Maroc: Gestion durable de l’agriculture pour faire face au stress hydrique.
L’agriculture au Maroc joue un rôle indispensable dans le développement économique, social et même politique du pays. Toutefois, dans le contexte du changement climatique actuel (baisse tendancielle de la pluviométrie, augmentation constatée de la température, sécheresses plus fréquentes), le pays, conjugué à une explosion des besoins (pression démographique, développement urbain, développement industriel et touristique très exigeant en eau) se trouve face à une sérieuse problématique de stress hydrique qui tire la sonnette d’alarme.
En effet, selon une étude faite par le Word Ressources Institute (WRI), le Maroc figure parmi les 19 pays qui vont connaitre le plus d’impacts négatifs liés au stress hydrique. La sur-utilisation des ressources en eau, accentuée par des sécheresses de plus en plus fréquentes et aiguës, font que ces impacts s’élèvent et se renforcent: Depuis 2000, par exemple, 3 bassins hydrauliques sur 8 se trouvent en situation de stress ou déficit hydrique entraînant par ailleurs une surexploitation des nappes, en outre, une étude à montré que d’ici 2020, 5 bassins hydriques sur 8 seront potentiellement déficitaires.
L’agriculture au Maroc se trouve actuellement face à plusieurs défis posés par son contexte intérieur et extérieur dont la problématique de l’eau représente le défi majeur puisque 80 à 90% de la consommation nationale en eau est liée à l’agriculture.
Ces défis obligent le pays à entreprendre des mesures d’intervention adaptative efficaces et économiques afin de répondre à une exigence de changement climatique. Le défi du développement d’une agriculture durable nécessite, en effet, l’innovation et la réforme, tout en accordant une attention particulière à la conservation des ressources naturelles. Parmi les mesures mobilisés par le pays on cite:
Le contexte de rareté croissante des ressources hydriques a amené le Maroc à accorder un intérêt particulier à l’amélioration des performances des systèmes d’irrigation
Dans le but de l’adoption d’un programme d’économie, plusieurs actions (techniques, institutionnels, tarifaires…) ont été mises en place afin de promouvoir et valoriser l’eau d’irrigation. Ces actions visent, par exemple, à la reconversion, en irrigation localisée, les terres adoptant les techniques d’irrigation de surface et par aspersion. En outre, de grands efforts ont été déployés pour l’aménagement des périmètres d’irrigation et l’accélération du rythme d’équipement.
La reconversion des systèmes actuels de production vers des cultures à haute valeur ajoutée
Le pays vise à l’adoption d’un programme de reconversion des céréales par exemple (culture fortement dépendante de la pluviométrie) vers l’arboriculture fruitière (olivier, amandier ou figuier notamment). Les plantations arboricoles joueront, ainsi, un double rôle: En effet, étant moins vulnérables au changement climatique, ils permettent d’une part l’amélioration des revenus des agriculteurs, et visent à protéger les espaces agricoles des différents risques de dégradation des sols (notamment l’érosion hydrique) ainsi que des risques d’émissions de gaz à effet de serre.
La gestion intégrée des cultures et la mise en place des bonnes pratiques agricoles permettant une meilleure adaptation au changement climatique
Cette gestion passe d’une part obligatoirement par le ciblage de la vocation des terres, et l’optimisation et l’intensification des activités agricoles comme l’introduction de nouvelles variétés résistantes, le décalage de la date de semis, l’adoption des techniques de semis direct mais aussi par la mise en place de mesures de prévention telles que les banquettes et les cuvettes contribuant à la collecte des eaux pluviales et à la protection contre l’érosion. Sans oublier les différentes opérations d’entretien (irrigation d’appoint, taille, fertilisation,…) qui permettent de faire face à la fluctuation du climat notamment la sécheresse, cependant, l’ordre de priorité des technologies à mettre en place peut changer selon la situation, la filière et la région.
Réutilisation des eaux à travers notamment le dessalement de l’eau de mer
Comme la mise en place des barrages devient une technique coûteuse au Maroc, à cause de la rareté des sites convenables pour leur construction, le pays a opté, pour la technique du dessalement de l’eau de mer comme solution alternative visant à diminuer les effets négatifs du stress hydrique et notamment de la diminution de la pluviométrie.
Finalement, la mise en place des programmes stratégiques et la valorisation des acquis de recherches (fiches techniques, manuels de bonne pratique environnementale, etc.) ainsi que le transfert du progrès technique auprès des différents acteurs de la production agricole représente un outil adéquat pour faire face au manque d’organisation dans le secteur agricole, et par conséquent le développement de leur capacité d’adaptation au changement climatique.