Le compost à base de la plante sous-marine Posidonia oceanica.
Actuellement, le monde agricole est en expansion continue. La nécessité d’accroître la productivité agricole et d’améliorer la qualité des récoltes préoccupe de plus en plus les chercheurs et les milieux compétents afin de faire face aux conditions climatiques défavorables, à l’appauvrissement rapide des sols en éléments nutritifs mais aussi aux prix élevés des engrais chimiques qu’il est nécessaire d’appliquer en quantités importantes.
Les besoins en matière organique sont ainsi de plus en plus élevés. Indispensable dans nos systèmes de culture, la matière organique joue un rôle capital dans l’amélioration des propriétés physiques et chimiques du sol et par ailleurs dans l’amélioration de la fertilité des terres ainsi que dans le cadre des rendements des cultures. Parmi les matières organiques assez utilisées dans le monde agricole, les chercheurs ont fortement insisté sur l’efficacité du fumier, source qui n’est pas assez abondante.
Avec le contexte actuel du monde agricole, plusieurs recherches, visant la valorisation de nouvelles sources de matière organique susceptibles de compléter, ou de remplacer dans certains cas les apports organiques nécessaires, ont été mis en place. Le compostage des plantes marines et en particulier le compostage de Posidonia Oceanica demeure une solution alternative très intéressante. En effet, la famille des posidoniacées, dont le nom est inspiré du dieu de la mer grec Poséidon, se compose de 9 espèces. En effet, 8 d’entre-elles sont localisées sur les côtes australiennes tandis que la neuvième, la Posidonia Oceanica, est endémique de la Méditerranée. Il s’agit en effet d’une plante sous marine et non pas d’une algue qu’on peut facilement ramasser. Elle fleurit sous la mer et forme de vastes herbiers indispensables à l’écosystème marin de la Méditerranée.
La Posidonia Oceanica est devenue depuis quelques années un baromètre efficace pour évaluer la qualité du milieu marin de la Méditerranée et juger de son état écologique. Elle se reproduit comme toutes les plantes grâce à ses fruits. Actuellement, cette espèce est particulièrement en déclin à cause de la pollution due à l’activité humaine.
Depuis longtemps, les agriculteurs des côtes méditerranéennes utilisaient les feuilles mortes de Posidonia Oceanica comme compost dans le but de maintenir un certain taux d’humidité à la surface du sol, ou à aérer les sols trop compacts, si elles sont enterrées. En Corse, par exemple, on brûlait les feuilles mortes sur les terrains de culture, afin de les amender (Conrad, 1982 ; Fig. 51).
Aujourd’hui, ces méthodes ne sont plus beaucoup utilisées. Toutefois, des essais ont été effectués en Italie, en Tunisie et en Grèce et dans d’autre pays dans le but de produire un compost à base de feuilles de Posidonia Oceanica, avec des résultats importants et intéressants (Sordina, 1951 ; Saidane et al., 1979 ; Seri et al., 2004).
Dans ce cadre, une étude a été faite par Saidaine et al en 1979 dans le cadre d’une collaboration tunisio-belge. Cette étude a consisté dans le compostage des feuilles de Posidonia Oceanica afin d’utiliser le compost obtenu comme amendement organique ou aussi substrat horticole. Les résultats ont montré que le compost à base de Posidonia contient des propriétés physiques adéquates permettant un bon développement radiculaire des plantes. Grâce à ses qualités, il peut être aussi utilisé comme un substrat horticole de qualité une fois enrichi par une fumure de fond. En outre, cette étude a permis de mettre en évidence, la présence dans le compost de composés de structures semblables à celles des substances extraites d’un fumier en pleine maturation.
Une autre étude, aussi réalisée par Taamallah et al, a confirmé les résultats de Saidaine et al. Cette étude a par ailleurs montré que les caractéristiques physiques et chimiques d’un compost à base de Posidonia sont d’une part adéquates pour son utilisation comme amendement du sol. D’autre part, et malgré une teneur en eau faible, ce produit est suffisamment aéré et permet son utilisation comme substrat de culture.
Egalement en Espagne, un projet a été mis en place et a consisté dans l’installation d’une unité de compostage capable de traiter 1.5000 m3/an de déchets végétaux. Le compost obtenu et contenant un mélange de feuilles mortes de la Posidonia Oceanica, ainsi que d’autres détritus végétaux (dans un rapport d’environ 1/3). Ce compost présente de bonnes caractéristiques physico-chimiques, riche en éléments nutritifs et peut être utilisé pour la reforestation et dans d’autres actions de préservation de l’environnement. En effet, selon certains chercheurs, les feuilles de Posidonia Oceanica fraîches possèdent une bonne valeur nutritive, semblable à celle du foin ou de la luzerne (Molinier et Pellegrini, 1966).