La lutte contre « les plantes qui poussent dans les mauvais endroits ».
Les mauvaises herbes ou les adventices sont aussi appelées «les plantes qui poussent dans les mauvais endroits». Bien adaptées à leur environnement, elles se propagent naturellement au détriment des plantes cultivées. Les adventices sont souvent connus comme les problèmes majeurs dans les systèmes céréaliers conventionnels ou biologiques. En effet, elles exercent une concurrence avec les céréales vis-à-vis de la lumière, de l’eau, des éléments nutritifs mais aussi de l’espace. Cette concurrence entraîne une baisse considérable du rendement. Selon certaines études, les pertes du rendement sont dues aux mauvaises herbes qui varient entre 15% et 68% en fonction des régions, des conditions climatiques et de la nature de la flore adventice. (Hasnaoui, 1994; Rsaissi & Bouhache, 1994). En plus de la dégradation des rendements, elles affectent la qualité des récoltes par l’augmentation des pourcentages et des impuretés dues aux semences toxiques. Ce qui peut augmenter le taux d’humidités dans les silos de stockages favorisant les odeurs et les goûts désagréables. En outre, la flore adventice peut servir d’abri pour limaces et les ravageurs.
La lutte contre les mauvaises herbes est un aspect important qui préoccupe souvent les agriculteurs. En général, l’élaboration d’un programme de lutte intégrée qui tient des pratiques culturales et de la lutte chimique, tire le meilleur compromis de toutes les stratégies de lutte offertes. En effet, l’emploi d’une seule méthode de lutte pourrait augmenter la résistance des mauvaises herbes.
Parmi les méthodes incontournables de lutte contre les mauvaises herbes des céréales, on cite:
La rotation: Contrairement à la monoculture qui favorise une flore adventice abondante, la rotation évite l’apparition d’une flore à forte nuisibilité. La présence des assolements variés avec des cultures nettoyantes et enrichissantes en Azote, comme les légumineuses, perturbe le cycle de croissance des cultures et les empêche de s’adapter à un système de culture donné. D’après certaines études, une rotation maïs-soja-blé par exemple, peut permettre de diminuer l’infestation par la sétaire géante de 80%. (Douville, 2000). En outre, la rotation permet l’utilisation de différents herbicides et permet d’éviter chaque année le recours aux mêmes matières actives.
Les semis direct: Le semis direct est une technique très utilisée dans la lutte contre les adventices. Ce système de production consiste à semer les cultures dans un sol non travaillé. Aucune préparation du sol n’est effectuée avant le semis, pour ce fait, les semences doivent être directement placées sur les chaumes de la culture précédente dans des petits trous de profondeur et de largeur convenable. Un traitement contre les mauvaises herbes doit être fait environ une semaine avant le semis. De plus, l’utilisation d’un herbicide de contact non résiduel est fortement conseillé.
Les cultures de couverture: L’utilisation d’une culture de couverture (plante semée après ou pendant la croissance d’une plante principale), telle que: Le siègle, le sarrasin et/ou de certaines cultures fourragères, permet de lutter efficacement contre les mauvaises herbes. Ces cultures opposent une barrière physique contre le développement des adventices ce qui retarde considérablement leur propagation. Plusieurs études ont démontré que le rendement du blé provenant de cultures céréalières avec une couverture d’hiver, sans autres mesures de lutte, était analogue au rendement du blé sans travail du sol, ni application d’herbicides (Moyer et coll., 2000).
La lutte chimique contre les mauvaises herbes: Dans un contexte où les préoccupations environnementales se développent et où les inquiétudes relatives à la qualité des produits alimentaires augmentent, le recours à la lutte chimique contre les mauvaises herbes est encore très répandu dans nos systèmes de culture. Les méthodes alternatives de lutte intégrée ont encore du mal à se trouver une place. Cependant, il est très important de raisonner l’utilisation des herbicides via l’identification et la classification des espèces d’adventices en monocotylédones et en dicotylédones, mais aussi de bien positionner les traitements selon les cycles culturaux. Plusieurs études recommandent un traitement précoce des herbicides dans le cadre des systèmes céréaliers. Ce type d’intervention peut se faire du stade trois feuilles, jusqu’au stade fin tallage de la céréale.