Après le climat, l’ONU vise à protéger l’environnement en haute mer.
L’ONU compte entreprendre lundi à New York, un accord sur la protection de la biodiversité en haute mer, dans des zones situées au-delà des juridictions nationales.
Le futur accord vise à instaurer une gouvernance de la haute mer pour protéger sa diversité biologique, menacée par la pollution, la pêche, le réchauffement climatique, l’exploration de ressources de plus en plus convoitées… L’enjeu est de taille.
La haute mer (à partir de 200 milles nautiques des côtes) représente la moitié de la surface de la planète. Elle abrite une biodiversité exceptionnelle, avec de nombreuses espèces de poissons mais aussi des écosystèmes fournissant des ressources génétiques pour la production de médicaments et de cosmétiques. Elle recèle aussi d’importantes ressources minérales (nodules polymétalliques, agrégats cobaltifères…), un patrimoine commun de l’humanité susceptible d’être prochainement exploité.
Malgré ses 320 articles, 9 annexes et 2 accords d’application, la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, qui date de 1982, ne présente pas un mécanisme suffisant pour assurer une gestion coordonnée de la haute mer, d’où l’idée de ce nouvel accord, sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine en haute mer, négocié dans le cadre de la Convention sur le droit de la mer. A partir de lundi et jusqu’au 8 avril, des négociateurs de l’ONU vont tenter d’en jeter les bases.
Parmi les questions les plus délicates figure l’exploitation des ressources génétiques marines. Trois Etats (Etats-Unis, Allemagne, Japon) détiennent 70 % des brevets déposés sur des organismes marins.
Les négociateurs vont aussi discuter de l’instauration de zones marines protégées, l’un des meilleurs outils de protection, selon le biologiste marin Callum Roberts, de l’Université d’York (Royaume-Uni). Moins de 1 % de la haute mer fait l’objet d’une aire marine protégée, selon l’Alliance pour la haute mer.
Au nom de l’équité, les pays en développement insistent sur la nécessité de transferts de technologies des pays du Nord vers ceux du Sud, pour l’exploitation des ressources et le partage des bénéfices. Une meilleure régulation est d’autant plus urgente qu’une menace pourrait se concrétiser bientôt : l’exploitation minière.
Les négociateurs, qui se réuniront à plusieurs reprises, devraient avoir rédigé un projet d’accord d’ici à fin 2017. Au vu de ce texte, l’assemblée générale des Nations unies décidera en 2018 de convoquer ou non une conférence intergouvernementale pour négocier un accord universel. A la conférence de Paris sur le climat, en décembre, « nous sommes parvenus à agir pour protéger le système climatique mondial. Désormais nous devons faire preuve de la même énergie pour protéger l’océan mondial », souligne Jessica Battle, du WWF International.
Avec AFP