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Dossier: Stress hydrique, un partenariat public-privé sollicité

Stress hydrique: le déficit pluviométrique est estimé à près de 50%. Seuls 3 millions d’hectares ont été emblavés au lieu des 4,5 à 5 millions généralement réalisés.

Le Maroc face à un réel stress hydrique !

Les prévisions de croissance pour 2016 ont été revues à la baisse, en raison des aléas climatiques, et particulièrement en raison du déficit en pluviométrie. Cette situation a également des répercussions sociales, en poussant année après année les habitants des zones rurales vers les villes. Le pays est passé de 2 500 m3 d’eau disponibles par habitant et par an en 1960 à moins de 500 m3 aujourd’hui, et c’est pour les agriculteurs traditionnels que la compétition pour les ressources hydriques est la plus rude, alors que l’agriculture constitue le premier pilier de l’économie marocaine.

Le déficit pluviométrique était estimé au mois de décembre à près de 50%. Et à la même date, seuls 3 millions d’hectares ont été emblavés au lieu des 4,5 à 5 millions généralement réalisés.

Le Maroc est en situation de stress hydrique, un partenariat public-privé est sollicitéLes grandes cultures sont les plus affectées par le déficit pluviométrique, dominées par les cultures céréalières et de légumineuses de type traditionnel. Le petit élevage est également mis en difficulté.

Les zones irriguées par les barrages sont épargnées. Ces parcelles, destinées aux cultures de grande valeur ajoutée représentent 15 à 20% de la surface utile totale. Cette partie de productions a profité des eaux des barrages avec un taux de remplissage de 62,4% contre 73% l’année précédente.

Cas de la région du Souss Massa Drâa

La région du Souss Massa Draâ connait un grand déficit en matière de ressources hydriques d’environ 200 000 000 m3.

Et pour compenser ce déficit, un Plan Directeur des ressources hydriques a été mis en œuvre et le système d’irrigation en goutte-à-goutte serait généralisé dans la région. Dans ce cadre, 800 000 ha ont été convertis en irrigation localisée et la région se focalise actuellement sur les eaux non conventionnelles et les barrages pour palier à la situation de stress hydrique. Il est également à noter qu’un comité du contrat de la nappe phréatique a été formé, pour rassembler les propositions de tous les opérateurs dans la Convention Cadre.

En effet, les besoins en eaux d’irrigation dans la région, sont estimés à 230 000 000 m3. Ces besoins sont de plus en plus élevés et les ressources en eau se raréfient. Face à cette situation, l’Etat œuvre pour accélérer la mise en application du projet national de l’économie des eaux d’irrigation à travers la conversion des systèmes d’irrigation et le creusement de nouveaux puits.

Les sources de gaspillage sont les plus présentes au moment de l’acheminement de l’eau et de l’irrigation.

Le Maroc est en situation de stress hydrique, un partenariat public-privé est sollicitéEn ce qui concerne les eaux non conventionnelles, deux projets pilotes ont été programmés dans la région, celui du dessalement de l’eau de mer qui va représenter, en cas de réalisation, une alternative permettant de conserver la nappe phréatique. Ce projet permettra de produire 160 000 m3/jour, ce qui assure l’irrigation d’une superficie de 13 000 ha. Le deuxième projet, qui est celui de la station de traitement des eaux usées de Tiznit. Cette station permet de produire une eau de bonne qualité avec un débit de 54 litres/seconde. Les sources de gaspillage sont les plus présentes au moment de l’acheminement de l’eau et de l’irrigation.

Or l’agriculture exploite 86% des eaux gérées par les agences de bassin, ce qui rend primordial de s’orienter vers l’irrigation au goutte-à-goutte et les cultures peu consommatrices d’eau.

Le Plan d’urgence doit inclure le soutien direct aux agriculteurs

Le gouvernement a lancé début janvier un plan d’urgence pour venir en aide aux agriculteurs les plus menacés.

Ce plan d’urgence doit inclure le soutien direct aux agriculteurs à travers la distribution de fourrages, et d’aliments pour bétail. Il faut également apporter des mesures de soulagement aux crédits de campagne, en garantissant le rééchelonnement des emprunts agricoles.

Le déficit hydraulique est devenu une réalité au Maroc. Pour Ahmed Darrab, secrétaire général de l’ASPAM (association des producteurs d’agrumes marocains), les épisodes de sécheresse répétées poussent à rendre prioritaire les grands chantiers d’adduction de l’eau. Il est encore temps pour sauver une partie de la culture de printemps, s’il pleut dans les prochains jours. Cette pluie va participer à la reconstitution des nappes phréatiques.

Le recyclage des eaux usées bénéficient d’une subvention de l’Etat

Le recyclage des eaux usées, une solution sollicitée pour  diminuer la charge sur la nappe phréatique et faire face à la sécheresse, sera désormais subventionnée par l’Etat  à 40% du coût global, répartis par type d’équipements.

Ainsi, trois types d’infrastructures dédiées au recyclage et à la réutilisation des eaux usées sont concernés. Les stations d’épuration sont subventionnées à hauteur de 60%. Les ouvrages de pompage des eaux usées, quant à eux, pourront être financés jusqu’à 50%, et le financement des infrastructures d’adduction des eaux usées de la station d’épuration vers le lieu d’utilisation ne dépassera pas 30%. La subvention concerne tous types d’activités, industrie, agro-alimentaire, terrains de golf et espaces verts.

Ces subventions seront débloquées au profit des projets dont le montage financier est déjà bouclé. Seuls les bénéficiaires disposant d’une quote-part propre (fonds propres ou crédit bancaire) pourront ainsi bénéficier de la subvention de l’Etat suite au dépôt  du dossier indiquant l’identification du bénéficiaire, la provenance des eaux usées, leur débit annuel ainsi que l’objectif de l’utilisation.

Les techniques modernes pour économiser l’eau

Parmi les techniques modernes d’irrigation qui tiennent compte de la bonne gestion des eaux d’irrigation figure le système hydroponique fermé pour les cultures maraîchères, qui permet de récupérer les eaux d’irrigation non utilisées par la plante, pouvant ainsi assurer une économie de 2 000 m3/an. La culture hydroponique utilise les capacités de rétention d’eau et d’air du substrat pour faire pousser des plantes. Mais différents substrats impliquent différentes méthodes de cultures.

En agrumiculture, les techniques économiques en d’irrigation peuvent bien atténuer les effets de la sécheresse et minimiser la charge sur la nappe phréatique, et cela à travers l’adoption de la technique de culture hydroponique à circuit ouvert qui permet d’assurer aux arbres la juste quantité d’eau et d’éléments nutritifs nécessaires tout en réduisant le nombre de goutteurs autour de l’arbre. Ainsi, la consommation en eau serait d’environ 4 500 m3/ha/an, ce qui permet une énorme économie en eau d’irrigation.

Le conseil agricole peut bien être un levier de développement pour le secteur de l’eau.

Des perspectives pour une gestion durable

La mise en place de projets visant à économiser l’eau et installer des dispositifs pour faire face au stress hydrique nécessite l’établissement d’un partenariat public-privé. Ainsi, les problèmes de financement des projets tels que le dessalement de l’eau de mer, le recyclage des eaux usées et la mise en place de techniques modernes pour la gestion des eaux d’irrigation pourraient être résolus. Aussi, une révision des plafonds des subventions de l’Etat au profit des associations et des coopératives d’agriculteurs est sollicitée, ainsi que l’encouragement de la petite et moyenne irrigation dans les zones montagneuses.

Le Maroc est en situation de stress hydrique, un partenariat public-privé est sollicitéLe conseil agricole peut bien être un levier de développement pour le secteur de l’eau. Il faut former les consultants dans plusieurs domaines, particulièrement le pilotage de l’irrigation et l’utilisation des données climatiques pour préciser les apports en eau, insérer le conseil agricole dans la promotion de l’irrigation par goutte-à-goutte afin de limiter le gaspillage de l’eau au niveau des exploitations agricoles, organiser le domaine du conseil agricole dans le cadre de la nouvelle loi, former les consultants dans le domaine de l’économie d’eau et développer des partenariats avec les instituts de recherche pour créer de nouvelles techniques d’économie d’eau et se baser sur le conseil agricole pour qualifier la main d’œuvre au niveau des exploitations agricoles.

Enfin, il est souhaitable que le plan d’urgence soit durable, adapté à toutes les situations pour éviter les surprises en insérant le facteur climat dans ses composantes, basé sur le principe de partenariat public-privé pour construire les petits barrages de récupération des eaux de pluie et financer les projets de dessalement de l’eau de mer et l’insérer dans le contrat de la nappe phréatique. L’utilisation des énergies renouvelables, particulièrement l’énergie solaire, devrait aussi être considérée comme alternative aux techniques d’extraction des eaux souterraines, et l’encouragement de cette technique à travers des aides.

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