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Menthe en bio : Comment gérer les mauvaises herbes ?

Le désherbage est un enjeu majeur en agriculture biologique.  Les pratiques de gestion visent à garder la population de mauvaises herbes à un niveau qui n’entraîne pas une perte économique de la culture et ne nuit pas à sa qualité.

En agriculture biologique, l’usage des herbicides est interdit. Ceci ne doit pas limiter l’adoption et l’extension de ce type de production agricole. Dans le cas de la menthe biologique, la gestion des mauvaises herbes est basée sur les labours, le faux semis, le paillage, le binage, le sarclage, l’arrachage manuel des mauvaises herbes et l’incinération de la cuscute.

En utilisant les bonnes pratiques agricoles (irrigation, fumure et protection phytosanitaire), un seul désherbage manuel suffit entre 2 coupes, sachant que la menthe est une culture pérenne qui peut donner 4 à 5 coupes par an à raison de 10 à 20 tonnes/coupe/ha et reste productive pendant 4 à 6 ans.

Les mauvaises herbes associées à la menthe se répartissent en 4 groupes :

  • Les graminées annuelles comme le pâturin, les sétaires, le polypogon, le ray grass, l’avoine, les alpistes, etc.
  • Les dicotylédones annuelles comme le pourpier, les chénopodes, les amarantes, les mauves, l’ortie, le coquelicot, le laiteron, les chardons, les moutardes, etc.
  • Les vivaces comme les liserons, le chiendent, le souchet, la morelle, etc
  • Les parasites comme la cuscute

Gestion des mauvaises herbes

Labours et faux semis

Tout d’abord, il est préférable que la parcelle (ou la serre) choisie pour planter la menthe soit non infestée par les mauvaises herbes vivaces (liserons, chiendent, souchet, morelle ou autres).

Si la parcelle qui sera plantée avec la menthe est infestée avec les mauvaises herbes vivaces, un ou plusieurs labours profonds seraient donc nécessaires pour extirper les systèmes enterrés des vivaces (rhizomes, stolons, tubercules, bulbes, souches). De même, des ouvriers peuvent collecter et brûler les vivaces. Ne pas oublier qu’en agriculture biologique, il n’est pas permis d’utiliser les herbicides comme le glyphosate pour détruire les vivaces.

A noter que l’éradication des mauvaises herbes vivaces peut parfois prendre plusieurs semaines ou mois. L’essentiel est d’avoir une parcelle convenable et propre avant de planter la menthe. Car, la gestion des mauvaises herbes vivaces dans les cultures est très difficile voire impossible, et on finit, dans la plupart des cas, par abandonner la parcelle de menthe infestée par les mauvaises herbes vivaces et chercher une autre parcelle.

Le faux semis consiste à irriguer le terrain pour favoriser la germination et la levée des mauvaises herbes, et ensuite labourer pour détruire toute la végétation. En plus des labours, il est possible de recruter la main d’œuvre pour dégager les systèmes enfouis des vivaces avec les houes et les pioches, les exposer au soleil ou les collecter et brûler. Ces différentes opérations peuvent être répétées plusieurs fois avant de procéder à la plantation.

En général, un labour profond avec la charrue à disques ou à socs coûte environ 500 DH/ha. Un labour moyen avec le cover crop coûte environ 200 DH/ha. Les salaires pour la main d’œuvre varient de 70 à 100 DH/jour.

Sarclage

Après la plantation de la menthe, les mauvaises herbes lèvent et occupent l’espace vide entre les plants cultivés. Si les infestations sont importantes, il y a concurrence des mauvaises herbes avec la culture pour l’eau et les éléments nutritifs, et réduction du rendement et/ou de la qualité de la menthe. Le sarclage précoce est donc nécessaire en utilisant la main d’œuvre équipée d’outils comme le couteau, la sarclette, le sarcloir ou la binette.

Les racines des mauvaises herbes sont sectionnées au dessous du collet; les annuelles étant totalement détruites alors que les vivaces alors que les vivaces reprennent leur croissance. Il faut environ  jours de travail pour désherber 1 ha, avec un avec un coût de 800 à 1000 DH/ha. Une seule opération de sarclage manuel suffit entre 2 coupes, sachant que la menthe offre 4 coupes par an.

Binage 

Comme en agriculture conventionnelle, il est possible d’utiliser le binage mécanique avec la bineuse tractée, le binage à traction animale pu le binage manuel. Les binages mécaniques et à traction animale détruisent les mauvaises herbes qui se trouvent entre les lignes, alors que le binage manuel détruit les mauvaises herbes qui se trouvent sur les lignes. Ces opérations de binage nécessitent un espacement adéquat (50 à 100 cm) entre les lignes.

Paillage

Après plantation de la menthe, il est possible d’épandre de la paille des céréales (ou autres) pour couvrir le sol entre les plants de la menthe. Et, c’est d’autant plus facile qu’il suffit pour cela de disposer en contact du sol des résidus de cultures, des plantes mortes, des brindilles et des branches broyées, les tontes de gazon, des copeaux de bois, des déchets compostés, de la paille, etc. L’essentiel est de ne pas couvrir des plants de menthe, mais de conserver une épaisseur de paillis entre 3 et 10 cm environ. Le paillis couvre la terre et empêche la lumière d’atteindre la surface du sol, ce qui réduit la germination et la levée des mauvaises herbes. Pailler présente également l’avantage de réduire l’arrosage et l’apport d’engrais.

Le paillage avec les bâches en plastique, polyéthylène, polypropylène ou autre peut être utilisé, avant de planter, le long des rangées ou des lignes de plantation. Toutefois, les paillis organiques ont l’avantage d’être biodégradables.

Incinération de la cuscute

La cuscute est une plante parasite qui s’enroule autour des plantes cultivées et forme parfois un tapis dense jaune. Elle appartient à la famille des liserons ou Convolvulaceae. Les plantes parasitées par la cuscute sont affaiblies et n’ont aucune valeur commerciale, car la cuscute prélève l’eau et les substances nutritives. Puisque les herbicides ne sont pas permis, seul le fauchage des plantes de menthe parasitées par la cuscute et l’incinération sont préconisés.

Eviter la menthe bio en monoculture

La menthe en monoculture peut être facilement envahie par les mauvaises herbes, les ravageurs et les agents pathogènes. ce qui pousse les producteurs à abandonner l’agriculture biologique et se convertir en agriculture conventionnelle.

Pour éviter la monoculture et créer une biodiversité végétale, on peut associer la menthe avec d’autres cultures compagnes : absinthe, ail, artichaut, aubergine, carotte, céleri, chou, coriandre, courgette, fève, haricot, laitue, navet, radis, sauge, persil, oignon, etc.

Cette diversification des cultures bio s’avère pratique (cas de la ferme pédagogique de Terre et Humanisme Dar Bouazza, cas de Swani Tiqa à Shoul, etc…), puisque d’une part les bonnes pratiques agricoles (irrigation, fumure et protection phytosanitaire) sont suivies, et d’autre part les mauvaises herbes, les ravageurs et les agents pathogènes sont maîtrisés sans pesticides. Les producteurs sont organisés en réseaux ou associations qui regroupent plusieurs jardins maraîchers agro-écologiques, à tel point que la menthe bio et autres produits agricoles bio Sont disponibles pendant toute l’année.

Dans le cas de la menthe biologique, diverses techniques de désherbage non chimique Sont la portée des agriculteurs: labours, faux semis, paillage, binage, sarclage, arrachage manuel des mauvaises herbes et incinération de la cuscute. La combinaison de ces techniques exige une mécanisation adaptée et une main d’oeuvre qualifiée. En somme, pour réussir la menthe bio, il faut éviter de l’installer en monoculture mais la planter en association avec d’autres cultures compagnes.

Avec INRA, AgriMaroc et Agriculture du Maghreb
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Un commentaire

  1. C’est un excellent article mais le nom de l’auteur ne figure pas.
    Veuillez l’ajouter s’il vous plaît.

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