L’aviculture au Maroc, un secteur qui a tout pour réussir.
Avec 456 000 t de poulet de chair et 78 000 t de viande de dinde produits en 2014, le secteur avicole couvre 100% des besoins de la consommation marocaine. L’aviculture assure 120 000 emplois directs et l’investissement cumulé est de 10,4 MMDH. Dans cette interview, Youssef Alaoui, Président de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole au Maroc (FISA) met la lumière sur la stratégie de la Fédération et fait le bilan en chiffres des réalisations dans le cadre du Contrat-programme de la filière, pour AgriMaroc.ma.
L’aviculture marocaine bénéficie d’investissements cumulés
de 10,4 MMDH, permettant ainsi la création de 120 000 emplois directs
AgriMaroc.ma: Pouvez-vous nous présenter le secteur avicole en chiffres ?
Youssef Alaoui: Le secteur avicole revêt une grande importance socio-économique au Maroc. Il permet de couvrir 100 % des besoins en viandes de volailles, représentant plus de 50 % de la consommation totale toutes viandes confondues, 100 % des besoins en œufs de consommation et 38 % des apports en protéines d’origine animale.
En 2014, 456 000 tonnes de viandes de poulet de chair, 78 000 t de viandes de dinde et 5 MM d’œufs de consommation ont été produits au Maroc, assurant ainsi une consommation moyenne de 16,9 kg de viandes de volailles par habitant et par an et 168 œufs par habitant et par an.
Il faut souligner par ailleurs, que le Maroc, en plus de son autosuffisance, est arrivé à exporter un volume de 13,2 millions d’œufs à couver, 2,4 millions de poussins de type chair et 8 900 tonnes d’aliments composés.
Enfin, le chiffre d’affaires du secteur avicole est de 28 MMDH. L’aviculture marocaine bénéficie d’investissements cumulés de 10,4 MMDH, permettant ainsi la création de quelques 120 000 emplois directs dans les unités de production et 280 000 emplois indirects à travers les circuits de commercialisation et de distribution.
Le secteur avicole est la première activité professionnelle
qui s’est organisée en interprofession au Maroc.
AgriMaroc.ma : Avant d’aborder le Contrat-programme avicole dans ses détails, pouvez-vous nous rappeler la mission de la FISA ?
Youssef Alaoui: Créée en 1995, la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole au Maroc (FISA) regroupe 5 associations. L’Association des fabricants d’aliments composés (AFAC), l’Association nationale des accouveurs marocains (ANAM), l’Association nationale des producteurs des viandes de volailles (APV), l’Association nationale des producteurs d’œufs de consommation (ANPO) et l’Association nationale des abattoirs industriels avicoles (ANAVI). Le secteur avicole est la première activité professionnelle qui s’est organisée en interprofession au Maroc.
Depuis sa création, la FISA vise à développer la capacité du secteur avicole à produire et à commercialiser des produits de qualité, à des prix compétitifs et accessibles aux consommateurs. La FISA avait aussi comme principale mission d’améliorer l’environnement technique et économique de la production et de la commercialisation des produits avicoles, mais aussi informer, sensibiliser et encadrer les opérateurs du secteur avicole, promouvoir la qualité et la consommation des produits avicoles et asseoir des ponts de communication avec les instances administratives pour un développement durable du secteur avicole. L’objectif final étant de rehausser le niveau technique des opérateurs du secteur, d’améliorer la productivité et l’efficacité des unités de production et la compétitivité du secteur au niveau national et international.
Soucieuse de l’état sanitaire des volailles, la FISA mène des campagnes de sensibilisation auprès des éleveurs avicoles quant à l’importance de l’hygiène et des barrières sanitaires dans la protection des élevages contre les maladies aviaires et veille avec l’ONSSA à la stricte application de la loi 49-99 et ses textes d’application qui exigent, entre autres, l’obligation de l’éleveur de disposer d’un contrat d’encadrement sanitaire avec un vétérinaire privé mandaté.
Enfin, la FISA participe aux réunions et aux comités de suivi de l’évolution de la grippe aviaire dans les différents pays et applique les décisions de l’ONSSA en matière d’interdiction d’importation des poussins à partir des pays infectés par la grippe aviaire.
Les objectifs assignés à ce contrat ont été réalisés en 2010, avant la fin de la période. C’est ainsi qu’un deuxième Contrat-programme a été signé pour la période 2011-2020
AgriMaroc.ma : La filière avicole a bénéficié d’un Contrat-programme, à l’instar des autres filières agricoles, dans le cadre du Plan Maroc vert. Quel en est le bilan actuel ?
Youssef Alaoui: D’abord je tiens à souligner que la FISA est la première fédération agricole a avoir signé un Contrat-programme avec le Gouvernement, et ce, pour la période 2008-2013. Dans ce contexte la priorité était une mise à niveau technique et sanitaire des unités avicoles, dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de la loi 49-99 et ses textes d’application régissant l’ensemble des maillons du secteur avicole. En effet, depuis l’entrée en vigueur de cette loi en avril 2007, seules les fermes d’élevages répondant aux normes et dispositions réglementaires sont autorisées à exercer l’activité d’élevage avicole. Actuellement, plus de 80 00 fermes d’élevage sont autorisées par les services de l’Office national de la sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA).
Par rapport aux objectifs, ils ont été atteints dès 2010, en avance par rapport à notre feuille de route. Ce qui n’était pas gagné d’avance. C’est pourquoi, un deuxième Contrat-programme a été signé pour la période 2011-2020. Dans le détail, les objectifs quantitatifs du Contrat-programme 2009-2013 ont été atteints et même dépassés dès 2010 pour la filière viande de volaille, nous étions également très avancés pour la filière œufs de consommation.
Année
2006 |
Objectifs
2013 |
Réalisation
2010 |
% réalisation
2010/2013 |
|
Production :
– Viandes de volailles (tonnes) – Œufs de consommation (109 unités) |
320 2,5 |
450 4,2 |
510 3,7 |
113 % 88 % |
Consommation :
– Viandes de volailles (Kg/Hab./an) – Œufs (unités/Hab./an) |
12,1 107 |
14,7 147 |
17,2 138 |
117 % 94% |
Investissements cumulés (MM DH) | 7 | 11,5 | 9,4 | 82 % |
Chiffre d’affaires (MM DH) | 13,7 | 16,8 | 23,2 | 138 % |
Emplois | 258 000 | 354 000 | 360 000 | 102 |
Le deuxième Contrat-programme vient définir de nouveaux objectifs socio-économiques et recadrer le secteur avec les objectifs du Plan Maroc Vert en orientant les investissements vers la modernisation des unités d’élevages, l’installation de structures de valorisation des produits avicoles (abattoirs avicoles et centres de conditionnement d’œufs de consommation), le développement des modèles d’agrégation autour des abattoirs avicoles et des centres de conditionnement d’œufs de consommation, le développement de l’élevage alternatif et la promotion de l’exportation des produits avicoles.
Indicateurs | Situation 2010 | Objectifs 2020 | Accroissement |
Production viandes de volailles (t) | 510 000 | 900 000 | 390 000 |
Œufs de consommation (MM unités) | 3,7 | 7,2 | 3,5 |
Consommation de viandes (kg/hab./an) | 17,2 | 25 | 7,8 |
Consommation œufs/hab./an | 138 | 200 | 62 |
Investissements (MMDH) | 9,4 | 13,8 | 4,4 |
Chiffre d’affaires (MMDH) | 23,2 | 38,0 | 14,8 |
Création d’emplois | 360 000 | 500 000 | 140 000 |
Exportation de poussins, d’œufs à couver et de consommation (t) | 400 | 4 400 | 4 000 |
un appel d’offre à été lancé récemment par la FISA et l’Etablissement Autonome de Contrôle et de Coordination des Exportations (EACCE) pour la réalisation d’une étude opérationnelle pour le développement des exportations des produits avicoles sur le marché africain
AgriMaroc.ma : Quelles sont les grandes lignes du deuxième Contrat-programme ?
Youssef Alaoui: Ce deuxième contrat programme dont la mise en œuvre est en bonne voie est marqué en particulier par la poursuite de la mise à niveau des unités avicoles à travers la mise en œuvre de la loi 49-99.
D’abord par un centre technique de formation, qui a été inauguré par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le 18 mai 2015. La gestion de ce centre technique de formation pour le développement des productions animales a été confiée à une association regroupant les 3 fédérations : la FISA de l’aviculture, la FIVIAR des viandes rouges et la FIMALAIT de la filière laitière. Par ailleurs, la promotion de l’exportation des produits avicoles, en particulier en direction des pays africains, a conduit à un appel d’offre lancé récemment par la FISA et l’Etablissement Autonome de Contrôle et de Coordination des Exportations (EACCE) pour la réalisation d’une étude opérationnelle pour le développement des exportations des produits avicoles sur le marché africain (Bénin, Burkina Faso, Mali et Togo).
Des campagnes médiatiques pour la promotion de la consommation des produits avicoles ont été également lancées ainsi que des moyens de renforcement des activités de la FISA en matière d’information et d’encadrement des opérateurs du secteur à travers l’organisation du Salon « Dawajine » et de réunions régionales de sensibilisation et d’information, la diffusion d’une lettre mensuelle de conjoncture « Dawajine conjoncture », l’édition d’un magazine trimestriel d’informations « Dawajine Infos » et la diffusion quotidienne du prix du poulet de chair et de l’œuf de consommation par SMS aux éleveurs.
malgré les investissements importants réalisés au niveau des abattoirs industriels avicoles, ces derniers continus de souffrir de la concurrence déloyale livrée par les tueries artisanales
Il y a tellement de choses à dire sur nos réalisation, mais pour finir, nous pensons que les deux contrat-programmes successifs ont insufflé une véritable dynamique pour la mise à niveau de l’amont du secteur. Cependant force est de constater que cette dynamique n’a pas été poursuivie au niveau de l’aval du secteur en ce qui concerne la commercialisation, l’abattage et la distribution des produits avicoles. En effet, malgré les investissements importants réalisés au niveau des abattoirs industriels avicoles, ces derniers continuent de souffrir de la concurrence déloyale livrée par les tueries artisanales.
Pouvez-vous nous faire un point sur le salon Dawajine 2015 ?
Youssef Alaoui: La 18ème édition du Salon Avicole de Casablanca «Dawajine 2015», coïncidant avec le 20ème anniversaire de la FISA, a été organisée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, du 24 au 26 novembre 2015 à Casablanca, dans une ambiance positive marquée par des échanges de grande qualité entre les exposants et les visiteurs.
L’inauguration du salon «Dawajine 2015» a été présidée par Monsieur Aziz Akhannouch, Ministre de l’Agriculture et de la Pêche Maritime, accompagné d’une importante délégation ministérielle.
Le salon « Dawajine » se veut un lieu d’échange, de savoir faire et de mise en avant des nouvelles technologies. C’est aussi l’occasion de rencontres privilégiées entre opérateurs avicoles. L’édition 2015 a constitué encore une fois une réelle plateforme de dialogue et de concertation entre les professionnels et les différents intervenants dans le secteur quant à l’avenir de l’aviculture marocaine.
Vu la demande croissante des exposants, cette édition a connu l’augmentation de la superficie du salon, en passant de 6 500m² à 9 000m² couvert aménagés en 180 stands d’expositions. En chiffres « Dawajine » 2015 a connu la participation de 380 exposants et les visites de plus de 10 000 visiteurs marocains et étrangers venant de plusieurs pays d’Afrique et d’ailleurs.
Je tiens à mettre en avant également, quatre importantes délégations qui sont venues du Mali, d’Algérie, de Tunisie et de Tanzanie. Elles ont témoigné leur grande satisfaction à l’issue de leur visite et ont déclaré que « Dawajine » leur a permis de nouer des relations et des contacts intéressants avec des professionnels marocains et étrangers.
En outre la FISA et l’APV ont mis à la disposition des éleveurs des régions lointaines, pas moins de 16 autocars pour leur permettre de visiter le salon.
Youssef ALAOUI félicite la participation marocaine à la Semaine verte internationale, tenue à Berlin du 15 au 24 janvier « Le fait que le Maroc soit pays à l’honneur (une première pour un pays extra européen) a donné une visibilité incroyable à nos produits. L’intervention du Ministre allemand de l’agriculture lors de la soirée du Maroc, présidée par SAR La Princesse Lalla Meryem, et où il invitait les opérateurs allemands à se rendre au Maroc, a suscité un grand intérêt de la part des participants. Je pense que le Maroc a tout à gagner à participer à ce type de manifestation, de manière significative, comme cela a été le cas. Nous appelons notre Ministère de l’Agriculture à renouveler ce type d’action et nous tenons vraiment à le féliciter pour l’organisation parfaite de la participation marocaine au salon de Berlin. ». |
Merci à Monsieur Youssef Alaoui.
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