Le secteur des fruits rouges au Maroc : une croissance marquée par des défis climatiques.
Le secteur des fruits rouges au Maroc continue d’afficher une performance impressionnante sur le plan des exportations, malgré les défis environnementaux persistants. Lors du XXXIIIe Séminaire International sur les Fruits Rouges à Tanger, Mohamed Amouri, président de la Fédération interprofessionnelle marocaine des fruits rouges, a mis en lumière sur blueberriesconsulting les enjeux et opportunités auxquels fait face cette industrie jeune mais prometteuse.
Une croissance continue malgré les obstacles
En l’espace de 25 ans, l’industrie des fruits rouges au Maroc a su s’imposer sur la scène internationale. Jusqu’aux premiers mois de 2024, ce sont plus de 66 000 tonnes de myrtilles et autres baies qui ont été exportées vers le marché mondial. Cette dynamique a suscité des investissements massifs, dépassant les 6 000 milliards de dirhams, et généré près de 8 millions d’emplois. Les fruits rouges sont ainsi devenus un pilier de l’économie agricole d’exportation du pays.
Cependant, cette croissance est freinée par des conditions climatiques défavorables, notamment une sécheresse persistante depuis une décennie dans certaines régions du Maroc. Ce phénomène a conduit les agriculteurs à réorienter leurs cultures vers des espèces moins gourmandes en eau. Les framboises et myrtilles, notamment, ont vu leurs superficies plantées augmenter à respectivement 4 000 et 5 000 hectares, tandis que la culture des fraises a été réduite de 3 500 à 2 500 hectares.
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Les régions de Souss-Massa, en particulier Agadir, et Rabat-Kénitra, sont les principales zones de production de fruits rouges au Maroc. Agadir, bénéficiant de conditions lumineuses favorables, a longtemps occupé une place de choix grâce à sa capacité à démarrer la production plus tôt dans la saison. Kénitra, quant à elle, voit sa production débuter à la mi-février, consolidant son importance dans le secteur.
Cependant, la sécheresse menace de compromettre cet avantage, en particulier à Agadir, malgré les projets de dessalement mis en place pour maintenir l’irrigation. Cette situation pourrait redessiner la carte de la production nationale si des solutions durables ne sont pas trouvées pour pallier le manque d’eau.
Vers une diversification des marchés
Face aux aléas climatiques et à une concurrence accrue sur le marché européen, le Maroc cherche à diversifier ses débouchés. Mohamed Amouri a notamment souligné les efforts de l’industrie pour explorer de nouveaux marchés en dehors du continent européen, notamment au Moyen-Orient et en Chine. « Nous avons étendu nos ventes à d’autres pays… et nous essayons maintenant d’exporter vers la Chine, un marché immense où nous espérons alléger la pression sur le marché européen et produire des volumes plus importants à un meilleur prix », a-t-il déclaré.
Cette stratégie vise non seulement à répartir les risques, mais également à valoriser les produits marocains sur de nouveaux territoires, tout en optimisant les rendements économiques face à une demande mondiale en constante évolution.
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Malgré les efforts pour adapter les cultures et diversifier les marchés, l’avenir de l’industrie des fruits rouges au Maroc reste étroitement lié aux conditions climatiques. L’espoir d’un retour de pluies régulières demeure crucial pour stabiliser les productions et assurer la pérennité des exploitations. Dans ce contexte, les agriculteurs et les autorités locales devront continuer à innover et à investir dans des infrastructures durables pour sécuriser l’avenir de cette industrie stratégique.
Ainsi, le secteur des fruits rouges au Maroc, malgré des défis notables, semble déterminé à poursuivre sa croissance et à renforcer sa position sur les marchés internationaux.