La culture de la tomate aux Pays-Bas, pilier du secteur maraîcher européen, retrouve son dynamisme après plusieurs années marquées par des défis. Lors d’une récente réunion des États membres de l’Union européenne, les Pays-Bas ont annoncé que leur production estivale avait presque atteint des niveaux normaux.
Cette amélioration survient après une période difficile due aux virus et à l’explosion des coûts énergétiques. Avec l’éclairage hivernal, les prévisions pour la saison froide tablent sur 180 000 tonnes, marquant un net rebond par rapport aux années précédentes. L’évolution des chiffres est éloquente : alors que la production hivernale avait chuté à 40 000 tonnes en 2022/2023, elle devrait quadrupler cette année. Les tomates en grappe représentent 70 % de cette production, tandis que les tomates cerises et de petite taille constituent le reste. Cette relance est attribuée à la reprise des pratiques énergétiques optimisées et à l’amélioration des variétés cultivées.
Malgré cette reprise aux Pays-Bas, les tendances varient au sein de l’Union européenne. La Belgique maintient une production stable, tandis que la Pologne se concentre sur les tomates roses pour échapper à la concurrence des importations turques. En Espagne, la situation est plus contrastée : une baisse des superficies cultivées et des défis climatiques pèsent sur la production hivernale, attendue à moins de 1,3 million de tonnes. Les variétés résistantes pourraient toutefois limiter les pertes. En France et ailleurs, la concurrence marocaine reste une préoccupation majeure, notamment sur les segments des tomates cerises. Les hausses de coûts de production – qu’il s’agisse de main-d’œuvre en Pologne ou des exigences de durabilité aux Pays-Bas – accentuent les pressions sur les producteurs. Les prix de détail augmentent parallèlement à ces défis, comme en Allemagne, où la consommation de tomates a progressé de 10 % en une décennie malgré une inflation marquée.
Aux Pays-Bas, les producteurs soulignent que la gestion des coûts liés à la durabilité et aux réglementations, notamment les exigences CSRD et les normes d’emballage, reste un défi majeur. Alors que les volumes de production stagnent, ces contraintes risquent d’alourdir encore davantage la chaîne d’approvisionnement. Les difficultés de ces dernières années ont mis en lumière l’importance de l’innovation et de la résilience. En Italie, par exemple, les investissements dans des serres high-tech et des variétés tolérantes au sel s’intensifient pour pallier les problèmes climatiques et de ravageurs. En Espagne, des efforts similaires portent sur l’adoption de variétés plus productives.
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Une étude basée sur l’intelligence artificielle révèle que la production européenne de tomates a diminué de 700 000 tonnes au cours de la dernière décennie, tandis que les importations n’ont progressé que de 400 000 tonnes. Cela traduit une offre globale en baisse malgré une demande relativement stable. Les consommateurs, notamment en Allemagne, semblent prêts à payer un prix premium pour des tomates de qualité, renforçant ainsi l’influence des grands marchés sur la filière.
Si les Pays-Bas donnent un signal positif avec une reprise significative de leur production, les défis structurels, qu’ils soient climatiques, économiques ou concurrentiels, ne disparaîtront pas. Pour maintenir leur position sur le marché mondial, les producteurs européens devront innover, collaborer et s’adapter aux attentes croissantes des consommateurs en matière de durabilité.