Associations céréales-légumineuses: les intérêts.
Les légumineuses ou les fabacées comprennent des milliers d’espèces comme le pois, la fève, l’haricot, le lin… Ces plantes, appelées aussi engrais verts, ont la capacité de fixer biologiquement l’azote atmosphérique grâce à une symbiose qu’elles développent naturellement avec des bactéries du genre Rhizobium. Ces bactéries sont abritées au niveau des nodosités racinaires.
Les légumineuses fournissent ainsi les substances énergétiques carbonées aux bactéries qui en contre partie fournissent aux plantes les substances azotées fixées directement à partir de l’azote atmosphérique. Autrefois les associations céréales-légumineuses ou « les mélanges céréaliers » ont été largement cultivées.
Depuis la révolution chimique, ce système de culture a été mis en suspension. Actuellement et avec les nouveaux défis de l’agriculture de demain qui valorise les écosystèmes, optimise la production et diminue les intrants chimiques, ces types d’associations font de nouveau parler d’elles. En effet, l’inclusion d’une légumineuse dans un système de rotation grande cultures est une stratégie gagnante où les avantages sont multiples. Parmi lesquels :
Une bonne compétitivité vis-à-vis des mauvaises herbes
Les associations céréales-légumineuses permettent de réduire considérablement la densité des adventices du fait d’une couverture plus rapide et plus dense du sol. Cette couverture diminue le degré de salissement des parcelles et limite considérablement l’utilisation des herbicides.
Meilleure résistance aux ravageurs et aux maladies
Grâce à l’effet barrière, les associations légumineuses-céréales diminuent le niveau de contamination par les ravageurs. Une moindre sensibilité aux maladies notamment fongiques est aussi observée. Plusieurs études ont montré une réduction de l’anthracnose du pois en association pois-orge de printemps et pois-blé d’hiver (Schoeny et al., 2010). Une réduction des pucerons verts du pois a été également observée avec des associations pois-blé dur d’hiver (Ndzana et al., 2014).
Exigences réduites en termes d’apport azotés
Les performances des céréales dépendent fortement de la disponibilité de l’azote dans le sol. Les légumineuses, grâce à leur faculté de fixer l’azote atmosphérique, contribuent à enrichir le stock azoté des sols. De ce fait, les apports en engrais chimiques sont réduits pour la culture suivante : selon certaines études, la réduction de la dose d’azote après un pois peut être en moyenne de 20 à 60 kgN/ha pour un blé et de 30 à 60 kgN/ha pour un colza (Carrouée et al., 2012). Sans oublier que cela permet de réduire significativement les risques d’émissions de gaz à effets de serre GES. En effet, lors d’une association blé- pois par exemple, l’émission de GES est de 30 à 60% inférieur à celle en cultures pures
Des rendements globaux plus meilleurs et plus stables par rapport aux cultures purs
Lors des associations céreales-légumineuses, les gains en termes de rendement sont essentiellement observés dans des parcelles dont la fertilité est moyenne ou faible avec un bas niveau d’azote. Dans ces conditions, le gain est directement lié au bon fonctionnement des cultures. En effet, les associations favorisent une biodisponibilité plus importante de l’azote ainsi que d’autres éléments minéraux (P, K) nécessaires.
Elles assurent aussi une complémentarité des espèces vis-à-vis des autres facteurs de croissance (eau, lumière). C’est ainsi que les rendements des associations, tant en matière sèche qu’en protéine, sont supérieur au rendement moyen des cultures pures correspondantes, et ce gain peut atteindre dans certains cas 20%
Malgré ces avantages indéniables, les systèmes de cultures associant légumineuses et céréales sont de loin les plus cultivés, les surfaces occupant ce type de système de culture sont actuellement assez réduites. En effet, les légumineuses sont peu attractives pour les agriculteurs, notamment par rapport aux céréales du fait des rendements d’une part, du prix sur le marché et des débouchées commerciaux d’autres part.
En outre, la culture des légumineuses nécessite un minimum de technicité (récolte, tri, collecte) qui décourage les agriculteurs à la cultiver en faveur des céréales. Cependant, la mise en place de référentiels techniques simplifiés, des conseils bien adaptés ainsi qu’un accompagnement personnalisés permet certainement de résoudre les problèmes rencontrés par les agriculteurs et leur aider à dépasser cette barrière de technicité assez redoutable.