Les LMR et leur rôle dans la sécurité alimentaire.
Un dossier complet sur les pesticides, publié le 11 février par son auteur Cathernie Regnault-Roger, Professeur à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA) en France, met l’accent sur les limites maximales de résidus (LMR) et leur rôle dans la sécurité alimentaire.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’alimentation représente 80 % de l’exposition aux pesticides au quotidien. Évaluer la teneur en résidus de pesticides dans les aliments et avoir des indicateurs fiables représentent deux éléments clefs pour la sécurité des consommateurs, indique le dossier.
Une base de données des LMR européennes a été mise en place et elle est régulièrement mise à jour. La Commission européenne, assistée par le Comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale (CPCASA), se prononce à partir de cet avis.
Le dossier précise que dans les États membres de l’UE, ce sont des organismes désignés par les autorités nationales qui gèrent les contacts avec la Commission européenne, l’EFSA, les autres États membres, et tous les acteurs du secteur. Ils ont également la responsabilité des contrôles afin de vérifier si les LMR sont respectées. Les analyses s’effectuent dans des laboratoires à haute technologie analytique, aujourd’hui en plein développement.
Un programme de contrôle pluriannuel est défini par le règlement européen publié en 2010. Son but est d’examiner les teneurs maximales en résidus de pesticides des denrées alimentaires et d’évaluer l’exposition du consommateur à partir de protocoles rigoureusement définis. L’objectif est de diminuer les écarts existant entre les États membres, indique l’auteur, ajoutant que deux types de programmes de surveillance ont été mis en œuvre. Le premier, coordonné par l’Union européenne, porte sur trente denrées alimentaires considérées comme composants majeurs du régime alimentaire des Européens (fruits, légumes, céréales et produits d’origine animale). Il existe par ailleurs un programme national de surveillance et de contrôle propre à chaque État membre, dont les données sont transmises à l’EFSA. Une synthèse est publiée dans l’EFSA Journal. Elle s’intitule « European Union report on pesticide residues in food ». Le dernier en date est celui qui a été publié le 12 mars 2015 et qui fait état de la campagne 2013.
Les produits de l’UE dans les normes
Au total, pour l’année 2013, ce sont 80 967 échantillons qui ont été analysés dans les programmes nationaux et dans lesquels 685 molécules pesticides ont été quantifiées. Ils proviennent pour 55 253 échantillons (soit 68,2 %) des 29 pays participants au programme et pour 22 400 échantillons (soit 27,3 %) de pays tiers hors UE dans le cadre des importations, alors que 3 314 échantillons (autour de 4 %) sont de provenance indéterminée, informe l’auteur, précisant que le programme transversal européen a, en 2013, suivi 12 produits de consommation courante (pomme, chou, laitue, pêche et nectarine, poireau, tomate, fraise, seigle ou avoine, lait de vache, vin, viande de porc) et 209 molécules pesticides ont été évaluées dans 11 582 échantillons.
Les produits bio contiennent des résidus de pesticides
Les analyses réalisées sur les produits bio indiquent que sur les 4620 échantillons provenant de produits de l’agriculture biologique, 134 molécules pesticides sont détectées et 0,8 % des échantillons excèdent les LMR. Le rapport avance l’hypothèse qu’il n’y a pas forcément de fraude de la part de l’exploitant agricole mais qu’il faut examiner le contexte environnemental.
Les producteurs de bio s’engageant dans leur cahier des charges à ne pas utiliser certains pesticides qualifiés de « chimiques » (de synthèse) sur leurs exploitations, les produits de l’agriculture bio ne pourraient donc pas contenir de résidus de ces pesticides « chimiques ».
Pas de risque significatif sur la santé à long terme
L’ensemble des résultats des programmes européens de surveillance des LMR a permis à l’EFSA de conclure que les niveaux quantifiés de résidus pesticides dans les principaux aliments consommés par les Européens n’engendrent pas de risque sanitaire significatif sur le long terme pour la santé du consommateur.
À côté de ces études européennes, la DGAL3 en France a publié un « Bilan de la surveillance des résidus de produits phytopharmaceutiques dans le domaine de la production végétale primaire en 2013 »4. Ce sont 769 prélèvements (dont 271 fruits et 526 légumes) qui ont été réalisés à la récolte au cours de contrôles chez les exploitants agricoles utilisateurs de produits phytosanitaires. Le cadre de l’opération était la recherche de possibles non-conformités dans l’utilisation de produits phytopharmaceutiques, les mésusages et le contrôle des zones non traitées (ZNT). Des analyses multi-résidus ont été opérées sur les échantillons, générant en tout 200 000 résultats.
A la fin du dossier, l’auteur indique qu’à travers la définition d’indicateurs de sécurité alimentaires comme les DJA ou les LMR, la qualité sanitaire des produits alimentaires s’est améliorée. L’ampleur du programme de surveillance au niveau européen, ainsi que la mise en œuvre plus modeste en France d’une démarche de contrôle du respect des LMR des produits récoltés, démontrent la forte volonté des autorités européennes et nationales de limiter les risques sanitaires dus aux résidus pesticides. Il est important d’informer le public de cette réalité afin de contrer, à partir d’éléments tangibles et objectifs, les campagnes de peur et les articles alarmistes qui se multiplient ces derniers temps sur le sujet.