Comment l’irrigation durable s’est développée au Maroc ?
Dans de nombreuses régions agricoles du Maroc, l’irrigation est un facteur essentiel puisqu’elle permet d’accroître la productivité agricole et permet de garantir aux agriculteurs un revenu plus important. Cependant, le manque d’eau qui s’intensifie avec les changements climatiques, est un réel défi pour les producteurs marocains qui sont, pour la plupart, largement dépendant des eaux des fleuves afin d’irriguer leurs terres.
En effet, l’agriculture irriguée s’est imposée comme une composante essentielle de l’économie du Maroc en tant que producteur de richesses et créateur d’emplois. L’agriculture irriguée au Maroc n’occupe que 15 % des superficies cultivées. Cependant, elle contribue à presque 45% de la valeur ajoutée agricole. Cette contribution est plus importante lors des années de sécheresse où la production des zones Bour est sévèrement affectée. De plus, il est nécessaire de préciser que le secteur irrigué contribue à 99% de la production de sucre, 82% de la production maraîchère, 100% des agrumes, 75% des fourrages et 75% du lait. Ce secteur assure ainsi près de 120 millions de journées de travail par an, soit plus d’un million d’emplois dont 250 mille qui sont permanents.
Grâce à l’irrigation, on a pu assister à une amélioration des revenus des agriculteurs. En effet, leurs revenus ont été multipliés de 5 voir jusqu’à 13 fois selon les périmètres, le désenclavement et l’accès aux autres services publics communaux. Vu son importance, la Constitution fait obligation au pouvoir public de mobiliser les moyens nécessaires afin que l’ensemble des citoyens puissent bénéficier d’un accès à l’eau, puissent jouir d’un environnement saint et du développement durable. Hors l’accès à l’eau n’est pas du tout une chose facile dans un pays qui connaît un stress hydrique. L’irrigation durable se présente donc comme la meilleure solution pour le Maroc. Focus.
Le contexte actuelle
La campagne agricole 2015-2016 a été fortement touchée par le retard des précipitations. Ce stress hydrique a engendré un déficit pluviométrique de 63%. Ce déficit s’est particulièrement ressenti sur les cultures en zones Bour où les céréales représentent 62% (soit plus de 3 millions d’hectares semés). Il y a également un impact sur l’approvisionnement du cheptel en eau et en aliments. Cependant, il est nécessaire de préciser que ce déficit pluviométrique n’est pas le seul frein au développement optimal de l’agriculture au Maroc.
La mise en place de plans nationaux
Le Maroc est en faveur du développement de son industrie agricole et agroalimentaire. Le Royaume souhaite que ses ressources en eau soient optimisées à la goutte près. Et ceci passe par la mise en place de différents plans nationaux.
Le Plan National d’Économie d’Eau d’Irrigation: Afin de promouvoir un modèle d’irrigation plus durable, le Maroc a mis en place le Plan National d’Économie d’Eau d’Irrigation. Ce plan a pour objectif d’optimiser l’utilisation des ressources hydriques et d’accroître la productivité de l’agriculture. Dans les grandes zones qui sont irriguées, le Plan National d’Économie d’Eau d’Irrigation soutient la modernisation du réseau d’irrigation. Et ce, afin de fournir des services de meilleure qualité aux agriculteurs. Un accès plus fiable à l’eau est essentiel dans la recherche d’une productivité accrue et de revenus plus élevés.
Des aides pour s’offrir une irrigation durable
De plus en plus d’agriculteurs marocains peuvent aujourd’hui bénéficier d’une aide en termes d’irrigation. On compte plus d’un million d’Ha couverts par ce type de dispositif. Le Maroc a couvert de larges superficies sous forme de prêts alloués afin de moderniser le réseau d’irrigation. Ce service permet aux agriculteurs d’adopter des technologies d’irrigation plus efficaces et plus efficientes. La micro-irrigation est la technique privilégiée par le Maroc. À titre d’exemple, le Crédit Agricole du Maroc a créé le Crédit SAQII afin de financer des aménagements hydro-agricoles modernes. Il s’agit d’un crédit composé à 80% d’un préfinancement sur subvention du FDA (Fonds de Développement Agricole) et à 20% d’un crédit amortissable.
L’irrigation durable a changé les pratiques des agriculteurs
Le Maroc encourage ainsi l’investissement dans des techniques d’irrigation économes avec la prise en charge de 100% des investissements pour les superficies inférieures à 5ha. De nombreux projets de désalinisation sont en cours. Un grand programme de reconversion en goutte-à-goutte a été lancé.
Ce programme, par exemple, comporte 5 tranches. L’objectif à terme étant de porter la superficie totale de reconversion collective à 57.500Ha. Au total, ce seront 32.600 agriculteurs qui pourront bénéficier en 2022 de cette reconversion en goutte-à-goutte. Une solution qui permettra de combler l’important déficit de pluie qui impacte l’ensemble des secteurs agricoles.