La campagne des framboises marocaines a officiellement démarré, avec les premières expéditions déjà en route vers l’Europe. Ce lancement marque le début d’une saison qui s’annonce similaire à la précédente en termes de volumes et de destinations d’exportation. Toutefois, malgré une certaine stabilité du marché, le secteur doit composer avec des conditions de production de plus en plus complexes. Amine Bennani s’est confié à Freshplaza sur les perspectives cette année.
Une production stable mais limitée
Amine Bennani, président de l’Association Marocaine des Producteurs de Fruits Rouges, a confirmé que les surfaces cultivées de framboises au Maroc se sont stabilisées, atteignant un seuil en adéquation avec la demande actuelle. « La superficie a augmenté de manière exponentielle ces dernières années, avant de se stabiliser entre 4 200 et 4 500 hectares, répartis principalement entre les régions du Loukkos et de Souss Massa », explique-t-il . Une augmentation supplémentaire des surfaces semble désormais limitée, ce qui permet de maintenir un équilibre entre l’offre et la demande.
En termes de volumes, le Maroc produit annuellement entre 50 000 et 60 000 tonnes de framboises fraîches, et entre 10 000 et 12 000 tonnes de framboises congelées. Ce chiffre, qui correspond aux exportations de la saison précédente, devrait être maintenu pour la saison en cours. Trois variétés principales, d’origine américaine et européenne, dominent cette production.
Une météo clémente, mais des coûts de production en hausse
Si la tempête Bernard, qui avait durement frappé la côte atlantique du Maroc l’an dernier, n’est plus qu’un mauvais souvenir, les défis persistent pour les producteurs marocains. « Les conditions météorologiques se sont nettement améliorées cette saison », se réjouit M. Bennani. Toutefois, les producteurs doivent faire face à un environnement de plus en plus hostile sur le plan phytosanitaire. Le stress hydrique et le réchauffement climatique favorisent la prolifération des parasites, ce qui augmente les coûts de production. « Nous assistons à une augmentation significative des coûts de traitement, et l’interdiction croissante de produits phytopharmaceutiques complique encore la situation », précise-t-il. Les coûts d’exploitation auraient ainsi doublé, voire triplé, par rapport à la saison précédente.
L’Europe, un marché prédominant, mais des perspectives d’expansion
Côté demande, le marché européen continue d’être la principale destination des framboises marocaines. En raison de la fragilité du produit, les exportations se concentrent principalement sur des marchés proches comme le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne. Cependant, des négociations sont en cours pour développer des marchés plus lointains. « Nous explorons actuellement des opportunités dans les pays du Golfe et en Russie avec des expéditions par avion », indique M. Bennani. Bien que ces marchés présentent des perspectives prometteuses, l’Europe restera le premier débouché pour cette saison.
Une campagne qui s’étend jusqu’à mi-2025
Les premières expéditions en provenance de Souss Massa, notamment d’Agadir, sont déjà en route vers les marchés européens. Dans la région du Loukkos, la campagne devrait démarrer la semaine prochaine et se poursuivra jusqu’en mai-juin 2025. Malgré les défis, la filière marocaine de la framboise continue d’afficher une résilience notable, s’adaptant aux aléas climatiques et aux pressions du marché international.
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Ainsi, la saison des framboises marocaines s’ouvre sous de bons auspices, même si les enjeux liés au changement climatique et aux restrictions phytosanitaires obligent les producteurs à repenser leurs méthodes de production pour assurer leur compétitivité à long terme.