La fraise marocaine s’est affirmée sur la scène internationale par sa qualité et connait un succès commercial important.
Cette réussite est le fruit d’une combinaison judicieuse de qualité, d’innovation et de gestion efficiente. Cet article se penche sur les raisons de ce succès, les perspectives prometteuses pour l’avenir de cette filière, ainsi que les défis majeurs qu’elle doit affronter. Alors que la filière de la fraise au Maroc continue d’évoluer, elle devra habilement naviguer entre ces défis tout en capitalisant sur ses forces pour maintenir et renforcer sa position sur les marchés mondiaux.
D’après un rapport du World Population Review, en cette année 2024, le Maroc s’inscrit parmi les 10 nations les plus prolifiques dans la culture de fraises à l’échelle mondiale avec une production de 557 514 tonnes. Tandis que la demande internationale pour ce fruit rouge délicat poursuit une ascension vertigineuse, les nations dominantes telles que la Chine, les États-Unis et l’Égypte s’affirment en tant que leaders incontestés de cette filière. Il convient de souligner qu’en 2023, la Chine a atteint des sommets inégalés avec une production faramineuse de 3 336 690 tonnes, consolidant ainsi sa position hégémonique depuis 1994, d’après les statistiques rigoureuses de la FAO.
La spécificité marocaine ne se résume pas à ses volumes de production. En effet, le Royaume se distingue par son rôle stratégique sur la scène européenne. Aujourd’hui, la France, l’Espagne, l’Allemagne et les Pays-Bas se tournent vers les terres du Maroc, qui, grâce à sa maîtrise de l’exportation, assure une fourniture continue en fraises. Le Maroc a enregistré cette année une contraction de seulement 1 % dans ses exportations de fraises fraîches par rapport à l’année précédente, en dépit d’une réduction de 1 000 hectares de la superficie dédiée à cette culture.
Les fraises marocaines surgelées cartonnent au Japon
Les volumes des fraises surgelées exportées vers le Japon connaissent une croissance notable, témoignant de l’excellence indiscutable de la production marocaine, qui a su s’imposer par sa qualité irréprochable et son respect rigoureux des normes internationales. Contrairement à des concurrents tels que la Chine ou l’Égypte, confrontés à des défaillances en matière de qualité et de conformité aux standards sanitaires, le produit marocain se distingue par une traçabilité exemplaire et un respect scrupuleux des exigences du marché.
En 2023, le Maroc a exporté 4 400 tonnes de fraises, tandis que l’Égypte en a expédié 5 400 tonnes, faisant ainsi des deux nations les protagonistes de 35 % des importations japonaises de fraises, juste après la Chine, qui s’est imposée avec 10 700 tonnes de fraises surgelées.
Lors du premier semestre 2024, le Maroc et l’Égypte ont solidifié leur emprise sur le marché nippon, atteignant ensemble 44 % des importations de fraises surgelées. Toutefois, cet équilibre pourrait être amené à évoluer, la Chine atteignant traditionnellement son pic d’exportations au second semestre, alors que l’approvisionnement égyptien et marocain reste concentré entre janvier et juin.
Fraises marocaines : la situation actuelle !
Actuellement, le secteur de la fraise traverse une période qui ne peut être qualifiée de facile, avec une production en déclin. Les superficies cultivées, qui s’élevaient à environ 3 500 hectares il y a 4 ou 5 ans, ont diminué de manière significative, passant à environ 2 500 hectares l’année dernière selon différentes sources. Bien que le secteur agricole dans son ensemble connaisse une croissance, la production de fraises décline en raison de la rentabilité inférieure de cette culture comparée à celle des autres fruits rouges. Les difficultés rencontrées incluent des problèmes de main-d’œuvre, avec des travailleurs réticents à s’engager dans cette culture spécifique.
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De plus, le Maroc fait face à une concurrence acharnée de l’Égypte dans le segment des fraises surgelées. Alors que nous pouvons rivaliser en termes de qualité, nous ne pouvons pas concurrencer les prix pratiqués par l’Égypte, qui cultive plus de 20 000 hectares de fraises. Les grandes entreprises acheteuses, qui se concentrent sur des volumes importants, trouvent difficile de justifier le coût plus élevé des produits marocains par rapport à ceux d’origine égyptienne.
En ce qui concerne les fraises surgelées, la concurrence est d’une ampleur mondiale. Les principaux producteurs mondiaux sont la Chine, la Turquie et l’Égypte. Ces pays bénéficient d’un coût de main-d’œuvre relativement bas, d’une énergie peu coûteuse et d’une disponibilité abondante en eau, ce qui leur confère un avantage considérable par rapport au Maroc. Les produits surgelés, étant non périssables et aptes à un transport global, intensifient cette compétition internationale.
Les défis de la fraise au Maroc
La production de fraises au Maroc, bien que prometteuse et en expansion, fait face à plusieurs défis majeurs. D’un côté, le changement climatique constitue un obstacle majeur pour cette plante de la famille des rosacées, qui requiert des températures froides pour la formation de ses bourgeons floraux. Il y a cinq ou six ans, nous importions 90 % de nos plants de fraises d’Espagne. À cette époque, au début du mois de septembre, des températures nocturnes tournaient autour de 2 à 3 degrés Celsius, permettant à la fraise de cumuler le froid nécessaire à son développement. Cependant, la situation a considérablement changé : actuellement, les températures nocturnes dans cette même région oscillent autour de 10 degrés Celsius, tandis que les températures diurnes atteignent 30 degrés Celsius. Par conséquent, les plants n’accumulent plus le nombre d’heures de froid requis pour une croissance optimale.
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Par ailleurs, la question de la gestion des ressources en eau représente également un enjeu crucial. Jusqu’à présent, ce problème a eu un impact limité sur notre secteur, étant donné que 90 % des 3 000 hectares de fraisiers, soit environ 2 500 hectares, sont situés dans le nord du pays, entre Kénitra et Larache, une région où l’eau est en abondance. Toutefois, il convient de noter que nous manquons de visibilité sur l’évolution de cette situation et que la qualité de l’eau disponible a subi des détériorations significatives.
Enfin, la main-d’œuvre rencontre également des difficultés notables. La culture de la fraise, étant une plante de sol, requiert une récolte qui impose aux ouvrières de se pencher constamment, ce qui s’avère particulièrement ardu et fatigant. Souvent lorsque les travailleurs se voient offrir la possibilité de choisir entre la récolte des fraises et celle de fruits rouges moins exigeants, tels que les framboises, la décision tend à se faire rapidement en faveur des alternatives moins pénibles. En conséquence, les producteurs de fraises éprouvent des difficultés considérables à maintenir la stabilité de leurs équipes de travail.
Sources :
https://www.agriculture.gov.ma/fr/actualites/fausses-informations-concernant-la-securite-sanitaire-des-fraises-marocaines
Fraises : Le Maroc se classe dans le Top 10 des pays producteurs en 2024 !
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https://worldpopulationreview.com/country-rankings/strawberry-production-by-country
https://fr.le360.ma/economie/le-succes-des-fraises-marocaines-au-japon_N3CY73C5E5C4FLH2OTY5EWUSRY/
https://fr.hespress.com/376073-la-fraise-marocaine-etoile-montante-de-lagriculture-mondiale.html