traitées au diméthoate, une mesure très rarement déclenchée. La Confédération paysanne demande une prise en charge partielle des pertes et un plan national d’aide pour financer l’installation des filets, conclut l’AFP.