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Maroc : les investissements pour le climat dépassent 111 MMDH
Secheresse - Photo illustration : DR

L’oléiculture marocaine en proie au doute

Crise de l’huile d’olive au Maroc : les producteurs sonnent l’alarme face au réchauffement climatique.

Le secteur oléicole marocain traverse une période de crise sans précédent. En 2024, les effets du changement climatique, combinés à une hausse spectaculaire des coûts de production, ont plongé les producteurs d’huile d’olive dans une situation désespérée. La sécheresse prolongée, l’insuffisance d’heures de froid et les vagues de chaleur ont sérieusement affecté les récoltes, faisant bondir les prix et menaçant la viabilité des exploitations. Rachid Benali, président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de l’olive (Interprolive) s’est confié dans une longue interview à LeBrief.ma.

Depuis six ans, le Maroc est confronté à une sécheresse persistante qui a profondément marqué le paysage agricole principalement dans les régions de Marrakech et Fès-Meknès. Les oliveraies, qui dépendent en grande partie des précipitations, souffrent particulièrement. « Les arbres ont subi un coup terrible », déclare Rachid Benali, président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de l’olive (Interprolive). Selon lui, la situation est critique tant dans les zones irriguées que dans les secteurs en bourre, où l’irrigation est limitée.

Dans les régions irriguées, certains producteurs parviennent encore à maintenir un niveau de production acceptable, bien que réduit, grâce à un accès continu à l’eau. Cependant, pour d’autres, l’accès à l’eau est devenu un défi insurmontable. « Les puits sont à sec, les périmètres d’irrigation sont en panne, et les arbres souffrent énormément, au point d’être desséchés et quasiment perdus », explique Benali. Cette situation désastreuse est aggravée par le manque d’heures de froid, cruciales pour la floraison des oliviers, et par des températures exceptionnellement élevées, qui ont provoqué la chute des fleurs et des jeunes fruits.

Outre les conditions climatiques défavorables, les producteurs doivent faire face à une explosion des coûts de production. « Les intrants agricoles ont vu leurs prix augmenter de manière significative », souligne Benali. Cette augmentation concerne tous les aspects de la production, en particulier l’irrigation, devenue beaucoup plus coûteuse en raison de la sécheresse prolongée. Les agriculteurs sont contraints de pomper l’eau à des profondeurs inédites, jusqu’à 300 mètres, ce qui fait exploser les coûts énergétiques.

La récolte, également, est plus onéreuse. « Le coût de la main-d’œuvre a augmenté car les rendements sont en baisse. Un ouvrier qui récoltait autrefois 100 kilos d’olives n’en récolte plus que 20 ou 30 », ajoute Benali. Cette baisse de productivité, associée à des charges fixes inchangées, met en péril la viabilité économique des exploitations.

Face à cette situation critique, le secteur oléicole est en quête de solutions urgentes. Rachid Benali plaide pour des mesures immédiates, comme l’augmentation des lâchers d’eau et l’autorisation de forages plus profonds, afin de sauver les oliviers. « La perte d’un arbre est dramatique, car il faut cinq ans pour le remplacer », souligne-t-il.

Les aides gouvernementales sont également essentielles pour soutenir les producteurs en difficulté. Benali insiste sur la nécessité de subventions pour le remplacement des arbres perdus et l’amélioration de l’accès à l’eau. Il préconise également le développement des infrastructures hydrauliques et l’exploration du dessalement de l’eau comme solution à long terme, bien que cette option ne soit pas immédiatement viable.

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L’importation d’huile d’olive est envisagée comme une solution temporaire pour atténuer la flambée des prix. Cependant, Benali avertit que cette mesure ne résoudra pas les problèmes des agriculteurs locaux, d’autant plus que la production mondiale d’huile d’olive est également en baisse.

Pour l’avenir, le président d’Interprolive estime que la survie de la filière oléicole repose sur sa capacité à s’adapter aux nouvelles réalités climatiques et économiques. « Nous avons besoin de solutions à court terme pour surmonter la crise actuelle, mais aussi de stratégies à long terme pour garantir une production durable », conclut-il, exprimant néanmoins un certain optimisme pour l’avenir du secteur, à condition de recevoir un soutien adéquat du gouvernement et de développer des innovations technologiques.

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