Réchauffement climatique : la tomate, clé d’une révolution agricole en France ?
La tomate, ce fruit incontournable de nos étés, pourrait bien devenir un enjeu stratégique majeur pour l’agriculture mondiale dans les années à venir. Face aux sécheresses répétées et aux vagues de chaleur qui affectent les principaux producteurs européens – l’Espagne, l’Italie, et même le Maroc – la France pourrait devenir le nouveau terrain fertile pour cette culture selon futura-sciences. Alors que la consommation mondiale de tomates ne cesse d’augmenter, les conditions climatiques plus clémentes des régions comme la Bretagne, la Normandie, ou les côtes de la Manche offrent un potentiel encore inexploité.
Bien que la tomate soit omniprésente dans les assiettes des consommateurs européens et français, que ce soit en salade, en sauce ou sous forme de ketchup, la France s’inquiète de demeurer seulement un petit producteur. En effet, seulement 0,4 % de la production mondiale provient de l’Hexagone, très loin derrière les géants du secteur. Pourtant, la demande ne faiblit pas. Chaque Français consomme en moyenne 22 kilos de tomates par an. Cependant, la grande majorité des tomates consommées en France sont importées, notamment d’Espagne et du Maroc, pays historiquement forts sur ce marché. Mais la situation pourrait changer rapidement.
Le réchauffement climatique met à mal les pays méditerranéens, traditionnellement producteurs de tomates. Les sécheresses, la hausse des températures au-delà de 32°C et la disparition progressive des pollinisateurs rendent la culture de la tomate de plus en plus difficile. En Espagne et au Maroc, les effets de la désertification se font déjà sentir. Si rien n’est fait, la production dans ces régions pourrait selon les experts, chuter drastiquement dans les années à venir.
Un potentiel inexploité en France et des opportunités à saisir.
Face à cette situation, la France pourrait tirer son épingle du jeu. Si la production nationale de tomates a peu évolué ces dernières décennies, elle pourrait connaître un renouveau dans les régions du nord du pays. Une étude récente de l’agro climatologue Serge Zaka indique que les conditions deviennent de plus en plus favorables à la culture de la tomate dans ces territoires. De Brest à Dunkerque, en passant par la vallée du Rhône, les températures plus modérées et les ressources en eau encore disponibles constituent des atouts de taille.
Les conditions deviennent de plus en plus favorables à la culture de la tomate dans ces territoires
Des serres photovoltaïques, équipées de panneaux solaires rotatifs pour réguler la chaleur, pourraient permettre de maintenir des rendements élevés tout en produisant de l’énergie. Ces infrastructures seraient un atout face à l’augmentation des prix de l’énergie, notamment pour chauffer les serres en hiver. Certaines initiatives comme le projet « TOMMATES », qui combine production agricole et méthanisation, montrent déjà la voie d’une agriculture durable et innovante dans la vallée du Rhône.
Si la France souhaite profiter de cette opportunité, des investissements massifs devront être réalisés. Les producteurs français ont encore l’avantage de ne pas être confrontés aux mêmes pénuries d’eau que leurs voisins méditerranéens, mais cette situation pourrait changer à l’avenir. Le réchauffement climatique redistribue les cartes, et la France pourrait bien devenir une des nouvelles terres de production de la tomate en Europe.
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Toutefois, la concurrence ne viendra pas uniquement d’Espagne ou d’Italie. Les Pays-Bas, la Belgique, et même le Danemark pourraient eux aussi s’imposer sur ce marché, en développant des serres ultra-modernes adaptées aux nouvelles conditions climatiques. Pour les producteurs franco marocains c’est aussi l’opportunité future de diversifier les productions pour répondre à ces nouveaux enjeux climatiques remplis d’incertitude.
La tomate symbolise peut-être le début d’une révolution agricole en France. Face aux défis posés par le changement climatique, la France pourrait devenir un acteur clé de la production de tomates en Europe. Mais cette transformation ne pourra se faire sans une adaptation des pratiques agricoles et des investissements importants dans les infrastructures et les technologies durables.