Légumineuses: conseils en préparation du sol et implantation
Lentilles, fève et pois chiche sont les trois principales légumineuses alimentaires cultivées au Maroc. Néanmoins, les agriculteurs rencontrent souvent des problématiques d’ordre technique lors des différents étapes d’implantation, d’entretien et de stockage.
Choix des variétés à cultiver
Le choix des variétés à cultiver émane de l’objectif d’avoir des rendements les plus élevés, avec un coût avantagé à la production, compte tenu des besoins du marché et de la qualité exigée. Un compromis doit être fait pour concilier ces critères à la précocité qui évite à la culture la sécheresse de fin de cycle, et la résistance génétique aux maladies.
L’utilisation des semences sélectionnées et certifiées est parmi les facteurs de production essentiels ayant été à l’origine des progrès spectaculaires de l’agriculture moderne. Le choix de la variété revêt une importance considérable. Dans le cas des fabacées, la variété doit avoir les caractéristiques suivantes :
- Un système racinaire profond (50 cm) avec une bonne nodulation répartie sur une profondeur de 10 à 12 cm et un système végétatif permettant une meilleure réception des photosynthétiques actives avec des ramifications primaires et secondaires assez épaisses et équilibrées conférant à la plante un port dressé ou semi-étalé.
- Une floraison synchrone et de courte durée et une insensibilité au photopériodisme (pour la lentille et le pois chiche) et une auto-fertilité élevée, chute des fleurs réduite et résistance à la verse (pour la fève).
- Une haute fertilité liée à un nombre élevé d’inflorescence par tige, de gousses par inflorescence ou de graines gousses, avec une maturité synchrone et des gousses non déhiscentes.
- Un développement végétatif précoce.
- Un degré de tolérance aux conditions du stress physique (froid, sécheresse, chaleur) et une résistance génétique aux maladies.
- Une bonne qualité culinaire.
Variétés de fève
Variétés de lentille
Variétés de pois chiche
Préparation du sol
Préférences aux sols des trois espèces
- La fève préfère les terres argilo-calcaires profondes ayant une bonne réserve utile et de fertilité modérée. Elle craint les sols pauvres et secs ainsi que les sols très humides. Le pH favorable se situe entre 6,5 et 8. Concernant la salinité, la DLS 50% se situe au voisinage de 9mm hos/cm ; des teneurs en sels sodiques de 25 à 35mg/100g de sel inhibent complétement la germination et la formation des nodules.
- La lentille s’adapte à plusieurs types de sols. Les meilleurs se situent entre argileux perméables et sablonneux. Les sols trop fertiles ou trop humides Sont à éviter. La lentille se développe aussi bien en sols acides (6 – 65), ou alcalin (7,5 – 9). Cependant, pour un pH supérieur 9, la nodulation et les rendements sont très réduits.
- Le pois chiche se cultive de préférence sur des sols assez lourds, pourvu qu’ils soient bien drainés (l’excès d’humidité rend la plante très sensible aux maladies). S’il présente encore une certaine adaptation à des sols meubles sablo-argileux, les sols sableux ou trop calcaires sont, par contre, à déconseiller pour sa culture (les grains obtenus sur sol calcaire cuisent mal).
Place dans les systèmes de cultures
Les légumineuses alimentaires sont cultivées comme précédent des céréales ou en association avec d’autres espèces. En général, la rotation biennale céréales-légumineuses est meilleure que blé-jachère. L’écart est d’autant plus important quand on apporte des engrais phospho-potassiques sur les légumineuses et que le systérne Rhizobia-nodules est soit efficient de point de vue fixation azotée.
IMPORTANT
Le labour n’est pas une technique sans inconvénients. Elle est parfois condamnée de pratique destructrice des sols, surtout en zones semi-arides. On a inventé le zéro labour qui est l’une des techniques utilisées dans l’agriculture de conservation. Ce système est vivement recommandé par les chercheurs de l’INRA.
Quand travailler le sol ?
Dans certaines situations quand le travail du sol est exigé, labourer juste après la moisson de la récolte précédente. Dans ce cas, l’humidité du sol convient mieux que quand le sol se dessèche et durcis.
Il est recommandé d’utiliser les outils à dents (Chisel, Rouleau, Sweep) afin de permettre la conservation de l’eau et du sol.
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Rappel sur le système de semis direct
Le zéro labour et le maintien d’une partie des résidus en surface et les racines permet à ce sol :
- Une meilleure infiltration et conservation de l’eau
- Une augmentation de la séquestration du carbone et donc une amélioration de la matière organique
- Une protection contre les érosions physiques et chimiques et une activité biologique plus
Le semis direct présente la solution des grandes cultures pour l’agriculture pluviale.
L’élevage et le pâturage n’entravent en rien l’adoption du semis direct mais les pratiques doivent changer. La simplification des façons agricoles par des travaux du sol devrait permettre aux agriculteurs de mieux préparer leurs campagnes agricoles.
L’introduction de cultures fourragères est une technique qui permet de réduire le stock des semences des adventices dans le sol, d’interrompre les cycles des prédateurs et de produire de l’aliment pour l’élevage à moindre coût.
Le semis direct ne se résume pas à l’utilisation d’un semoir ni à l’élimination des travaux du sol, c’est plutôt un système de gestion des sols et des cultures qui permet la conservation des ressources naturelles (sols et eaux).
Implantation
Le semis de lentille, de pois chiche d’hiver et de fève sèche doit se faire pendant que les températures sont encore clémentes pour permettre à la semence de germer et d’atteindre un certain stade de croissance avant la chute des températures. Habituellement, les semis sont effectués entre novembre et décembre.
En culture de fève primeur, les semis sont effectués en août-septembre, de façon à obtenir la production en vert entre décembre et janvier. Quant à la culture de pois chiche de printemps, le semis s’effectue habituellement entre le 15 février et le 15 mars.
La quantité dépend du mode de semis, des écartements appliqués, du poids de mille grains et de la faculté germinative. Cette quantité se situe autour de 50 kg/ha pour la lentille, 80 kg/ha pour le pois chiche et 120 kg pour la fève.
Généralement, on sème avec des écartements permettant d’intervenir avec une bineuse interrangs pour mieux maîtriser l’enherbement.
On peut aussi pratiquer le semis en lignes jumelées de un à deux mètres d’écartement entre double lignes distancées de 20 à 30 cm. Cette pratique Peut être considérée comme jachère travaillée. On peut également pratiquer des interlignes serrées de 35 cm dans le cas de la lentille à condition de maîtriser le désherbage chimique.
On sème à la main, à l’aide d’une houe ou bien à la charrue. Dans les deux cas, on ouvre des sillons la profondeur voulue (la profondeur d’enfouissement des graines doit être de l’ordre de 5 ou 6 cm), on y place les graines, on recouvre enfin, soit la houe, soit la herse. On Peut aussi travailler au semoir ordinaire, convenablement réglé.
Chez la lentille et le pois chiche, des traitements de semences par l’AIB ou l’AIA améliorent la levée et la précocité.